Une affaire mouvementée

14 4 0
                                    

HOLMES PARTIT. Et je me préparai à l'attendre patiemment quelques heures. J'eus la surprise de voir apparaître Wiggins, le visage pâle. Il était ennuyé de voir que Sherlock Holmes était toujours absent.

- Je me souviens de quelque chose qui pourrait intéresser M. Holmes, affirma le petit chef des francs-tireurs. J'ai beaucoup réfléchi à ce qui m'est arrivé, il y avait quelque chose qui clochait. Le jour où je me suis fait descendre, la personne qui m'a tirée dessus ne pouvait pas être dans la maison. Il devait se trouver derrière moi.

- Que veux-tu dire Wiggins ?

- Ce n'est pas l'homme que je suivais ou son complice qui ont tenté de me tuer mais quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui était caché, comme moi, et qui surveillait la maison.

- Tu es sûr de cela ?

- J'en suis certain docteur. Mais il faudrait y retourner pour vérifier. Je suis sûr que ce gars a suivi Loyd. On peut peut-être retrouver sa trace.

Wiggins se leva de toute sa hauteur et me regarda avec détermination.

- Vous m'accompagnez docteur ?

Le jeune garçon était déjà devant la porte. Du haut de ses douze ans il me donnait une leçon de courage. Je me précipitai à ses côtés et jetai un regard chagrin sur le salon.

J'imaginais sans mal la mauvaise humeur de mon compagnon lorsqu'il apprendrait ma fuite. Je suivis Wiggins et nous prîmes un fiacre. Wiggins était taciturne, il me semblait reconnaître l'expression butée de Sherlock Holmes sur ses traits enfantins. Le maître déteignait sur l'élève. Nous arrivâmes bientôt à Whitechapel où décidément toutes nos pistes nous menaient à un moment ou à un autre. Wiggins m'entraîna vers le 12, Dixon Street.

- J'étais ici lorsqu'on m'a tiré dessus. Je regardais la maison et j'attendais mon bonhomme.

Pris au jeu, Wiggins se remettait dans les conditions de sa tentative d'assassinat. J'observais ce petit bout d'homme qui conservait tout son sérieux lorsqu'il se couchait à terre, victime de sa balle imaginaire.

- Sur le coup j'ai cru que la balle venait de la maison, mais c'est une erreur. Si on avait tiré de face, j'aurais du être touché à la poitrine, pas derrière à l'épaule. Donc on m'a tiré dans le dos. Quelqu'un qui guettait le 12, Dixon Street et qui ne voulait pas que je vois ce qui se passait.

Ce n'était pas stupide ce que disait le gamin. Je me précipitai à son aide lorsqu'il tenta de se relever en grimaçant de douleur.

- Mais ensuite ? Où peut-il bien être allé ? Demandai-je en vérifiant rapidement le bandage de Wiggins.

- Il a du les suivre jusque chez Peggy. Peut-être connaissait-il mon cogne et qu'il a parlé avec eux ?

- Loyd n'en a rien dit à Holmes en tout cas.

- Loyd n'a peut-être pas tout dit à M. Holmes, vous savez docteur. Il faudrait parler avec Mlle Peggy. Elle a peut-être remarqué quelque chose d'intéressant. Notre gars n'a pas du lâcher l'affaire.

Je regardai avec surprise mon petit détective. Habillé de propre, il était loin de l'habituel petit gavroche qui obéissait sans mot dire aux ordres de Sherlock Holmes.

Pris dans son enquête, Wiggins courut dans les rues jusque chez Mlle Peggy. Nous frappâmes durant de longues minutes à la porte et soudain un froid pressentiment me saisit. Se pourrait-il qu'elle aussi ait été... Mais non elle ouvrit enfin la porte et nous observa de ses yeux ronds.

- Vous revoilà vous ? Que voulez-vous ?

- Pardonnez-nous de vous déranger, commençai-je en balbutiant d'un air gêné. Mais...

Un crime à Buckingham PalaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant