Chapitre 4

179 21 4
                                    

Malise n'eut aucun retour de Lachlan plusieurs jours durant. Elle crut même qu'il avait déserté Tor Castle. Ce n'est qu'au petit matin de ce début de l'hiver qu'un garde lui apporta une missive, qui sentait la bruyère en la décachetant.

« Un repas vous attend dans la clairière, non loin des ruines. »

Rien d'autre n'y était écrit. Malise reconnut la douce écriture de son futur époux et se leva pour demander à ce qu'on attelle son étalon. Après tout, elle avait elle-même élaboré ce plan pour son clan, elle ne pouvait s'y déroger. Elle quitta précipitamment le bureau de son père en enfilant sa cape de laine et sortit de Tor Castle.

« Vous sortez Lady Malise ? » Fit une voix vieillarde, mais forte.
« Feargus ! Oui, je vais déjeuner dehors aujourd'hui. »
« Sans escorte ? »

Feargus était l'homme de main le plus fiable de son père, et ce, depuis que Malise était toute petite. Elle lui accordait donc une confiance sans pareil et le considérait comme un grand-père. Toutefois, Feargus ne connaissait rien des intrigues de la belle jeune femme, et cela valait mieux pour l'intégrité de ce dernier.

« Je ne suis plus une jeune enfant ! »
« Je n'aime pas vous savoir seule avec les Tuniques Rouges qui rôdent partout. Laissez-moi vous accompagner. »
« C'est inutile Feargus ! »
« Lady Malise... Les interrompit la voix du jeune lad. Votre étalon... »

Ni une ni deux, l'intrigante se hissa sur sa selle et sorti au galop de la cour du château. Elle ne voulait pas qu'on la suive. Personne ne devait savoir qu'elle rejoindrait Lachlan Gunn, cela lui apporterait bien des ennuis.

Quelques instants plus tard, les ruines enneigées d'un ancien château se dessinaient à ses yeux bleus de glace. Le paysage qui se dégradait à ses pupilles fit battre son cœur un instant. Malise se souvint qu'enfant, elle aimait venir ici car elle pensait que ce château été hanté par une petite fille qui désirait devenir son amie. Elle ne comprit que bien plus tard, que cette enfant ne fut autre que la part obscure d'elle-même.

Les vieilles légendes d'Écosse parlaient souvent de fantômes, et une chose était sûre : les Highlands étaient bien plus vivants la nuit qu'on ne le croyait !

« Lady Malise... » Résonna une voix rauque et grave dans son dos...

Aucun fantôme. Juste Lachlan. Le beau Lachlan dans sa splendeur de mâle alpha manipulable, les cheveux au vent, les muscles saillants et, un petit sourire en coin sur ses lèvres charnues.

Les épaules de notre belle semblaient se détendre lorsqu'elle entendit son nom ainsi appelé. Elle poussa un soupir d'aise à peine masqué avant de se retourner vers l'objet de ses convoitises.

« Bonjour. » Fit-elle doucement ne pouvant s'empêcher d'admirer la silhouette puissante de cet individu dans son kilt étrangement viril.

Il ne répondit rien, mais pointa une direction de la main. Plusieurs fourrures chaudes attendaient sur le sol que l'on se roule entre elles, un panier repas était disposé dans un coin, et un bouquet de fleurs d'hiver trônait au milieu, juste à côté d'un feu rassurant.

« Des fleurs sauvages ! S'écria Malise en les attrapant du bout de ses doigts glacés avant de les porter à ses narines. Elle huma leur douce odeur d'hiver en songeant qu'elle devait jouer le rôle de la femme qui saurait lui plaire. Mes préférées ! » Ajouta cette dernière avec un doux sourire calculé sur les lèvres.

***

Feargus attela lui-même sa monture, le vieillard avait vu tant de trahison lors de sa longue vie qu'il ne faisait confiance à rien ni personne. L'homme se jeta à toute allure hors de la demeure des Cameron. Il ne savait pas où elle était allée. Les arbres défilaient devant ses yeux comme un mirage qui vous court à votre perte. La brise froide martyrisait sa peau, et le soleil à peine visible à travers les branchages morts ne lui apportait pas même un confort suffisant. Il sentait son cœur palpiter en pensant à ce qu'il pourrait se passer. Sa chevelure grise fouettait l'air furieusement au rythme des effluves de folie de Lady Malise. Le choc des sabots de son cheval au galop contre le sol fit s'envoler les petits oiseaux apeurés par l'aura terrifiante qui émanait du vieux guerrier. Un rire rauque parvint alors à ses oreilles parfaitement entraînées à entendre le moindre petit chuchotis du vent. Il stoppa d'un coup vif son étalon qui se cabra dangereusement. Les voix venaient des ruines. Feargus descendit alors de sa monture pour faire le moins de bruit possible et posa sa main sur son sgian dubh. Le vieillard approcha à pas de loup des voix et se cacha dans un buisson afin d'observer la scène. Il s'agissait bel et bien de Malise Cameron, et elle semblait en forme. Ce qui l'inquiéta fut qu'elle soit dans les bras de Lachlan Gunn.

***

Malise sourit un instant à l'homme qui partagerait désormais sa couche. Il lui avait semblé que lors de ce repas Lachlan avait été plus loquace qu'à son habitude. Il avait même usé d'une astuce tout à fait étrange pour la séduire : l'honnêteté.

« Votre père, lui avait-il avoué, le Laird des Cameron m'a offert votre main. Et je suis tout disposé à l'accepter, puisque ce mariage symbolise l'ultime condition du service qu'il me doit. »

Ce fut tout. Rien de trop romantique pour ne pas rivaliser les Anglais, ni rien de trop présomptueux. Juste de la franchise. Une sincérité brute et sauvage qui dévoilait toute la loyauté et tout l'honneur dont faisait preuve cet Highlander. Et la fierté que dégageait Lachlan plut fortement à l'intrigante, qui se voyait déjà l'emprisonner d'une ou de deux promesses qu'il ne pourrait rompre, afin de parvenir à ses fins.

Suite à la tendre acceptation de cette demande, l'homme viril passa son bras autour du buste de sa belle qui posa sa tête sur son épaule musclée, et ensemble, ils admirèrent le paysage vibrant de leur sublime région.

Une Dame de Coeur - Tempêtes et PassionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant