Prisoner

1.2K 40 6
                                    

« Dans le Banquet de Platon, écrit aux environs de 380 avant J-C., Aristophane raconte qu'aux débuts de l'humanité, l'être humain était très différent de celui que l'on connaît aujourd'hui. L'homme possédait quatre bras, quatre jambes, deux sexes et un tête à deux visages. Or, Zeus le dieu suprême, craignant les pouvoirs de ces êtres, décide de les couper en deux pour les affaiblir et mieux les asservir. Voilà donc nos pauvres êtres, désormais incomplets, condamnés à rechercher éperdument leur partie manquante. C'est l'éternelle quête de l'autre qui viendrait nous compléter à la perfection. »



Trois jours...Ou peut être quatre. Trois jours que je suis enfermé dans cette chambre. Trois jours sont passés depuis que j'ai vu ma soeur littéralement s'évaporer, à moitié morte, dans mes bras, me laissant avec une douleur étouffante, un vide immense et une terreur absolue.

J'ai l'impression que c'était hier et pourtant il me semble également que ça fait une éternité que je suis coincé ici. Une éternité que mon monde s'est écroulé...Mais le monde n'a t-il jamais cessé de s'écrouler autour de nous, autour de moi? Cessera-t-il un jour? Tout se répète éternellement, tout tourne en rond, dépourvu de sens.

Trois jours, mais je ne suis sur de rien, je n'ai aucun moyen de me situer, de savoir si il fait jour ou nuit dehors. La lumière s'éteint parfois, peut-être pendant la nuit. C'est surement un jeu pour eux, une distraction pour leur esprit tordus. Peut-être que ça ne fait qu'une seule journée en fait que je suis bloqué ici, ici et nul part à la fois. Ou bien, cela fait bien plus de temps. Le temps est une notion bien abstraite lorsque nous n'avons plus rien. Qui sait ce qui est arrivé depuis? Combien de jours j'ai perdus ou gagnés ? Mais, au final, qu'est-ce que ça peut faire ? J'ai l'impression de perdre l'esprit. Un jour de plus ou un jour de moins... Ce ne sont que des mots, sans aucun sens réel. Ici, je ne sais où, je sais juste que suis là, dans cette pièce blanche  et vide de toute humanité. Un jour est un jour. L'heure c'est maintenant. Il n'y a pas à chercher plus loin. 

A mon réveil, j'ai vraiment cru que cette fois ci j'étais passé de l'autre côté, que la fameuse grande faucheuse était venu me chercher pour m'arracher à ce monde de peine et de cruauté. Tout ce que je voyais devant moi, à perte de vue, c'était une lumière blanche, très crue, le tunnel de la mort dans toute sa splendeur. Bientôt, et tandis que le temps a finalement perdu sa réalité, une horrible vérité se dévoile. Il ne s'agit plus d'essayer de sortir, c'est manifestement impossible ... J'espère juste obtenir une réponse à la seule question qui vaille : Pourquoi ?

Je suis perdu, épuisé, errant dans un néant sans fin. Je reste assis, allongé, je n'ai même plus conscience de mon propre corps, comme paralysé, sans savoir que faire. Je me souviens juste avoir été trainé dans tous les sens par une force invisible. Oui, je sais que ça n'a aucun sens. J'ai perdu connaissance au milieu de tout ce chaos. Je n'ai rien vu. Je ne sais pas si je suis encore sur Sanctum, si je suis dans l'espace ou peut-être même dans l'anomalie, ou en enfer ce qui serait également fort probable... Je ne sais pas où ils m'ont emmené. Je ne vois personne, je n'entends personne. De temps en temps, le peu de fois où j'arrive à m'assoupir, un repas arrive comme par enchantement. Ce n'est jamais la même chose, j'en déduis qu'ils ont accès à de la nourriture et que je ne suis donc pas en enfer. Peu importe, j'y touche à peine. Je n'ai pas faim. Manger ne sert à rien. Peut-être même que vivre ne sert plus à rien non plus. Vivre, c'est peut-être àa mon enfer personnel.

Eux...Je ne sais pas qui ils sont ni même si ils sont réellement plusieurs. Mon esprit divague après avoir passé ce qui me semble des jours et nuits sans dormir à essayer de comprendre ce qui est arrivé à Octavia, à m'imaginer le pire...Je sais qu'ils pourraient me tuer. En fait, je pense que c'est sans doute ce qu'ils vont finir par faire. J'en suis parfaitement conscient. Mais jusque là, ils ne peuvent pas tuer mes pensées. J'aimerai qu'ils puissent, ou qu'ils en finissent enfin. 

When the heart speaks ...VFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant