Chapitre 31

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Mon réveil sonne. Il est temps de se lever. Il faut se préparer pour la visite du commissaire. Je pars me laver et m'habiller. Je vais devant le lit de chacun de mes enfants. Seul Néo n'est pas dans son lit. Mais j'ai vu le mot d'Adrien alors je n'ai pas à m'inquiéter. Alex a les yeux ouverts alors je le prends avec moi. Je ne veux pas qu'il réveille ses frères.

Je me dirige vers la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. En premier, je vais mettre Alex dans son transat. Jenna me rejoint 10 minutes plus tard, suivie de près par Carl.

- Est-ce que vous pouvez aller voir Adrien ? Il y a Néo avec lui.

- Oui bien sûr !

Jenna monte aussi vite que possible. Je pars réveiller le commissaire et sa femme. Le petit-déjeuner est prêt. Je mange rapidement et pars préparer chacun de mes fils, les uns après les autres. Une fois que les cinq sont prêts, j'attrape un chiffon et fais les vitres. Je m'occupe ensuite des poussières.

Entre-temps, Jenna est venue me voir. Elle m'a montré la photo de Néo qui dort sur Adrien. La photo est magnifique. Je demande à Jenna de me l'envoyer. Sur la photo, on voit Adrien allongé sur le dos. La tête un peu courbée à cause de l'oreiller trop relevé. Néo est allongé sur le ventre. Les jambes en position de grenouille. La tête sur l'épaule d'Adrien. Une de ses mains est sur la bouche d'Adrien. Un seul doigt est levé. Il fait chut avec la bouche d'Adrien. Adrien lui a un bras derrière les fesses de son neveu et une sur ses épaules pour l'empêcher de bouger et donc d'éviter un accident. Il ferait un excellent père.

Jenna s'occupe du balai et de la toile. Quand j'ai terminé, je vais chercher mon ordinateur. Je le pose sur la table basse. Sarah joue avec mes fils. Je la rejoins. Adrien s'occupe de lui et de Néo.

Une fois, tout le monde est prêt. On s'assit tous dans le salon en attendant l'arrivée du commissaire. Les garçons jouent dans leur parc ou sur les genoux de quelqu'un. On discute tous ensemble. On attend impatiemment l'arrivée du commissaire. Plus vite, ce sera réglé, mieux ce sera.

On sonne à la porte. C'est Adrien qui va ouvrir. Il revient avec le commissaire parisien. Tout le monde se lève. Je suis sur le canapé. J'attends qu'il vienne. Je lui serre la main. Il est accompagné d'un greffier pour qu'il vérifie que tout est bien en ordre. Ce dernier vient me serrer la main. Une policière les accompagne également. Elle est chargée de retranscrire chacune de mes paroles. Elle me regarde de haut en bas. Elle est hautaine et je n'aime pas ça.

- Elle n'est pas handicapée. Elle a des jambes. Elle peut se lever pour venir nous saluer. C'est la moindre des choses. On appelle ça la politesse. Mais ça ne m'étonne pas que cette malpolie ne la connaisse pas. Elle a quand même essayé de tuer sa sœur.

Je fais signe à quelqu'un de m'apporter mon fauteuil. Les gars la regardent méchamment. Son visage me dit quelque chose, mais je n'arrive pas à me rappeler d'où je la connais. Je m'installe devant elle. Je lui tends la main. Elle ne veut pas me la serrer.

- Que voulez-vous de plus ? Je suis là, devant vous, je viens de tendre la main pour vous saluer et vous ne voulez pas. Après, on dit que c'est moi la malpolie. Excusez-moi ! Mais entre vous et moi la plus malpolie ce n'est pas moi, mais c'est vous.

- J'attends que tu te lèves. Tu veux jouer avec ton fauteuil, tu veux juste attirer la pitié et que l'on arrête de te soupçonner. Mais ton petit jeu ne marche pas avec moi. Je sais qui tu es et de quoi tu es capable.

- Je vous demande pardon. Vous voulez que je me lève. Vous qui semblez avoir si bien étudié mon dossier, vous devriez savoir qu'il y a quelques mois, j'ai été renversé par une voiture et que suite à cela, je suis devenu paraplégique. Donc, je ne joue pas à un jeu comme vous savez si bien le dire. Si je pouvais choisir entre me tenir debout ou rester dans ce fauteuil, le choix serait vite fait. Si vous souhaitez le vérifier, vous pouvez regarder mon dossier médical. Je ne cherche pas à ce que les autres aient de la pitié pour moi. Je n'ai pas besoin des autres pour vivre. Depuis que je suis petite, je sais me débrouiller seule pour avoir mon argent. Je me suis toujours gérée toute seule. Je n'ai besoin de personne pour le faire. Je me suis toujours battu pour avoir ce que je voulais. Je suis capable d'élever mes fils seule. Il ne manque rien. Vous êtes ici pour retranscrire ce que je dirais avec le commissaire, vous n'avez pas à vous attaquer à moi. De la même manière, je me connais, heureusement, je sais ce que je vaux. Je n'ai pas besoin de vous pour me dire ce que j'ai fait ou non. Donc, merci de me respecter et de me vouvoyer. Je ne vous ai jamais permis de me tutoyer. C'est une marque de respect que vous semblez avoir oublié. Et puis rester à votre place ! Personne ne vous a sonné.

- Moi, Félicie Joumb, je ne te permets pas de me parler comme ça. Tu viens chercher les problèmes. Mais tu vas voir, je vais te pourrir la vie, sale petite merde. Je...

- Ah ! C'est pour ça que ta tête me dit quelque chose. Ah ! Ah ! Ah ! Tu crois que tu me fais peur. Après, tu leur diras comment tu faisais pour payer ta came. Ils vont bien rigoler. D'ailleurs, tu continues toujours ?

- Au moins, mes clients étaient toujours contents.

- C'est sûr, il n'avait rien à perdre. Sauf peut-être une femme sérieuse. Oui ! Que je vous raconte. Quand j'habitais sur Paris. Félicie était très connue, peut-être même que vous avez entendu parler d'elle. Félicie est une dealeuse qui se fait payer par des parties de cartes très chaudes. Si vous voyez ce que je veux dire. Ces clients ne pouvaient être que contents.

On rigole tous. Le commissaire lui passe des menottes. Carl la met dans la cave, là où était Adrien. On allume la télé pour la surveiller. Je leur explique tout ce que je sais sur elle.

Nous rigolons des anecdotes que je connais. Il faut dire que Félicie est la plus mauvaise des chefs de gang, mais aussi le pire coup du siècle. Quand j'habitais encore à la cité, j'entendais des gars parler de Félicie, ça m'a toujours beaucoup fait rire. Je m'arrêtai pour les écouter et j'ai bien rigolé aussi. Je n'ai jamais pu l'apprécier. Elle est la meilleure amie de ma bourrique de sœur. À chaque fois qu'elle venait à la maison, elle faisait la petite princesse. Bien sûr, je jouais toujours la petite servante, au grand bonheur de ma sœur et de mes parents. À force de se moquer de Mademoiselle parfaite, nous avons tissé des liens très forts avec les gars. Mais comme avec mon oncle, ils m'ont trahi. Ils ont dit à mon ex-mari et à sa mère que j'avais tourné dans plusieurs caves et que tout le monde m'avait eu plusieurs fois dans ce quartier. Je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça, mais je sens qu'il y a anguille sous roche.

Je propose des rafraîchissements avant que les choses sérieuses commencent.

De la cave à l'îleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant