Chapitre 1 - Retour des ombres

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« Fuis ! Va-t-en et retrouve le. Vite, avant que toi aussi, tu ne sois tuée ! »

C'est sur ces paroles éthérées qu'elle ouvrit ses yeux, dans un hoquet de surprise. Haletante, elle observait d'un regard terne et fatigué son environnement. Ses yeux rouges peinaient à rester ouverts. Mais en voulant tourner la tête, elle se rendit compte que son corps lourd et engourdi avait bien du mal à suivre ses pensées. Non loin, le crépitement d'un feu était bien le seul son qu'elle pouvait entendre. Elle se contenta d'attendre, tout en fixant les poutres apparentes sur ce plafond tout juste éclairé par les dernières lumières du soleil, laissant un doux jeu d'ombre et de lumière danser sur les murs. Cet endroit ne lui était pas familier, et malgré tout ses efforts pour se souvenirs de ses derniers instant avant son éveil, rien ne lui vint. Un brouillard épais l'empêchait de se souvenir du moindre petit détail. Portant la main à son front, fatiguée d'essayer de retourner ses souvenirs en tout sens en vain, elle y sentit un tissu légèrement humide. Elle se rendit alors compte que ses bras portaient des bandages, ainsi que tout son thorax qui soudain lui semblait douloureux. Elle n'avait pas de vêtements recouvrant son torse, et y aperçut un pendentif rouge y reposer, comme une pierre brisée à laquelle il manque un morceau. La couverture épaisse qui la recouvrait finit par tomber alors qu'elle essayait de se lever de son lit. Mais la foudre de la douleur frappa à nouveau, la forçant à demeurer allongée.

Le ciel s'obscurcissait de plus en plus, et les premières étoiles commençaient à briller timidement lorsqu'un bruit se fit entendre, et elle parvint enfin à tourner la tête. Une porte de l'autre côté de la pièce s'ouvrit, et elle vit quelqu'un venir vers elle, un bol d'eau à la main, et un bout de tissu sur le poignet. Elle ne parvint pas à distinguer exactement ce qu'il était. Ce n'est que lorsqu'elle le vit arriver vers elle, et qu'il était aux abords d'une fenêtre, qu'elle eut un sursaut. Un elfe à la peau noire comme l'obsidienne se présentait à elle, ses longs cheveux, qu'il maintenait attachés par un cordon, étant aussi sombres que sa peau. Ce qui la fit frissonner furent ses yeux, d'un rouge aussi vif et profond que celui du sang. La pupille n'était pas ronde mais fendue, comme celle des félins. Il était légèrement plus grand qu'elle, mais disposait d'une carrure assez fine, assez typique des elfes. Malgré son air amical, elle ne pouvait retenir un certain frisson. Pourquoi le craignait-elle, alors qu'il semblait être celui qui s'occupait d'elle ? Un bref murmure enfoui lui disait en totale contradiction avec son instinct premier qu'il n'était pas belliqueux. Elle se figea lorsqu'elle le vit venir auprès d'elle et s'asseoir sur le rebord du lit en la fixant. Il n'avait guère l'air surpris par la peur qu'elle peinait à cacher complètement, mais la fatigue se lisait sur son visage. Il entreprit de tremper le tissu dans le bol d'eau pendant qu'elle le jaugeait en silence. Il était vêtu simplement, avec sa chemise au col lacé, et un épais pantalon de toile de lin. Tellement concentrée sur son observation, elle sursauta lorsqu'elle le vit essorer le tissu imbibé d'eau et approcher sa main de son front. En voyant sa réaction, il se stoppa et brisa ce silence bien trop pesant à son goût.

« Il était temps que tu te réveilles, je commençais à me faire sérieusement du souci, commença-t-il. As-tu recouvré tout tes esprits ?

Elle ne répondit pas. Elle ignorait si c'était par manque de force, où si c'était dû à sa surprise. Il avait un ton très doux, qu'elle ne lui imaginait pas. La voyant calme de nouveau, il retira de son front le tissu qui avait séché, et le remplaça par le nouveau. Sentir la fraîcheur de l'eau lui fit un tel bien qu'elle soupira. Elle se rendit alors compte qu'il fixait ses yeux avec un air surpris qu'il peinait à réellement cacher.

Où sommes-nous ? Parvient-elle finalement à dire d'une voix rauque.

Dans ma ferme, tout du moins, de ce qu'il en reste....Nous sommes à quelques lieues de Miraa, la capitale royale.

Le dernier elfe noir - RééditionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant