𝚢𝚘𝚞𝚛 𝚙𝚊𝚜𝚝 | 𝚝𝚜𝚞𝚔𝚔𝚒𝚢𝚊𝚖𝚊

Chapitre 10

Yamaguchi resta quelques instants, seul, en face du bâtiment. Il voulait être sûr que Tsukishima était bien partit avant de se diriger vers sa propre maison.

Une fois qu'il ne vit plus l'ombre de son ami, il se mit en route. Il marchait lentement, le dos vouté et la tête baissée. Il appréhendait son retour au foyer familial.

Il s'arrêta un moment alors qu'il passait à côté du parc où il avait rencontré Tsukki pour la première fois. Son ventre se serra à cette pensée. Ce n'était pas tant le souvenirs des garçons que celui de Tsukishima lui venant en aide qui le rendait nauséeux.

Tsukki était son premier ami. Le premier à ne pas se moquer de lui à la moindre des occasions données. Le premier à lui proposer de faire quelque chose avec lui. Le premier à l'aider sans rien attendre en retour. Il se sentait coupable de ne pas pouvoir être honnête avec lui. Cela faisait tellement longtemps qu'il attendait que quelqu'un se préoccupe enfin de lui, il ne voulait pas tout gâcher avec ses petits problèmes insignifiants. Et puis, si Tsukki apprenait la vérité, probablement qu'il ne voudrait même plus s'approcher de Yamaguchi. Il aurait pitié de lui comme on a pitié d'un chien abandonné. Il finirait par ne plus lui parler pour éviter de rendre les choses embarrassantes.

Il regarda au loin. Il vit une bande d'enfants qui jouait allègrement dans le bac à sable. Il avait envie de pleurer. Peut être qu'il aurait dû accepter la proposition de Tsukishima et le laisser le raccompagner chez lui...

Il secoua la tête pour se remettre les idées en place. A quoi pensait-il ? Il savait très bien que, en plus d'être une très mauvaise idée, c'était impossible. Il n'osait même pas imaginer la réaction de ses parents s'ils le voyaient arriver en compagnie de quelqu'un.

Il arriva bientôt en face de chez lui. Il resta un long moment devant la porte ne sachant trop que faire. Peut être n'était-il pas trop tard pour partir en courant.

Il devait toutefois se rendre à l'évidence, ce n'était pas une option envisageable. Et puis, ce n'est pas comme s'il avait quelque part où aller après tout.

Yamaguchi posa la main sur la poignée. Il avait les mains moites. Il déglutit, puis poussa enfin la porte de sa demeure. 

Il passa sa tête timidement dans le hall, guettant des deux côtés, voir si la voie était libre. Ne distinguant  personne au premier abord, il se décida entrer. 

Son corps se détendait petit à petit alors qu'il enlevait ses chaussures. Finalement il n'y avait aucune raison d'avoir peur.

Il posa son sac d'école à côté de ses chaussures et se dirigea vers la cage d'escalier. Il monta rapidement les marches et alla s'allonger sur son lit.

Il ferma les yeux et repensa à la journée qu'il venait de passer. Plus il y pensait et moins il savait  s'il devait sourire ou pleurer.

Alors qu'il se perdait dans ses rêveries les plus heureuses, il fut soudain alerter par des bruits de pas rapides. Il ouvrit précipitamment les yeux et se redressa sur son lit. Les bruits de pas résonnèrent à nouveau à travers la maison. Plus forts, plus vifs, menaçants. Ils approchaient.

Yamaguchi se leva, les jambes tremblantes et alla se recroqueviller dans un coin de sa chambre. Son petits corps tremblait comme une feuille. Il se préparait pour le déluge.