Chapitre 11 : Dispute

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25 décembre 1977

Hermione était installée dans la Grande Salle pour le petit-déjeuner, tournant sa cuillère dans son chocolat d'une main, tenant son livre dans l'autre. La jeune femme ressentait encore plus aujourd'hui que les autres jours le manque de ses amis et de sa famille. D'habitude, elle aurait passé Noël avec ses parents, voire avec ses amis. Cette année, par exemple, cela aurait été avec ses amis, en pleine recherche d'Horcruxes. James arriva en courant avec les Maraudeurs, et Lily.

— Hermione ! s'exclamèrent-ils tous en chœur.

La jeune femme leva la tête vers eux, une lueur triste brillant encore dans ses yeux, vite remplacée par une lueur amusée devant tout ce beau monde.

— Joyeux Noël ! dit-elle avec un petit sourire.

Ils s'assirent tous à côté d'elle.

— Merci pour tes cadeaux, commença James en souriant à son tour.

— J'en ai été profondément touchée, dit Lily avec un grand sourire.

— Moi de même, s'exclama Remus.

Tous acquiescèrent. Hermione, un peu gênée, dit :

— Eh bien... C'était avec plaisir.

Ils se mirent à parler de leurs cadeaux respectifs. Après que Peter se soit plaint car son repas n'était pas à son goût, il dit :

— Eh, mais la boule l'avait dit !

Il sortit la boule mystère de sa poche. Hermione lâcha :

— La boule ne ment pas, elle lit dans vos pensées pour dire la vérité, ou alors la chose qui a le plus de chance d'arriver. Elle est magique.

Les Maraudeurs se tournèrent tous vers Sirius. Celui-ci croisa les bras et poussa un soupir. James lui fit un magnifique sourire accompagné d'un clin d'œil, auquel il répondit par un autre soupir. Hermione et Lily s'échangèrent un regard perdu.

— Hermione ? Je peux te parler ? lança une voix derrière eux.

La jeune femme se retourna et vit que Severus jetait un regard noir à James, qui lui rendait bien.

— Oui, bien sûr, répondit-elle, pressée, par crainte d'une dispute entre Lions et Serpents.

Hermione se leva et ils partirent tous deux devant la Grande Salle. Severus lui demanda :

— Tu as trouvé l'ingrédient pour la potion de force ?

— Je cherche encore. J'essaie de m'inspirer de la solution de force, mais malheureusement pour doubler les effets je n'ai pas encore trouvé.

— Très bien, tu sais où me trouver si besoin.

Severus s'éloigna. Hermione s'exclama :

— Joyeux Noël, Severus !

— A toi-aussi, Hermione.

Hermione lui sourit, puis retourna s'asseoir à côté de James.

— Alors, s'exclama Lily, que te voulait Severus ?

— Rien d'important, il avait besoin d'un conseil pour une potion.

Remus fronça les sourcils, perplexe. Mais si Hermione avait fait cette potion, pour lui, il n'y avait plus de raison qu'ils parlent potions... Enfin, peut-être qu'ils s'étaient trouvé une passion commune. Notant mentalement de ne pas en parler à Sirius, il continua de manger. La suite du repas se fit plutôt dans la bonne humeur. Hermione soupirait de concert en voyant Peter engloutir plat sur plat.

— Vous croyez qu'il explosera, à la fin ? demanda-t-elle en lui jetant un regard dégoûté.

Sirius pouffa, alors que James répondait :

— Mais il n'en est qu'à la moitié du repas, là !

Hermione leva les yeux au ciel, tout en songeant que même Ron n'aurait pas mangé autant. Elle tourna la tête vers Sirius et vit qu'il détournait immédiatement le regard. Elle sourit, amusée, puis se mit à discuter avec Lily.

Après, ils se dirigèrent tous vers la salle commune. Hermione se retrouva comme par hasard à côté de Sirius. Merci Lily !

— Merci encore pour le cadeau, dit-il. Tu n'aurais pas dû, ça a dû te coûter une fortune.

— Ne t'en fais pas pour ça, j'ai eu une bourse du Ministère.

Hermione lui sourit, puis murmura :

— Ce soir, quand vous irez avec Lunard là où vous devrez aller, il devra prendre la potion. Il faudra qu'il la boive en intégralité, sinon les effets ne seront pas optimaux. Ensuite, il restera sûrement sagement assis, bien que la transformation lui fasse toujours aussi mal qu'avant, il ne blessera personne. J'en profite pour te le dire maintenant, je ne sais pas si j'arriverais à parler à un d'entre vous à l'écart avant ce soir.

Sirius acquiesça. Voyant qu'il ne rajoutait rien, elle continua :

— Vous avez eu des idées pour vos fameuses farces ?

— Quelques unes. Au bout de sept ans, nous commençons quand même à sécher niveau idées. D'ailleurs, n'hésite pas si tu en as, nous les accepterons avec plaisir.

— Et dire que j'étais préfète de Gryffondor...  lâcha-t-elle avec un sourire amusé. Je vais me retrouver embarquée dans vos histoires trop vite pour me rendre compte de quoi que ce soit.

Sirius sourit, mais sembla partir dans ses pensées. D'un air inquiet, il regardait Hermione en coin sans s'en rendre compte. Ce ne fut pas le cas de la jeune femme. Elle soupira, et sans même le regarder, dit :

— Tu devrais arrêter de te prendre la tête. Tu es vraiment étrange, en ce moment, je ne t'avais jamais vu comme ça.

— Je ne me prends pas la tête ! répliqua-t-il, visiblement outré.

Hermione lui jeta un regard amusé. Elle lança :

— C'est ça, et moi je ne m'appelle pas Hermione Gran...

Elle s'arrêta en se mordillant la lèvre.

— Hermione Gran ? C'est ton vrai nom de famille ?

— Bien sûr que non. Cela m'a juste échappé. Oublie ça, d'accord ? Sinon, dit-elle rapidement, tu devrais y réfléchir. Juste... Arrêter de te prendre la tête. Je suis d'accord que ce qu'il s'est passé le soir du bal était... plutôt étrange. J'ai l'impression que tu es différent depuis, à moins que j'ai rêvé ou que quelque chose d'autre se soit passé.

Sirius baissa la tête. Hermione secoua la sienne et déclara :

— Enfin, voilà. Je ne vois pas trop ce que je pourrais te dire d'autre... Mais tu fais peur quand tu es silencieux plus de cinq minutes.

Le jeune homme pouffa. Le soir, Hermione était installée dans la salle commune quand elle vit les garçons partir sous la cape d'invisibilité. Elle s'exclama :

— Si vous êtes aussi discrets que ça devant Rusard, vous allez vous faire prendre vite.

Elle put les voir sursauter. Ils enlevèrent la cape, et James demanda :

— Tu nous as vu ? Mince, nous sommes trop grands pour tous rentrer maintenant.

— Queudver n'a qu'à se transformer dès maintenant. Un rat à Poudlard, c'est rare, mais ça pourrait arriver. Normalement, si vous vous penchez légèrement, elle sera assez grande pour vous trois.

Ils acquiescèrent. James déclara :

— Tu as l'air de bien connaître la cape.

— Je l'ai utilisé, moi-aussi. Allez, dépêchez-vous, Remus ne va pas se transformer au milieu de la salle commune.

Ils partirent donc. Quand ils revinrent, à l'aube, Hermione n'avait pas bougé. Sirius demanda :

— Tu as dormi ?

— Bien sûr. Mais j'ai fait un cauchemar. Du coup, je suis revenue dans la salle commune. Tout s'est bien passé ?

— Hermione, ta potion était géniale, s'exclama James, alors que Remus partait dans son dortoir pour s'effondrer dans son lit. Lunard est resté sagement assis, puis s'est transformé à nouveau.

— Parfait, je ne me suis pas trompée... murmura-t-elle.

Sirius et James s'échangèrent un regard alarmé, alors que Peter partait lui-aussi se coucher.

— Attends, tu avais un doute ?

— J'ai toujours des doutes sur les potions que je mets au point. Je pense que ma potion n'est pas exactement la même que celle créée par d'autres. Il aurait été possible que Remus perde l'esprit quelques secondes, voire quelques minutes. Je suis heureuse que tout se soit bien passé...

Hermione semblait réfléchir. Les deux lui souhaitèrent bonne nuit puis partirent se coucher à leur tour, épuisés. Le lendemain, Remus dormit toute la journée, tout comme les garçons. Ils se réveillèrent vers quinze heures environ. James, premier debout, était parti dans la salle commune où il était resté avec Lily. Hermione était à nouveau introuvable. Les Maraudeurs descendaient dans le parc, courant l'un après l'autre sous le regard amusé de Lily, tels les enfants qu'ils étaient. Le soleil brillait dans le ciel, mais pourtant il faisait très froid. James passait un bras autour des épaules de Lily, alors que Sirius et Peter couraient devant. Soudain, Sirius se prit les pieds dans un bloc de neige et chuta. Remus vint aider son meilleur ami en riant. Lorsque Sirius releva la tête, il fit un coup de coude à Lunard et lui montra de la tête deux personnes. Une d'elle semblait allongée, alors que l'autre était assise à côté.

— C'est Hermione, non ?

— Avec Rogue, marmonna Sirius en se retournant.

Il souffla, se rappelant de ce que lui avait dit Hermione : il devait arrêter de s'en faire. Mais en même temps, elle était en train de parler avec Rogue. Alors qu'elle pourrait être avec lui, à courir dans la neige. Pardon, avec les Maraudeurs. C'est ça qu'il voulait dire, évidemment. Remus, remarquant son trouble, lui jeta de la neige. Les rires de Lily semblèrent attirer l'attention de Hermione et Severus. Le Serpentard se leva avec précipitation, et partit en grandes enjambées vers le château. Hermione se leva à son tour. Les Maraudeurs purent l'entendre crier :

— Severus, s'il te plaît ! Attends !

Pourtant, il partait. Hermione courut à sa suite, mais la neige l'empêchait de courir bien vite.

— Severus, ne fais pas ça !

Elle resta immobile, sachant pertinemment qu'elle n'arriverait pas à le rattraper. Elle essuya une larme qui coulait sur sa joue, prit une grande inspiration, puis partit plus lentement vers le château, prudente à cause du verglas. Les Maraudeurs s'échangèrent des regards perdus.

— Elle s'est disputée avec Rogue ? demanda Sirius, ne pouvant pas cacher sa joie grandissante.

— Visiblement, répondit James en souriant à son tour.

— Arrêtez, Hermione va être triste ! s'exclama Lily en levant les yeux au ciel.

Ils baissèrent tous la tête, alors que la jeune femme disparaissait. Ils passèrent le reste de l'après-midi à jouer dans le parc. Quand la nuit tomba, ils rentrèrent dîner. Ils mangèrent dans la joie et la bonne humeur, puis retournèrent dans la salle commune. Ils virent Hermione, installée dans un coin de la salle. Quand la porte s'ouvrit, elle releva vivement la tête, et s'exclama :

— Si vous êtes là, Severus est peut-être dans le parc. Je dois aller voir !

Hermione se leva, jeta son livre sur le siège et se dirigea vers la sortie. Sirius l'attrapa par le bras.

— Eh, il s'est passé quoi avec Rogue ?

— Rien d'important pour vous. Je dois y aller, navrée !

Elle partit presque en courant sous le regard étonné des Maraudeurs. Ils jouèrent à un jeu, jusqu'à en pleurer de rire. Au bout d'une heure et demi, Peter était habillé d'une robe écossaise ressemblant étrangement à celle de McGonagall, Remus avait fait une déclaration d'amour à un elfe de maison, James avait dû écrire une lettre pour souhaiter un joyeux Noël à un Serpentard, Sirius avait dû faire des figures gymnastiques et Lily dû dire tout ce qu'elle ressentait à James. Hermione rentra dans la salle, et fonça dans son dortoir sans un regard pour les Maraudeurs. Lily lâcha :

— Ah, elle a dû parler à Severus.

— Elle a dû se rendre compte que c'était un idiot, dit Sirius sans pouvoir s'empêcher d'avoir une lueur satisfaite dans le regard.

Tous acquiescèrent. Ils se remirent à jouer, puis partirent se coucher. Seul Sirius resta, un verre de whisky pur feu à la main, réfléchissant à plein de choses. Vingt minutes après que tout le monde soit parti, Sirius entendit une porte s'ouvrir, puis se fermer délicatement. Ensuite, il y eut des bruits de pas dans les escaliers. Le jeune homme tourna la tête vers la porte, et croisa le regard d'Hermione. On aurait dit qu'elle avait pleuré. Hermione prit une grande inspiration et s'apprêta à quitter la salle commune. Elle sembla hésiter, puis fit demi-tour.

— Un problème, Hermione ? demanda Sirius en faisant légèrement tourner son verre d'un air nonchalant.

Hermione secoua la tête et murmura :

— Non, tout va bien.

— Alors tu as pleuré sans raison ?

Hermione soupira. Elle dit :

— Je ne peux pas en parler. Tu détestes Severus.

— Mais ça ne te ferais pas du bien d'en parler ?

La jeune femme se jeta sur le fauteuil pas loin du canapé où Sirius était. Après l'avoir fixé quelques secondes, hésitante, elle murmura :

— Severus a eu des problèmes familiaux. Il... Il a fait une erreur, et je sais qu'il le regrettera. Mais en même temps, il doit le faire, il le faisait déjà à mon époque, enfin... C'était un espion. C'est une longue histoire, en tout cas il ne veut plus me parler. Il... Il a été plutôt dur avec moi.

— Comment ?

— Il m'a peut-être insulté.

— Quoi ?

Sirius semblait commencer à s'énerver.

— Attends, déjà qu'il tente de nous coincer lorsque nous faisons nos blagues, qu'il est exécrable avec tout le monde, alors il ne va pas commencer à insulter des Gryffondor !

— Sirius, s'il te plaît...

— De quoi t'a t-il insulté ? marmonna Sirius en jetant un regard furieux dans le vide, juste avant de boire encore une gorgée de son verre.

— Il m'a dit que j'étais idiote de vous parler, idiote d'essayer de faire quelque chose contre Voldemort, il... Il a dit que si un jour j'usais mon intelligence pour faire autre chose que des plans qui ratent à chaque fois, je devrais le prévenir. Il...

Les larmes montèrent aux yeux d'Hermione.

— Je lui avais dit que j'avais dû laisser mes amis tomber pour venir à Poudlard, et que ça m'attristais énormément. Il a dit que mes amis avaient dû être heureux de me voir partir.

Hermione tentait de retenir ses larmes, qui dévalaient sur ses joues. Sirius sembla hésiter, puis il dit :

— Hermione, ce garçon est un idiot. Je suis certain que tu manques énormément à tes amis. Tu n'es pas idiote, loin de là, tu es la fille la plus intelligente que j'ai jamais rencontré. Tes plans, ils doivent être super. Cet idiot de Serpentard n'a juste pas su s'en rendre compte.

Hermione lui sourit un peu tristement, puis dit :

— J'ai été idiote. Je... Je connaissais Severus, je savais qu'il pouvait être... méchant. En plus, il savait que la chose qui me fait le plus mal c'est l'absence de mes amis.

Voyant qu'elle pleurait à nouveau, Sirius marmonna :

— Viens.

Hermione lui jeta un regard perdu.

— Quoi ?

Elle vit qu'il lui montrait la place à côté de lui. Elle s'installa donc à ses côtés, et il la prit dans ses bras. Hermione attrapa sa chemise et déversa sa tristesse dans ses bras. Sirius posa son menton sur le haut de sa tête, tout en caressant lentement ses cheveux.

— Ne t'en fais pas avec lui. Il ne te mérite pas, murmura-t-il.

Peu à peu, Hermione se calma. Pourtant, elle ne s'éloigna pas pour autant.

— Merci, chuchota la jeune femme.

Sirius ne répondit rien, mais baissa lentement la tête alors qu'elle levait la sienne. Leurs fronts furent l'un contre l'autre. Sirius murmura :

— J'ai l'impression d'être fou... Rien ne me dit que tu n'es pas une Mangemort.

— Je t'ai juré que je n'en étais pas une. Et oui, tu es fou.

Hermione déposa ses lèvres sur les siennes. Ils eurent l'impression que leurs cœurs allaient exploser. Après quelques minutes, ils reposèrent leurs fronts l'un contre l'autre.

— Il n'y a rien eu, avec Rogue ? demanda Sirius.

— Bien sûr que non. Comment voudrais-tu qu'il y ait eu quelque chose ?

Ils restèrent silencieux dans les bras l'un de l'autre pendant quelques minutes, chacun profitant de la présence de l'autre. Il dit enfin :

— Comment réagiras-tu, demain ?

— Comme toi tu réagiras.

Sirius sourit.

— Et comment veux-tu que je réagisses ?

— Je n'en ai aucune idée.

— Je ne veux plus qu'un autre idiot comme Severus te fasse les yeux doux.

— Il ne me faisait pas les yeux doux.

— Oui oui, marmonna-t-il, peu convaincu.

Il resta silencieux quelques secondes, cherchant sans doutes ses mots, puis demanda :

— Cela te dirait d'être officiellement ma petite-amie ?

Elle releva la tête en lui jetant un regard étonné. Il rajouta :

— Enfin, c'est comme tu veux. Si tu veux juste... En rester là...

Hermione sourit, et se blottit encore plus dans ses bras.

— Non, j'aimerais vraiment l'être.

Sirius sourit à son tour, en se disant qu'il avait bien fait de rester plus longtemps dans la salle commune, ce soir-là.

Tout part d'une erreur [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant