DISPARUS ( "The Hunt", TOME 1 ) | EN ACTUELLE RÉÉCRITURE

Chapitre 14

Kiara et moi avons finalement décidé de nous installer chez elle prendre un chocolat chaud au bout de plusieurs minutes passées dans la neige à sangloter, sous le regard désolé de nos voisins ( des retraités pour la plupart ) à travers leurs fenêtres. Pour être honnête, j'ai été soulagée qu'elle se décide enfin à bouger, car je ne supportais plus ces airs de pitié que tout le monde nous lançait...

Nous nous sommes silencieusement installées dans sa chambre, comme deux fantômes que l'on aurait oublié. Ça me valait parfaitement, d'ailleurs... Kiara a pris l'ordinateur portable de son père, puis l'a installé sur son bureau pour qu'on puisse suivre l'intervention du shérif Paterson dès son commencement. « Et dire que la dernière fois que je suis venue chez Kiara, Matt était assis là, avec nous... », songeai-je en m'asseyant sur le lit. Et aujourd'hui, moins d'une semaine après, il avait disparu à son tour.

Garance n'a pas tardé à nous appeler, mais pour la première fois depuis que je la connaissais, elle ne nous avait pas contactées par appel vidéo pour nous montrer son grand sourire ou ses grimaces, remèdes de tous nos petits problèmes du quotidien... Non, cette fois, la caméra était désactivée, sans doute parce qu'elle ne voulait pas qu'on la voit dans l'état que toute personne normale aurait après une annonce de ce genre. Elle nous a annoncé que, même au bout de plusieurs tentatives, elle n'était pas parvenue à contacter Éric. Ça m'a semblé un peu étrange, étant donné que Garance n'était pas du genre à abandonner facilement, et avait dû lui envoyer pas moins d'une trentaine de messages et une douzaine d'appels ( sans exagérer )... Si Éric n'avait pas répondu, c'est qu'il devait sûrement être dans un état encore pire que nous. Matt était son meilleur ami, après tout, et il n'était peut-être pas aussi insensible et calme qu'il n'y paraissait...

En attendant, nous étions en direct avec Garance, et l'annonce du shérif Paterson n'allait pas tarder à commencer, alors j'ai décidé que j'allais m'occuper d'Éric plus tard. Justement, le générique du début du journal télévisé commençait :

— Édition spéciale, annonça la présentatrice. Suite à la mort tragique de Daniela Gibson, jeune lycéenne de dix-huit ans, et des mystérieuses disparitions de quatre jeunes filles et un jeune homme de la même tranche d'âge dans les jours qui ont suivi, le shérif Paterson, responsable des deux affaires a décidé de prendre la parole devant tout l'état afin d'apporter quelques éclaircissements au sujet du potentiel lien qu'auraient tous ces événements. Mesdames et Messieurs, en direct, le shérif Paterson, à tout à l'heure.

Le visage du shérif s'afficha alors. Il était sur une estrade en face de la mairie de notre ville, un bâtiment assez reconnaissable grâce à ses briques rouges devenues marron avec le temps. À ses yeux sans cesse plissés et au brouhaha que l'on pouvait entendre en second plan, j'ai deviné qu'il devait être face à des dizaines de journalistes assoiffés d'annonces pouvant faire la une de leurs journaux télévisés. Il patienta quelques secondes dans le silence, attendant sans doute que la personne parlant dans son oreillette lui dise qu'il était bien en direct sur toutes les chaînes présentes sur place. Ces quelques secondes de passées, il prit une grande inspiration et commença :

— Bonjour à tous. J'ai pris la décision de faire cette intervention, car j'ai besoin de faire quelques mises au point au sujet de toutes ces rumeurs qui circulent à propos du meurtre de Daniela Gibson. Comme il s'agit d'une enquête en cours, je ne suis pas habilité à tout vous dire, alors je vais essayer de vous en donner assez sans compromettre nos investigations. Pour commencer, j'ai le regret de vous apprendre que oui, il y a bien un lien entre l'assassinat tragique de cette jeune fille et l'enlèvement des jeunes nommés Allison Marks, Liana Vagness, Sofya Morgan, Felicia Ross et Matt Kang.

Des murmures commencèrent alors parmi les journalistes. Lorsque le shérif avait prononcé le nom de Matt, j'ai senti que Kiara resserrait encore plus son étreinte sur ma main, alors j'ai doucement caressé le dos de la sienne en signe d'apaisement.