Une Dame de Coeur - Tempêtes et Passions

Chapitre 7

« Comme les Tuniques Rouges. »

Ces mots, posés par Lachlan, n'avaient de cesse de tarauder l'esprit de notre jolie intrigante. Lady Malise haïssait au plus haut point ces fichus anglais, et de savoir que sa sœur se comportait comme tel était pour elle la pire des trahisons. C'est à partir de là qu'elle décida de refonder entièrement l'éducation de Moira. Elle était jeune, fragile, et encore manipulable. De plus, avoir une âme pure dans ses rangs pourrait lui être d'une grande aide en cas de péripéties à venir.

« Lass... À quoi songez-vous ? » Avait faiblement demandé Lachlan, qui avait le déplaisir de contempler sa chère épouse bien trop silencieuse.
« J'étais en train de me questionner sur la manière de refonder l'éducation dans sa globalité de votre cadette. »
« Qu'avez-vous comme projets ? » demanda-t-il, réticent.
« Il y a tout un tas de livres dans la bibliothèque de Tor Castle sur la manière dont une châtelaine doit se comporter. Il faudra également qu'elle sache se servir de son sgian dubh, surtout par les temps qui courent. »
« Êtes-vous sérieuse en affirmant cela ? Comment pouvez-vous penser effacer la globalité de sa personnalité ! N'oubliez pas que ma chère sœur a grandi sans mère, n'allez pas entacher qui elle est vraiment ! Je ne le permettrais pas ! » S'écria vivement l'époux, sur la défensive.

Malise le croyait facilement manipulable et naïf, visiblement, elle aurait plus de travail pour le soumettre qu'elle ne l'aurait pensé.

« Ne vous fâchez pas ! Je n'ai aucunement le désir de lui accorder un professeur particulier ! Je veillerai moi-même à son éducation ! »
« Là est le vice ! »
« N'étais-ce pas vous qui êtes venu m'implorer de l'aider à améliorer ses manières de Tuniques Rouges ? » Cracha Lady Malise.

Lachlan poussa un sourd grognement et quitta la pièce en claquant fièrement la porte, comme un bon Highlander. L'intrigante se permit de lâcher un soupir désabusé. Peut-être qu'épouser cet homme qu'elle connaissait à peine ne fût pas une bonne idée. Elle aurait bien de la peine à le dompter, cela paraissait même impossible. Son regard de glace se perdit un instant au travers de la fenêtre. Le ciel semblait étrangement gris, et les arbres se pliaient face au vent violent. De la haute place qu'elle occupait, Malise avait une vue parfaite sur la cour de Tor Castle. C'est pourquoi elle vit l'étalon de son époux quitter le domaine à vive allure. Leur dispute avait-elle encouragé ce qui semblait être la fuite du nouveau châtelain des Cameron ? La Lady l'ignorait.

Ne se laissant pas abattre par cette triste mésaventure, et faisant fi de la neige environnante, elle sorti dans la cour afin de trouver Lady Moira. Toutes deux devaient avoir une discussion des plus sérieuse. Lorsque enfin, la jeune enfant entra dans le champ de vision de l'intrigante, elle lui fit un léger signe de la main avant de retourner sa tête, le menton fièrement dressé, vers sa lecture. Malise s'approcha d'elle d'un pas léger.

« Moira ! Ma chère sœur ! Ne craignez-vous donc pas le froid ? »
« Le froid n'est pas un problème. »
« De quelle nature est-il ? » Interrogea Lady Malise en prenant place à ses côtés.
« Lachlan a dû s'absenter pour une affaire urgente. Me voilà seule à présent. »
« Ma présence n'est-elle donc d'aucun soutien ? »
« Si, si bien évidement. Je suis ravie que vous ayez épousé mon frère. Voilà que je n'aurais pas à jouer l'entremetteuse. » Ajouta Moira en gratifiant Malise d'un sourire de circonstance.

La belle le lui rendit, pensive. Encore une chose que devra oublier Moira : « jouer l'entremetteuse » est d'un fort accent anglais. La brune posa doucement sa main sur celle de la jeune blonde et l'invita à l'accompagner à la bibliothèque du château, afin qu'ensemble, elles puissent étudier.

Ce soir-là, lorsque les douze coups de minuit sonnèrent, Malise sorti sans bruit aucun de sa chambre. Elle s'assura que les gardes à sa porte dormaient – grâce aux somnifères au préalable placé dans leur cidre – et descendit les marches aussi silencieusement qu'il lui était possible. Elle poussa un léger soupire une fois qu'elle était dehors et que personne n'était à sa suite. Une fumée blanche s'échappa de ses lèvres alors qu'elle posait sa main à l'endroit où était caché son sgian dubh, comme pour s'assurer qu'il était toujours là. Ses pas la menèrent vers ledit puits. Personne n'était là, pas même un nuage.

Feargus avait trouvé Tor Castle étrangement calme. C'est pourquoi il décida de s'aventurer dans l'obscurité hivernale. Lorsqu'il avait vu les gardes de Lady Malise complètement endormis, et après examen de leurs pupilles dilatées, il comprit que quelque chose se tramait. Le vieillard avait distingué deux silhouettes féminines depuis la fenêtre de la chambre vide de la châtelaine. Très vite, son ouïe fine entendit des bruits de pas, il sortit de la pièce et alla se cacher dans un recoin sombre du couloir. Il ne fût guère surpris de constater le retour en catimini de Lady Malise dans ses appartements.

La belle intrigante s'assit sur son lit un instant avant de se déchausser. Ses soupçons étaient confirmés : il s'agissait bel et bien d'Aileas. Toutefois, elles ne conclurent pas l'affaire prévue. Lady Malise lui avait donné le double de la somme demandée. La première moitié lui avait servi à acheter le silence de sa suivante. La seconde fût pour qu'elle quittât le château, et jura de ne jamais revenir sur les terres des Cameron.