Chapitre 16

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— Stress post-traumatique.

Voilà la conclusion qu'avait fait la psychiatre le lendemain de mon hallucination à la sortie de physique. Entre temps, trois autres corps avaient été retrouvés en même temps, ceux de Sofya Morgan, Liana Vagness et Felicia Ross. Sans parler de la disparition d'une jeune fille de deux ans de moins que Mathilde... Autant vous dire que je n'étais pas vraiment dans mon assiette, et ça se comprenait.

— Stress post-traumatique..., répétai-je, pensive. Ça se soigne ?

— Avec une longue thérapie, oui, m'affirma-t-elle. Tu as vu quelque chose d'horrible, qu'aucun être humain ne devrait avoir à voir de toute sa vie... Il est normal que tu en aies quelques séquelles.

Heureusement que ma mère s'était décidée à ne plus être présente pendant mes rendez-vous, autrement elle se serait aussitôt mise à paniquer... Et pas seulement à cause de ces hallucinations, mais aussi si elle avait entendu la description que le docteur m'a demandé de faire du cadavre de Daniela. Quant à mon trouble explosif intermittent, la psychiatre m'a expliqué que les récents événements n'avaient pas vraiment aidé à l'atténuer... au contraire, alors que ce trouble semblait bien tapi au fond de moi, toutes ces disparitions et ces morts l'avaient fait ressortir au maximum de sa puissance.

Et, malgré tous ses conseils de gestion de la colère, je ne parvenais toujours pas à me faire à l'idée que je devais rester calme et me contrôler face à Samantha ou une mort de plus... Parce que je savais que, quel que soit l'exercice réalisé, j'en serai toujours incapable.

Pendant le week-end, j'ai vu aux infos qu'une manifestation avait lieu, et que quelques-uns des parents de jeunes du lycée y avaient participé. « Vous n'êtes pas capables de protéger nos enfants ! », criaient-ils. « Vous n'êtes pas capable de mettre en sécurité quelques centaines de jeunes avec tous les moyens que nous avons, aux États-Unis ! »

Les internautes n'avaient pas non plus manqué à l'appel, et avaient réagi par rapport à cette manifestation en prétendant que si la police ne pouvait rien faire, c'était que l'agresseur n'était pas un simple humain mais un fantôme, un vampire ou encore un envoyé de Dieu... Les théories étaient nombreuses, tout comme le nombre de personnes qui y croyaient, et ça augmentait à vue d'œil. Ce n'était plus l'affaire de quelques milliers, mais de millions de personnes tout autour du globe qui étaient au courant de tous ces enlèvements et meurtres. J'avais même entendu dire que certains étudiants d'Europe ou d'Asie voulant partir en stage quelques mois aux États-Unis pour étudier l'anglais avaient finalement refusé d'y aller, estimant le territoire « trop dangereux » pour l'instant. Pourtant, ce genre de choses n'arrivait que dans le New-Jersey... Plus précisément, dans notre ville.

Comme pour provoquer encore d'autres manifestations, le shérif Paterson avait pris la décision que les trois policiers de garde pendant la nuit devaient rester dans la chambre du jeune surveillé, et ce sans sortir ne serais-ce qu'un seul instant. C'est sûr que ça faisait un peu voler en éclats toute l'intimité qu'on pouvait avoir en dormant, mais j'étais prête à perdre cet élément si ça permettait d'empêcher d'autres drames. Cette mesure ayant été prise de manière tardive, j'ai tout de même reçu un appel affolé de Kiara, le dimanche matin :

— Léa ! Ils.. ils... ils ont retrouvé Matt.

Même si je m'étais faite à l'idée que Matt était mort dès l'annonce de sa disparition, cet appel m'a fait l'effet d'un coup de poignard dans le cœur. Sentant que j'étais en train de me dérober, je demande à Kiara :

— Tu... tu en es sûre ?

— Oui, c'est sûr. Je le sais parce que... C'est Éric qui l'a découvert.

DISPARUS ( "The Hunt", TOME 1 ) | EN ACTUELLE RÉÉCRITURE  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant