Le mystère s'obscurcit

12 5 0
                                    

LE SALON était redevenu silencieux après le départ de nos hôtes. Nous nous retrouvâmes tous deux, Sherlock Holmes et moi. Je regardais mon compagnon, il avait un visage fatigué mais je ne pus m'empêcher de l'interroger. J'étais trop impatient.

- Qui est Richard Loyd ? Un de vos anciens adversaires ?

- Je suis un peu honteux Watson. Je vous ai légèrement menti dans cette affaire. J'ai découvert plus de choses que je ne vous l'ai dit. J'ai vite découvert l'identité de notre cambrioleur le soir de notre promenade à Whitechapel, lorsque je suis reparti seul. J'ai de nombreux amis dans ce quartier et il ne m'a pas fallu longtemps pour mettre la main sur sa personne.

Holmes me jeta un regard rempli de fausse honte. Ses yeux brillaient gaiement.

- Mais je ne m'étais pas attendu à l'homme que j'allais rencontrer. C'est un ancien adversaire, vous avez raison Watson. Je l'ai rencontré à Paris, quelques années avant de vous rencontrer. J'aurai du faire plus vite le rapprochement.

Le détective se leva pour arpenter nerveusement le sol et se jeta sur ses dossiers. Il les feuilleta tous avec précipitation, puis il les lança par terre violemment. Il découvrit peu après ce qu'il cherchait dans un livre où il classait quelques-unes de ses anciennes affaires. Aussitôt il me l'apporta, un sourire réjoui et soulagé aux lèvres.

- Ca y est Watson. J'ai retrouvé les éléments de cette vieille affaire. Loyd est un cambrioleur qui sévit habituellement sur le continent. Voici un extrait de journal le concernant.

Je m'emparai du document, pris par une soudaine curiosité. C'était une vieille coupure de journal datant de novembre 1879 :

« Un audacieux cambrioleur arrêté

C'était trop intrépide. Le vol de la bijouterie Aaron a été empêché de main de maître par le Chef de la Sûreté M. Paul Lebrun. Le criminel, Richard Loyd, un Anglais, sévissait depuis quelques années en France, en Belgique, en Suisse. Il s'en prenait surtout aux bijouteries. C'est vrai que cela fait plusieurs années que les tenants de cette profession réclament plus de protection de la part de l'Etat. Maintenant avec l'action efficace du Chef de la Sûreté, ce genre de crimes devrait disparaître sous peu.

M. Lebrun s'occupa personnellement de cette enquête et ne mit pas longtemps à la résoudre, prouvant une fois de plus qu'il est resté à la hauteur de sa réputation d'habileté. Il a d'ailleurs mis en place une collaboration européenne entre les polices de France, de Belgique et de Suisse, assez efficace. Un détective anglais a même été appelé à la rescousse.

Nous ne pouvons qu'espérer que ce genre de collaboration européenne continue car comme l'a dit si plaisamment M. Lebrun, au soir de cette arrestation : « Plusieurs cerveaux ont plus de chances de trouver le coupable, vu que ce dernier n'en a qu'un en sa possession. » Richard Loyd a donc été pris la main dans le sac et arrêté sur le champ. Des poursuites en justice vont être lancées contre lui. Il risque de passer de longues années en prison. »

- Vous êtes le détective anglais ?

- En effet. Le journaliste a un style déplorable. Cette affaire était d'une simplicité enfantine. Loyd a eu le tort de réaliser ses vols à de trop brèves échéances. Lebrun l'attendait. Un jour ou l'autre, il aurait été arrêté. Loyd a beau être habile, il n'est pas très perspicace.

Holmes perdit son sourire et eut tout à coup un air soucieux. Le détective semblait absent, loin de l'homme impassible, de la machine à penser dont j'avais l'habitude.

- Watson, je ne vois pas vraiment ce que je peux faire maintenant. Loyd entre les mains de mon frère. Je suis piégé.

Je haussai les épaules, que pouvais-je lui répondre ? Soudain, le détective s'habilla de son manteau et se prépara à sortir.

Un crime à Buckingham PalaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant