𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 2 𝘱𝘵. 2

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Chapitre 2, partie 2. Yuuji's Devotion.

Supérette "No Time", un peu avant l'arrivée de Mae et Min Hyo.

Assis devant la vitre, il dégustait son 3e pot de nouilles instantanées et, malgré le fait qu'il adorait le mélange de saveur du Spicy Chicken Curry et du thé vert glacé, rien n'arrivait à l'apaiser. Il avait beau manger, Yuuji ne pouvait tout simplement pas combler le vide en lui. Passer l'éponge pour Eiden n'était pas quelque chose de simple. Cela lui avait pris plusieurs semaines. Mais Mae réussissait toujours à avoir ce qu'elle voulait de lui... Tel un bon toutou, il lui obéissant au doigt et à l'œil. C'était aussi elle qui pouvait changer son humeur en quelques mots...
À vrai dire, elle n'aurait même pas eu besoin d'officiellement l'acheter comme un "Joujou" que Yuuji aurait accepté de l'être. Et elle le savait. Mais elle l'a tout de même fait. En réalité, Yuuji connaissait la véritable raison. Malgré le fait que Mae lui donnait une autre explication, il savait que c'était pour l'aider... Il était tout bonnement fou d'elle, et ce depuis ce jour-là...

Flash-Back. 2 ans auparavant. Cours de récréation.

- Alors comme ça ton papounet a fait faillite ? Sale gosse de pauvre, tu ne mérites plus de fréquenter notre école ! Les gens faibles comme toi devraient tous mourir !

Du 4 contre 1, que c'est lâche... Et c'est eux qui me parlent de faible ?

C'est ce que pensait Yuuji, à terre, la tête baissée. Ses cheveux blonds dorés retombaient sur son visage humide de larmes. Il ne pleurait pas parce qu'il avait mal après les coups de ses camarades de classe, enfin, anciens camarades... Non, il pleurait surtout parce qu'il trouvait cette situation injuste. Il n'était pas le premier qui devait quitter l'établissement après que leurs entreprises familiales aient fait faillite. Mais il ne savait pas que ces élèves avaient traversé un moment aussi difficile. Tous leurs amis devenus ennemis, harceleurs, personne pour venir les sauver... Yuuji ne pleurait pas parce qu'il était tombé dans la même situation qu'eux, mais parce qu'il ignorait à quel point les autres souffraient de cette injustice. Il pensait que les élèves en faillite faisaient leurs adieux et partaient triste d'abandonner leurs amis pour une école moins prestigieuse. Qui aurait cru que c'était en réalité leurs amis qui les abandonnaient ? Pire encore, les mêmes amis qui les frappaient sans pitié ! Personne pour leur venir en aide, personne pour changer cette sorte d'horrible tradition.
Sous les larmes, sa voix craquait:
- À...
- DIS-le ! Appelle à l'aide ! Supplie-nous d'arrêter !
Cette situation procurait aux assaillants, deux garçons et deux filles, une sensation de pouvoir. Elles riaient, ils frappaient. Comme si le malheur des autres les amusait...
- À.. À l'ai-...
- Ça suffit.

Cette voix... Cette douce voix... Venait-elle de son esprit ? L'avait-il imaginé ? Ou était-ce bien réel ? Quelqu'un viendrait-il vraiment à son secours ? Son vœux, son unique vœux, se serait-il réalisé ?

- Merde, c'est la nouvelle présidente.
L'une des filles chuchota tout en grimaçant, l'air gonflée. Ils s'amusaient bien, pourtant. Cette Mae Lee O'Niel cherchait toujours à jouer les justicières et venait tout gâcher au meilleur moment.

- Je pense que vous ne m'avez pas entendue. Vous jouez aux sourds ? Si c'est le cas...
Un sourire sadique vint se dessiner sur ses lèvres. Ses pupilles s'écarquillèrent comme un animal ayant trouvé sa proie. Elle reprit alors :
- Je devrais arracher vos oreilles, ça vous aidera sans doute.
Mae parlait calmement, mais son expression venait la trahir. Son sourire sanglant matchait avec ses lèvres maquillées d'un rouge à lèvre bordeaux. Matte, comme pour traduire son coeur qui n'avait plus de lueur...

Les quatre harceleurs firent quelques pas en arrière, puis, la seconde fille lança doucement à ses amis:
- Allons-nous en. Ce n'est même plus drôle maintenant qu'elle est là.
Les autres acquiescèrent et firent demi-tour.

Laissés seul à seul, Mae s'accroupit et proposa sa main à Yuuji.
- Est-ce que ça va ? Viens, relève-toi.

La présidente ? Jamais je n'aurai pensé qu'elle m'adresserait un jour la parole...

- Ne sois pas timide, aller.
Elle lui sourit. La présidente venait de lui sourire. Son cœur battait tellement fort qu'on aurait dit qu'il essayait de sortir de sa poitrine à coup de marteau. Il se perdit dans ses yeux et machinalement, obéit.

Sa main... Tellement douce... Tellement chaude...

- M-M-Merci... Je...
À ce moment précis, Yuuji ignorait pourquoi, mais il éclata en sanglot. Sans doute tout le stresse et toute la tristesse qu'il contenait en lui venait de se relâcher... Il criait, ginçant et pleurant comme un enfant à qui on avait piqué la sucette. Dans le besoin de câlin et de réconfort, il sauta au cou de Mae.

Celle-ci ne bougea pas un moment. Elle n'était pas surprise qu'il finisse en pleure, mais le fait qu'il lui attrapa le cou alors qu'ils ne se connaissaient même pas la glaça net. En général, elle ne laissait personne la toucher. Cependant, elle ressentit la tristesse de Yuuji et vint doucement tapoter son dos pour le réconforter.

- Ne t'inquiète pas... Je vais faire en sorte que tu ne quittes pas l'école. Plus personne ne se fera traiter de la sorte tant que j'aurai ce rôle. Plus personne...

Ce qu'elle ignorait, c'est qu'en réalité, ils se connaissaient. Ou non, plutôt que Yuuji la connaissait bien. Très bien, même. Il la connaissait sans doute mieux que quiconque. Lui qui avait l'habitude de la suivre partout, de l'admirer en cachette, il connaissait tous ses faits et gestes, toutes ses réactions, ses plats préférés, ses habitudes, ce qu'elle aimait ou non. Bizarrement, il savait même ce qui lui passait par la tête quand elle disait ou faisait quelque chose, ses envies les plus profondes, ses problèmes, son état d'esprit. Il reconnaîtrait sa voix entre mille, son visage, ses tenues, ses mensurations, tout. Tout. Sur le bout des doigts.

Yuuji ne se considérait pas comme un stalker. Non, son amour pour elle était immesurable. Mae était son idole, sa déesse. La seule qui, ici-bas, était capable de lui faire ressentir de telles émotions.

Il sourit doucement...

Ce que lui ignorait en revanche, c'est que Mae avait déjà connaissance de ce que Yuuji faisait. Comment n'aurait-elle pas pu remarquer ? Yuuji n'était pas des plus discrets... Mais elle ne lui avait jamais fait la remarque. Elle ne voulait pas qu'il arrête. Qu'il soit fou d'elle, c'est ce qu'elle voulait justement.
Yuuji pensait qu'elle ignorait tout, mais elle avait le contrôle absolu sur tous les détails. Et c'est ce qui la rendait si effrayante. Non pas uniquement Yuuji, mais tous les élèves de l'école. Elle les connaissait même mieux que leur propre mère, et ce à même leur désir le plus secret. Alors que Yuuji la connaissait aussi bien, elle, en revanche, connaissait tout le monde.
Un vrai monstre qui, à la moindre parole, pourrait détruire la vie de n'importe qui.

Elle souriait aussi... Mais d'un sourire sadique.

A Puppet's LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant