27.

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Allongée sur le lit de Leon-Romeo, Monsieur m'a l'air contrarié aujourd'hui alors j'ai décidé de lui porter compagnie. Sauf que, depuis que je suis là, il ne m'a pas vraiment adressé la parole. Je pense qu'il n'est pas d'humeurs à parler alors je respecte son choix.

Il est assis sur sa chaise de bureau, devant son ordinateur à faire quelques arrangements sur la musique du groupe. Casques sur les oreilles, il m'a l'air d'être dans un autre monde. Un monde où moi-même n'y ai pas accès. Sa petite bulle, son petit cocon, sa liberté. Je le regarde, si concentré sur ce qu'il fait qu'on dirait à peine qu'il est triste. Parce que oui, je le sais, il l'est. Je le ressens ces choses.

Je me lève pour le rejoindre et une fois à sa hauteur, je pose ma main sur son dos, dénudé. Il ne sourcille même pas. Je retire lentement le casque sur ses oreilles et cette fois, j'ai une réaction, il me regarde. Parfait.

- Je peux savoir ce qui se passe, je demande en m'appuyant contre son bureau. On dirait un mort vivant devant moi.

- J'ai envie d'être seul là.

Il a envie d'être seul. Ça, je crois que je l'avais un peu compris puisque j'ai l'impression d'être invisible depuis mon arrivée mais je ne le conçois pas vraiment. Je suis sa meilleure amie, et j'estime qu'il peut tout faire et tout dire en ma présence. Enfin, je dis ça parce que j'aimerai l'aider uniquement. Je veux clairement l'aider. Rien que ça.

- Je te comprends pas, là Leon.

- Tu comprends pas quoi ?

Cette fois, je m'assieds au bord de son lit et l'oblige à se tourner vers moi. Il soupire, ouais il ose soupirer comme si j'avais fait quelque chose de mal. Je ne sais absolument pas ce que j'ai fait.

- Pourquoi t'es comme ça ? On a parlé hier non ? Pourquoi tu fais la tête ?

Il me regarde avec un sourcil haussé puis se lève avant de faire les cent pas dans sa chambre.

- Des fois, Amy, j'ai l'impression que tu ne me connais pas, il me dit. Des fois j'ai l'impression que tu ne connais rien de moi c'est fou.

- Okay, t'es contrarié ça je l'ai compris mais pourquoi ? Hier t'allais bien, on a discuté tu m'as dit que ça allait.

- Mais putain, tu le fais exprès ? Non, je vais pas bien, la seule raison pour laquelle j'ai dit ça c'est pour pas que tu t'inquiètes. Tu me connais non ?

- Okay, et bien qu'est-ce qui se passe ? Je peux pas lire dans tes pensées si tu ne me dis pas toi-même ce qui te tracasse. Je suis pas voyante, ni devin, faut que tu me dises les choses.

- Okay.

Okay? Okay. C'est tout ce qu'il trouve à me dire avant de se rasseoir sur sa chaise et recommencer dans ce qu'il faisait auparavant. Il se retourne puis me dit de venir près de lui, je le fais.

- Tu te souviens de la première chanson que tu as écrite ? Square ? Tu l'as abandonnée en disant qu'elle était nulle et qu'elle ne te correspondait pas. T'avais écrit les deux premières phrases et t'avais presque envie de te tuer de ne pas pouvoir trouver plus d'idées la concernant, tu t'en souviens, il me demande et je hoche la tête.

- Ouais, je rajoute. J'avais treize ans, et déjà très têtue. Elle était vraiment pourrie cette chanson.

- Depuis nos treize ans ça me hante cette histoire. Cette chanson, tes deux petites phrases qui pour toi étaient complètement pétées... je t'assure j'y repensais tous les jours.

- Je vois pas vraiment où tu veux en venir, Leon.

- Promis tu ne m'en voudras pas.

- De quoi tu parles, je lui dis en fronçant les sourcils.

SQUAREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant