Wiggins blessé

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NOUS ARRIVAMES bientôt à Baker Street. J'étais inquiet, je ne comprenais pas la méthode de Holmes. John Spencer, Sir Edward. Quels étaient les liens ? Que cherchait-il ?

- Holmes ? Et maintenant ?

Sans me répondre, le détective s'empara d'une feuille de papier, nota quelques mots puis sonna Mme Hudson. Il fallait télégraphier ce message de toute urgence. Ceci fait, Holmes fourra ses mains dans les poches de son pantalon, puis se mit à marcher à grands pas.

- Nous avons une piste, mon cher Watson, m'expliqua-t-il. Une seule.

Il fit ainsi les cent pas nerveusement dans le salon pendant plusieurs minutes. Fatigué de réfléchir dans le vague, je m'emparai d'un journal et m'efforçai de m'intéresser aux nouvelles. Je commençais à m'assoupir lorsque soudain un bruit effroyable me tira de mon engourdissement. Une cavalcade effrénée résonna dans l'escalier, ponctuée par les cris outragés de notre chère logeuse. Enfin la porte fut ouverte avec fracas et une douzaine de gamins dépenaillés apparut dans l'entrée. Ils se mirent au garde-à-vous avec application. Je reconnus les francs-tireurs de Baker Street.

- La bande est là au grand complet M. Holmes. Nous avons bien reçu votre message. On a fait le plus vite possible.

C'était le jeune Wiggins caché sous un masque de crasse qui parlait.

- Hé bien, la dernière fois ne vous avais-je pas ordonné de n'envoyer qu'un seul des vôtres au rapport ? Constata Holmes d'un air sévère.

- Ben, ils ont eu peur que j'les arnaque sur le fric M. Holmes.

- Comment cela ?

- Ils ont pas confiance en moi. Ils préfèrent que vous les payiez en main propre.

- Cela ne me plaît pas du tout, je vous ai déjà répété plusieurs fois que vous devez vous faire confiance les uns les autres. Dans une filature, vous pourriez avoir grand besoin de vos camarades et vous retrouvez seul dans l'adversité.

Holmes, tout en parlant s'approcha de son groupe de jeunes garçons. Il posa sa main sur la tête de Wiggins, ignorant l'état de profonde saleté de la chevelure du chef de la bande.

- Quant à Wiggins, il parle en mon nom. N'oubliez jamais cela !

Les enfants étaient tout penauds sous les remontrances de leur commandant.

- Passons à l'affaire du jour. Je propose le double du tarif habituel.

Les yeux des petits gavroches brillèrent de convoitise et d'envie. Seul Wiggins ne perdit pas la tête et son visage enfantin prit une expression soucieuse.

- Y aura du danger monsieur ?

- Je ne pense pas.

- Pourquoi payer plus cher alors ?

- Parce qu'il me faut un homme le plus vite possible. Vous n'avez que quelques heures pour le trouver. J'ai besoin d'informations précises pour ce soir !

Les visages des francs-tireurs prirent une expression alarmée. Wiggins reprit d'une voix blanche :

- Mais il est déjà tard monsieur !

- Vous allez surveiller Scotland Yard. Voici une liste des différentes personnes que vous devez filer. Vous avez leurs noms et leurs signalements.

Holmes avait sorti de sa poche un petit papier puis le remit à Wiggins. Ce dernier lui jeta un regard et faillit s'étrangler de surprise.

- Mais ce sont des cognes !!!

- S'ils nous pincent, on est bon pour la taule, reprit un autre franc-tireur à la limite de l'affolement.

Un crime à Buckingham PalaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant