Don't be afraid

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J'avoue t'avoir sous-estimée lorsque tu t'occupais de soigner Jasper. Je pensais honnêtement qu'il était perdu et la plupart des jeunes ne cessaient de venir se plaindre. Quand je suis monté et que je l'ai vu dans son état déplorable, je pensais que tu n'avais tout simplement pas le cran de l'achever, que tu étais plus faible que tu ne voulais le faire paraitre. Je ne me doutais pas une seule seconde que tu avais vraiment les capacités de le sauver...Aujourd'hui, je mettrais ma vie entre tes mains sans hésiter. Je l'ai d'ailleurs fait plusieurs fois et je peux dire sans la moindre hésitation que tu es la femme la plus courageuse et la plus censée que je connaisse.Tu es bien plus forte que moi.

Mais revenons-en à ce moment où tu m'as une fois de plus tenu tête comme personne n'a jamais su le faire...Je ne voulais pas tuer Jasper, je ne pense pas que j'y serai arrivé de toute façon, au vu des événements qui ont rapidement suivi... J'étais même soulagé que tu te mettes comme à ton habitude en travers de mon chemin. Je cédai simplement à la demande générale, agissant encore une fois dans mon propre intérêt, celui d'être apprécié par la plupart des jeunes afin de conserver la place de leader que je m'étais forgée. Alors que toi, tu te fichais de ce qu'on pouvait bien penser de toi, tu te fichais complètement de l'opinion des autres. Tu faisais ce qui te semblait juste, tu agissais pour le bien des autres. Tu aurais tout fait pour sauver Jasper même si c'était surement peine perdue...

J'ai également aimé la manière dont tu as rassuré Octavia à ce moment-là. Ma soeur te faisait de plus en plus confiance, peut-être même qu'elle t'admirait, alors qu'elle s'éloignait de moi. Bien sûr, c'était entièrement de ma faute, mais à ce temps-là j'étais trop têtu pour m'en rendre compte. Je préférai tenter de te décrédibiliser plutôt que d'admettre que j'avais tort. Mon comportement n'a fait que me mettre encore plus O à dos, et toi aussi surement... J'étais vraiment un emmerdeur, je ne savais faire que ça ici!  Ce personnage que je cherchai à me créer ne me ressemblait pas et pourtant je me bornais à me l'imposer. Autant devancer ce chagrin potentiel et fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve. J'avais toujours vécu ma cadette pour qui je réservais toute ma gentillesse et ma tendresse. Elle seule m'avait toujours importé. Je n'avais jamais pris le temps de vivre pour moi et de me demander qui j'étais. Mais une chose est sure, je n'avais rien à voir avec celui que je me forçais à devenir. 

Le souvenir qui suit n'est pas le plus réjouissant, mais c'est le moment où j'ai pris conscience que tu étais vraiment spéciale, celui qui a confirmé que tu méritais toute mon admiration et que tu n'avais rien d'une riche princesse surprotégée . Ce moment où j'ai décidé d'arrêter de te contredire pour pouvoir enfin te faire vraiment confiance. Et je ne le savais pas encore à l'époque, mais je pense que c'est à cet instant où mes sentiments pour toi sont réellement apparus. C'est là que j'ai commencé à livrer une sordide bataille avec mon esprit, ou plutôt mon coeur. Comment peut-on reconnaitre l'amour quand on ne l'a jamais ressenti auparavant? Comment l'accueillir, ne pas le repousser, sans être terrorisé par le flot de sensations qu'il procure, les changements qu'ils éveillent sans prévenir en nous ? ...Comment ne pas totalement perdre pied, être dérouté, et essayer coûte que coûte de revenir dans le droit chemin en nous raisonnant?

J'étais si terrorisé en voyant Atom par terre, dans cet état, après avoir été alerté par le hurlement de la petite Charlotte. Atom avait beau avoir été un peu trop loin avec Octavia, c'était la personne en qui j'avais le plus confiance depuis notre arrivé, de qui je me sentais le plus proche. Miller et lui étaient les deux seuls autres garçons que j'affectionnais réellement. C'est sans oute pour cela que j'étais si énervé en le voyant fricoté avec ma soeur. Murphy me suivait comme un toutou, mais je n'avais pas du tout confiance en lui. Atom semblait différent, plus sage, plus réfléchi.  Il n'avait rien à voir avec les autres criminels qui m'obéissait au doigt et à l'oeil, il avait réellement de bonnes intentions. J'ai tout de suite vu qu'il était mourant. A voir l'état de son corps putréfié, pas besoin d'être docteur pour remarquer qu'il était très mal en point et souffrait le martyre. Charlotte s'approcha et me tendit le couteau que je lui avais confié quelques heures plus tôt, pour chasser les démons de ses cauchemars... Elle avait l'air tellement moins fragile déjà, comme si mes paroles l'avait rendu plus forte. Mais là, c'était moi qui me sentais fragile, vulnérable. Qu'allais-je faire ? Cette gamine semblait accepter mieux que moi la seule solution envisageable.

When the heart speaks ...VFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant