À distance

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C'était la crise du Covid 19. Tout le monde était confiné chez soi. Comme tous les adolescents de son âge, Thomas recevait du travail de ses profs, travail qu'il ne faisait évidemment que quand il fallait le rendre. Le reste du temps, Thomas restait sur son téléphone, son ordinateur, devant sa télé, ou dans son jardin à jouer au ping pong tout seul. Parfois, sa mère venait disputer une ou deux parties avec lui pour se changer les idées, mais elle devait la plupart du temps travailler pour son bureau.

Il y eut un moment où une annonce fût passée pour que tous les habitants sortent de chez eux le soir à vingt heures et applaudissent pour remercier le personnel soignant qui se battait contre la maladie. Le premier jour, Thomas ne vint pas applaudir. Il trouvait que c'était simplement une perte de temps, et il préférait continuer l'épisode de sa série du moment. Le deuxième jour, son père, qui était lui-même médecin, appela Thomas :

-Tom ! Viens applaudir s'il te plaît !!

-J'ai pas envie, p'pa, grogna Thomas depuis sa chambre.

-Viens quand même, ça ne te prend que quelques minutes !

Thomas traîna des pieds mais rejoignit son père qui était sur le balcon du premier étage de la maison.

-Allez, je t'assure que ça fait plaisir de voir que les gens nous soutiennent, sourit le père.

-P'pa, 'y a à peine cinq personnes, tout le monde a la flemme...

-C'est pour ça qu'il faut faire plus de bruit pour faire venir d'autres personnes !

Les applaudissements du père redoublèrent de vigueur. Thomas soupira et claqua légèrement dans ses mains. Quelques minutes plus tard, les habitants rentrèrent chez eux.

-Merci fiston.

-De rien.

L'adolescent repartit dans sa chambre rapidement et n'en sortit plus avant le dîner.

~

Le lendemain, le même manège se répéta. Le père de Thomas l'obligea à venir applaudir. Le jeune homme remarqua qu'il y avait les mêmes personnes que la veille, ni plus ni moins. Il aperçut une vieille dame avec un pull violet dans l'immeuble d'en face. Dans une maison voisine, il vit un couple avec un bébé. Et enfin, la troisième et dernière personne était un jeune blond qui portait simplement un tee-shirt blanc et un jogging gris. Il devait avoir à peu près l'âge de Thomas.

-Tu vois, il y a des jeunes qui viennent remercier le personnel soignant, c'est pas ringard, comme tu dis.

-Mouais. Il a peut-être été forcé par ses parents lui aussi.

-Je suis sûr que non ! Regarde, il a l'air très heureux d'être là. Il semble gentil aussi. C'est ton ami ? Tu le connais ?

-Non. Je ne connais pas tous les gars de la ville, tu sais.

Cinq minutes après, ils rentrèrent et partirent dîner.

-Alors, ce n'est pas trop difficile les devoirs, mon chéri ? s'informa la mère.

-Non.

Thomas n'avait évidemment pas dit à ses parents qu'ils ne faisait pas son travail.

-Tu sais, je suis très fière de toi. Tu n'es pas capricieux et tu travailles sans rechigner.

L'adolescent se sentit mal et passa une main nerveuse dans ses cheveux bruns.

-Et toi, Patrick, tu as passé une bonne journée ? enchaîna la femme.

OS NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant