• 08 : Gazebo •

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When you're sure you've had enough
Of this life
Well hang on
Don't let yourself go
'Cause everybody cries
And everybody hurts sometimes

-

Eddie aurait bien dormi plus longtemps si son réveil n'avait pas sonné et ne l'avait pas fait sursauter.
En se redressant, il remarqua Richie, toujours assoupi à côté de lui. Alors il secoua délicatement son épaule droite, par peur de le blesser ou de le réveiller trop brutalement. Le binoclard émergea difficilement de son sommeil, peinant à voir sans ses lunettes et à ouvrir les yeux à cause des coups qu'il avait reçu.

Il est dans un très mauvais état se disait Eddie en le regardant se réveiller. Alors un fois les yeux ouverts et les lunettes posées sur son nez écorché, Eddie lui sourit tendrement. Le bouclé voulait lui sourire en retour mais sa mâchoire lui faisait trop mal.

Richie était gêné. Il n'avait jamais été aussi vulnérable devant quelqu'un, pleuré dans les bras de cette même personne et laissé apparaître ses émotions. Il détestait devoir montrer ses sentiments, admettre que certaines choses peuvent le toucher. Il préférait garder ses émotions au plus profond de lui même, les enfouir le plus possible jusqu'au moment où il pourrait les oublier et les remplacer par d'autres bien moins nocives.

"- Richie ? Richie est demandé sur Terre, je répète Richie est demandé sur la planète Terre." La voix d'Eddie l'avait coupé dans ses pensées.

"- Oui, euh tu disais ?

- Il va falloir que tu te caches avant que ma mère entre dans ma chambre.

- Oh oui c'est vrai. Sinon l'affreuse sorcière va me jeter dehors et t'enfermer à tout jamais dans ta royale suite personnelle et je n'aurai plus jamais l'opportunité de venir te courtiser. Ainsi je finirai ma vie, privé de mon grand et unique amour, et je mourrai de solitude en pensant au doux visage du charmant Eddie Kapsbrak que je n'aurai jamais eu le temps d'inviter au deuxième lieu de notre projet commun." Dit-il en prenant une voix grave et dramatique.

"- Contente toi de te cacher dans mon armoire." Rétorque Eddie en roulant les yeux et en essayant de cacher son sourire.

"- Tu me mets au placard avant même que je te fasse mon coming out.

- Attends tu... Tu es-

- Je plaisante Eds." Le coupa Richie en riant. Eddie rougit, gêné et embêté de ne pas avoir réussi à comprendre correctement la blague du binoclard.

Le bouclé était enfermé dans l'armoire de l'asthmatique, installé entre les jeans et les pulls du petit brun. Mais soudain, alors que la génitrice d'Eddie lui demandait s'il avait bien dormi, un souvenir désagréable fit surface. Et rapidement il se sentait suffoquer, il devait sortir de là, échapper au noir du placard et aux souvenirs qui le hantaient. Il était en train de revivre le 9 juillet 2018, le jour où il a affronté son père pour la première fois, le jour où il a été enfermé dans ce tout petit espace, dans ce minuscule placard ou l'air ne passait pas, où l'humidité régnait et le noir l'étouffait pendant ces huit longues heures qui auraient pu se transformer en douze, ou en vingt-quatre si Maggie n'était pas rentré le jour indiqué sur son post-It de départ.

Il fallait qu'il sorte de là, qu'il quitte cet enfer. Il ne pouvait plus respirer, son corps tremblait et ses larmes coulaient encore et encore. Mais il devait attendre. S'il sortait maintenant, il mettrait Eddie dans une situation délicate. Alors il posa une main sur sa bouche pour rendre ses respirations moins bruyantes.
Il ressenti un puissant soulagement au moment où les portes du placard s'ouvraient sur la silhouette d'Eddie.

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