Chapitre 2 - Flammes oubliées

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Agni était déjà haut dans le ciel lorsque Gïlraen se réveilla, l'esprit encore embrumé. Elle parvint à se redresser seule, et observa par la fenêtre. La plaine était brumeuse, les hautes herbes peinant à se hisser au dessus des nappes jonchant le sol, tel un océan vaporeux. C'est avec l'esprit tout aussi embrumé qu'elle entendit un bruit sourd, venant de la pièce d'à côté. Elle se leva, malgré les difficultés, et avisa une assiette dans laquelle étaient posés des fruits de garde. Quelques fruits secs décortiqués et deux pommes. Mais la faim ne s'était toujours pas manifestée. Même, cela lui donna la nausée. Elle voulu prendre l'air, mais ce bruit l'intrigua. Elle quitta la chambre qu'elle habitait depuis cinq jours, à présent, et observa le couloir. Une porte était juste à côté, menant à la pièce d'où elle avant entendu cet étrange son. Elle hésitait. Avait-elle le droit d'aller où bon lui semble, dans cette demeure qui n'est pas la sienne ? Néanmoins, elle ne pouvait pas rester seule à rien faire, alors elle voulu vérifier la présence de son hôte. Elle ouvrit la porte d'une main tremblante, et entra dans une autre chambre, où elle vit Dark allongé sur le lit, visiblement endormi. Elle sursauta lorsqu'elle cru voir un sombre mouvement à côté de lui, et cligna des yeux, avant de se rendre compte qu'il n'y avait rien. Il lui tournait le dos, la couverture étant au pied du lit. Mais ce qui la surpris le plus fut qu'il était habillé bien différemment que la veille. Il portait une tunique noire, et une armure de cuir était posée sur le sol, au pied du lit, avec des bottes couvertes de terre fraîche. Une épée longue dormait elle aussi dans son fourreau, attendant d'être à nouveau empoignée. Mais elle vit bien que sur l'armure, il y avait des traces de sang. Frissonnant, elle se pencha au dessus de lui, et avisa sur l'arrière de son cou, brièvement caché par quelques cheveux glissant sur la peau, une grande cicatrice. Un bref sursaut de la part de Dark ne manqua pas de l'effrayer, sur le moment, avant de se rendre compte qu'il rêvait. Elle devinait son visage tourmenté par une quelconque vision que lui seul pouvait observer, et décida de le recouvrir de la couverture. Cela semblait le calmer, lorsque soudainement, il fit volte face en dégainant une dague cachée dans sa main, et se stoppa en voyant Gïlraen, à terre, à la limite de la panique. Il ne sut que dire et observait tantôt la jeune fille, tantôt sa dague reluisante.

« Que fais-tu ici ? Commença-t-il avec une voix fatiguée.

Désolée....Je ne voulais pas te déranger mais...J'ai entendu un bruit...

Il haussa un sourcil, avant de comprendre. Il savait qu'il s'était lourdement effondré dans son lit, lorsqu'il revint dans sa chambre après avoir difficilement retiré son attirail.

Ah...Je ne pensais pas avoir été aussi bruyant. J'ai perdu l'habitude d'avoir des voisins, avec le temps...(Il bailla, tout en voyant le regard de Gïlraen se poser malgré elle sur son armure) Je devine que tu as de très nombreuses questions...Je n'y répondrais pas tout de suite...Je dois d'abord me reposer. Je peux juste te dire que je suis allé patrouiller dans la forêt, où j'ai aperçu les monstres pour la première fois.

Y en avait-il ?...Demanda Gïlraen avec angoisse.

Elle le vit se mettre en position assis, en soupirant d'épuisement.

De plus en plus...Chaque nuit depuis ton arrivée, je patrouillais sans relâche. Ils n'ont pas l'air de se mouvoir, le jour venu. Mais nous ne partirons pour la capitale qu'une fois que tu seras pleinement rétablie. Va donc manger ce que j'ai installé dans ta chambre. Je suis navré, mais je n'ai rien pour passer le temps, ici... »

Gïlraen n'insista pas. Elle devina qu'elle l'ennuyait et qu'il voulait vraiment dormir. Son visage couvert de terre laissait penser qu'il avait longuement combattu, et elle avait remarqué plusieurs coupures sur l'armure. En fermant la porte, tout en s'appuyant contre celle-ci, tourmenté par des pensées et des questions toujours plus nombreuses, elle cru l'entendre parler, sans pour autant comprendre ce qu'il disait, le son étant trop faible. Elle le laissa donc, et comme elle se l'imaginait, il s'était endormi très rapidement.

Le dernier elfe noir - RééditionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant