Chapitre 10 - Crise de panique

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J'ai même pas envie de commenter mon réveil... Je suis au fond ce matin. Épuisée. J'ai la tête qui tourne, pas de forces, même pas envie de parler. Je reste au lit, tant pis. Je n'arrive pas à repenser à la soirée, même ça, ça me fatigue. Et en plus je lui ai dit oui pour qu'il passe prendre une photo à la prochaine réunion, mais je suis complètement stupide ou quoi ? Va falloir que j'appelle la thérapeute mais j'ai pas envie de parler pour l'instant.

Non mais je suis vraiment folle sérieux. Pourquoi je lui en ai parlé ? Quand il va voir tout ça, il va partir en courant ! Bon, il ne va pas assister à la réunion, heureusement mais rien que de nous voir tous installés au début, tu comprends l'ambiance... Mais qu'est ce qu'il m'a prit de dire oui...

"Non, je ne pense pas que ce soit une bonne idée, je suis désolée."
"J'ai réagit comme vous au premier abord mais on ne verra pas les visages, on ne reconnaîtra personne sauf vous éventuellement si vous souhaitez en profiter pour faire un peu de publicité. Votre nom peut être cité dans l'article si vous voulez."
"Je vous remercie mais je pense surtout à toutes les personnes qui viennent à ces réunions avant de penser à ma publicité. Je vous propose une chose, vous pouvez en parler vous même aux participants, vous pourrez expliquer en détail de quoi il s'agit et vous les laisserez décider. Qu'en pensez vous ?"
"Oui ok, ça me paraît très juste. Merci."

Mais dans quoi je me suis embarquée...

--

Jour J. Je ne suis pas dedans, j'ai la migraine, je suis fatiguée et ça m'emmerde. Quand je suis comme ça, je perds le peu de charisme que je peux avoir et je galère à faire des phrases cohérentes et complètes. Ça promet... Va falloir que je prenne la parole devant le groupe pour leur demander un truc bizarre et qu'en plus ça ait l'air positif. Je me déteste d'avoir accepté et pourtant, dès que j'aperçois mon beau brun au loin, le nuage noir s'éloigne immédiatement. Je ne suis pas plus en forme pour autant mais je suis plus positive !

"Salut princesse. Comment ça va ce matin ?" 
"Stressée avec tes histories de photo ! Je vais devoir vendre le truc, tu te rappelles que ce n'est pas gagné hein ? Si tout le monde dit non, on ne fait rien."
"Je suis sûre que tu auras les bons mots. Et on ne peut rien te refuser à toi."

Quel charmeur. Et ça marche... 

"Bon, tu restes à l'entrée. J'attends que tout le monde soit installés et je te fais entrer pour leur expliquer. Mais si c'est non, tu repars et on insiste pas, OK ?" 
"100% OK sergent." 

Je rentre donc seule dans la salle de réunion. Je balaye les personnes déjà présentes du regard et manque de m'étouffer. Le cagoulé est déjà installé. A sa place habituelle. Sans cagoule... Mon cœur s'est arrêté de battre. On ne voit pas son visage pour autant, il a des lunettes de soleil et un foulard noir qui lui recouvre le nez, la bouche et une partie de la gorge. Mais je découvre la forme arrondie de son front, ses cheveux foncés, sa coupe de cheveux rasé sur les côtés et plus long et en bataille sur le dessus de son crâne. Il n'est pas ridé du tout, ça me confirme mon sentiment qu'il est plutôt jeune. Sa coupe de cheveux me dit la même chose. Je suis sans voix et reste plantée dans l'entrée à le regarder. La thérapeute m'interpelle :

"Mademoiselle, je crois que vous avez un projet à présenter au groupe aujourd'hui, n'est ce pas ?" 
"Heu... Oui... Bonjour..."

Je détaille rapidement le reste des participants du jour. Il y a le phobique des araignées, la phobique des métros, la personne qui a des tocs liés aux microbes et la porte ouverte au fond m'indique que notre phobique de la foule est aussi installée dans la pièce d'à côté. J'ai une bouffée de chaleur à l'idée de prendre la parole et mes jambes commencent à flageller. Je me racle la gorge avant de parler :

"Alors voilà, j'ai rencontré récemment une personne qui s'est intéressée au fonctionnement de ma maladie et qui me propose un projet qui permettrait de la faire connaître un peu plus. Je vais la faire entrer pour vous la présenter..."

Je m'approche de la porte pour que mon brun nous rejoigne. Il salue l'assemblée et nous avancons ensemble vers le centre de la pièce. Je continue :

"Donc il a pour projet de faire connaître un peu ce que je vis et je..." 
"POURQUOI IL A UN APPAREIL PHOTO ? C'EST QUOI CE DÉLIRE !"

Le cagoulé se lève d'un bond, envoyant sa chaise en arrière dans un grand fracas.

"POURQUOI IL A UN PUTAIN D'APPAREIL PHOTO ?"

Un cri strident s'ajoute à son hurlement.

"HAAAAAAAA"

Tout va trop vite. Mes yeux cherchent l'auteur du cri et je comprends qu'il vient de mon papi arachnophobe. En suivant son regard, je le vois fixer le sac à dos de mon brun et j'y découvre un porte clef représentant une migale. Merde ! Il hurle comme un fou et se réfugie dans la pièce d'à côté où se trouve la phobique de la foule qui se met à hurler elle aussi ! C'est n'importe quoi ! Le cagoulé envoie valser une seconde chaise avant de partir en toute hâte de la salle. Une panique totale se déroule devant mes yeux et je ne suis plus capable de bouger, de parler ni rien du tout. Tout se passe très vite, trop vite et la thérapeute reprend la main. 

"QUE TOUT LE MONDE SE CALME. TOUT VA BIEN. Monsieur, si vous voulez bien sortir, vous comprendrez que nous n'irons pas plus loin...." 

Je le regarde s'éloigner vers la sortie. Je me ressaisis enfin et le suit jusqu'à la porte.

"Je suis désolée, j'aurais jamais imaginé que ça se passe comme ça...." 
"C'est... Impressionnant." 
"Ouais... J'aurais aimé éviter que tu vois ça. La réunion dure 1 heure, tu pourrais m'attendre dans le coin qu'on en discute après ?" 
"Heu... Non, là je peux pas. On se rappelle."

Et il s'éloigne dans la foulée. 
Merde. Je suis vidée. Je me mets à pleurer et me retourne vers la salle sans dessus dessous en murmurant au milieu de mes larmes que je suis désolée... 

La thérapeute reprend la séance en main et parvient petit à petit à retrouver le calme. Le cagoulé n'est pas revenu... J'espère qu'il va bien. Je m'en veux tellement. Et que doit penser mon brun... Nous ne parlons plus pendant la séance et travaillons sur des respirations et des mouvements pour tous retrouver le calme. Je n'y arrive pas... 

Charme et Fêlures (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant