3 months

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Tu ne revins pas, je t'attendais, je ne pouvais faire que ça, je n'aurais jamais dû te laisser partir... Les jours se transformèrent en semaines et les semaines en mois... 3 mois... 3 mois sans nouvelles de toi. Je ne voulais pas croire que tu étais morte. Je ne voulais pas abandonner. Ta mère non plus. Je pense que ta mère m'en a voulu au début, de ne pas t'avoir retenue. Mais elle ne m'en a certainement pas voulu autant que moi. J'ai rejoué la scène 100 fois dans ma tête, trouvant à chaque fois une phrase, un geste, qui te ferait changer d'avis. Ma mémoire me torturait et mon esprit ne me laissait aucune trêve.

Au début ce fut très dur... Je suis resté plusieurs jours enfermé dans ma chambre, je ne voulais voir personne, j'attendais ton retour. Je faisais des cauchemars chaque nuit où je revoyais tous ces corps gisants sur le sol du mont Weather, je voyais ce petit garçon qui était venu me parler...hurler de douleur avant de mourir irradié... je ne doutais pas que tu faisais les mêmes cauchemars. Nous aurions pu les surmonter ensemble. Ça nous aurait surement aidés. Puis, les cauchemars se mirent de plus en plus à être à ton sujet, je t'ai vu mourir de mille et une façons dans ces cauchemars..Et c'était eux les pires...Je t'aimais tellement que ça me tuait de l'intérieur.

J'avais le sentiment d'être perdu, sans repère ni boussole. Comment peut-on rester identique quand quelqu'un qu'on aime nous abandonne. J'étais devenu fou. Jamais encore je ne m'étais senti perdu à ce point, et encore moins depuis notre rencontre, c'était toi qui m'indiquais le nord. Je retrouvais toujours mon chemin car tu étais mon chemin. Je ne serai plus jamais le même. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, mais mes efforts et mes sourires sonnaient creux.

Octavia vint me secouer pour sortir, essayant de justifier mes actes, et expliquant l'affaire de Ton DC, m'expliquant combien ce que tu avais fait étais mal et qu'elle était heureuse de ne plus te voir dans les parages... Elle ne le pensait pas vraiment, je crois, mais elle savait que mon mal-être n'était pas seulement dû à ma culpabilité, aussi et surtout à ton départ. Nous n'en n'avons jamais ouvertement parlé mais je ne doute pas qu'elle savait... Ma petite soeur était devenue une vraie guerrière, bien plus forte que moi.

Et puis, il y avait ces phrases toutes faites qu'on m'a ressorti un milliard de fois. Des phrases toutes faites comme « La vie continue » et je m'entendais répondre « Oui, je sais » mais je pensais au fond de moi « Non, la vie ne continue pas. »

Puis vint la période où ma peine s'est transformée en colère, contre toi, contre moi même pour t'avoir laissé partir... Je voulais t'oublier. Je buvais autant que je pouvais...trainant souvent avec Jasper même si ma présence le répugnait. Il ne comprenait pas pourquoi j'allai aussi mal que lui alors que c'était lui qui avait perdu la fille qu'il aimait. Je finissais chaque soir dans un lit différent, passant de bras en bas pour essayer de t'oublier. Bien évidemment ça ne fonctionnait pas, c'était même pire. Pardonnes-moi la colère que m'a causé ton départ. Mais c'est comme ça que j'ai rencontré Gina. Elle n'était pas comme les autres. Elle me tenait tête, essayait de me comprendre, elle était plus mature que les autres... plus comme toi d'une certaine façon.

Je l'ai apprécié, je crois, ou peut-être j'essayais de me raccrocher à elle et de me convaincre que je commençais à developper. C'était quelqu'un de bien. Sans elle je n'aurai pas tenu... Mais elle n'était pas toi.

Les gardes ont commencé à faire des rondes pour repérer les alentours, définir des périmètres, repérer nos environs. Kane me proposa rapidement de faire partie de la garde. J'avais fait mes preuves apparemment. Il semblait me faire confiance et j'aimais ma relation avec lui. En y réfléchissant maintenant, Kane représentait pour moi le père que je n'avais jamais eu. C'était un excellent modèle.

Quand je repense à cette période, j'ai l'impression de l'avoir vécue en automate. Je souriais, je mangeais, je travaillais... et à la fin de la journée, je me rendais compte que je n'avais vécu aucun de mes gestes. J'étais quelque part, perdu entre mes pensées et la douleur. 

Je m'entrainais chaque jour avec Lincoln, qui était devenu mon ami. Il était bon pour ma soeur, elle l'aimait. J'étais heureux pour elle. Pourtant, dès que je les voyais ensemble je ne pouvais m'empêcher de penser à toi. Tout comme à chaque fois que j'enlaçais Gina. Je crois qu'elle le savait au fond d'elle, c'était une femme intelligente, elle devait savoir que mon esprit, mon coeur était ailleurs. Elle était trop bien pour moi, comme toi. Il ne s'est pas passé une seule journée sans que je ne pense à toi, tiraillé entre la colère, la peine et la peur. J'avais l'impression qu'il y avait un immense fossé entre moi et les autres, qui en serait plus jamais comblé si tu ne revenais pas.

Lincoln m'avait énormément aidé à améliorer mes techniques de combat au corps à corps. On essayait de transmettre ces techniques de défense aux autres jeunes. La paix avec les natifs était fragile. Nous le savions. Le conseil l'avait accepté comme l'un des nôtres. Lui proposant même un de nos uniformes, au grand désarroi de ma soeur, qui se sentait plus proche des natifs que de notre propre peuple.

Je pris vite part aux expéditions de reconnaissance. Je te cherchais, je guettais la moindre trace pouvant me donner l'espoir que tu étais proche, et en vie. Ta mère devait le savoir, car elle me demandait souvent des nouvelles. Elle ne semblait plus m'en vouloir de t'avoir laissé partir. Sans doute ma culpabilité était assez évidente pour qu'elle se rende compte que je regrettais amèrement cet instant.

J'allai mieux, aux yeux des autres. La vie avait repris son cours pour presque tout le monde, excepté Jasper, je ne pouvais pas le blâmer, je le comprenais. Mais je devais aller de l'avant. Tu ne me laissais pas le choix. Tu n'étais plus là. Mais tu existais toujours. Il y avait toujours de l'espoir. Je n'abandonnerai pas. Je devais te retrouver.

When the heart speaks ...VFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant