Un esprit machiavélique

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SHERLOCK HOLMES se saisit d'une chaise traînant dans un angle de la pièce sordide et sans se soucier des taches qu'il pouvait faire à son magnifique costume, il s'assit en travers et posa ses mains sur le dossier.

- Alors Watson, que pensez-vous de toutes ces nouvelles données ?

- Je n'arrive pas à croire que Braineson ait été enlevé. Tout s'est passé si vite.

- Je suis certain que Braineson s'est enfui de son plein gré mon cher Watson.

- Il était tellement terrorisé, cela peut expliquer le fait qu'il ne se soit pas débattu.

- Peut-être...

- Et ce fou dangereux qui a assassiné de nombreuses personnes.

- Je ne connais pas encore son nom mais je le trouverai dussé-je passer le reste de la vie à courir après lui. Je vengerai Mycroft et mon petit Wiggins !

Il avait un air si résolu que je préférai changer de conversation.

- Sir Edward n'avait vraiment aucune chance face à un tel tueur.

- Certes.

- Holmes, il y a quelque chose que je ne comprends pas dans cette affaire.

Mon compagnon leva les yeux et m'observa attentivement.

- Nous avons affaire à un tueur vraiment habile. Pourquoi ne pas l'avoir employé pour assassiner Sir Edward ? Cela aurait été plus radical que d'attendre que Sir Edward se suicide. Cela me semble être un pari sur l'avenir assez irresponsable.

- Plus radical, certes, mais beaucoup plus dangereux. Avec ce suicide venu si à point, le professeur Moriarty et ses sbires ne sont pas impliqués dans ce crime. Aucun tribunal n'acceptera la foule de petits indices ou déductions que je pourrai présenter à l'encontre de nos meurtriers. Je n'ai aucune réelle preuve.

- C'est réellement machiavélique. Ils ont pensé à tout.

Un sourire apparaissait peu à peu sur le visage froid de Sherlock Holmes. Il me jeta un regard amusé et s'écria sur un ton très sérieux où pointait un soupçon d'ironie.

- Mon cher Watson, à mon tour de vous poser quelques petites questions qui me chiffonnent. Je me les pose depuis bien longtemps. Que savez-vous des suicides ?

La question me pris de cours. J'ouvris la bouche sans trop savoir quoi répondre.

- Un être humain mettant lui-même fin à ses jours.

- Mais encore ?

- Durant mes années d'exercice de la médecine en hôpital, j'ai vu plusieurs cas de suicides. Beaucoup avertissent leurs proches de leur acte longtemps à l'avance. Souvent on ne les prend pas au sérieux. Mais d'autres ne parlent pas, n'expriment rien de leur souffrance jusqu'au jour fatal où ils passent à l'acte.

- J'ai moi-même été confronté à cette atrocité dans mon métier, rétorqua tranquillement mon compagnon. Quelles observations en avez-vous encore tirées ?

Je tiquai sur le mot mais Holmes ne pouvait pas s'empêcher d'être insensible dans ses propos, c'était dans sa nature.

- Souvent les suicidés choisissent une mort rapide. S'ils souhaitent en finir, ils ne veulent pas pour autant souffrir plus que nécessaire. Ils se gavent de médicaments, sautent d'un pont, se pendent. Malheureusement beaucoup connaissent des souffrances atroces par manque de temps, de connaissances anatomiques, nervosité...

Je me rappelais du cas d'une jeune fille, jolie comme un cœur, qui s'était ouverte les veines et avait terminé ses jours en mordant dans un coussin pour ne pas alerter les voisins par ses cris de douleur et d'agonie. J'essayai de chasser vite ce triste souvenir de ma mémoire pour revenir sur notre affaire.

Un crime à Buckingham PalaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant