8 février 2004
— Drago, tu ne crois pas que tu exagères ?
— Pansy, tu ne comprends pas !
Non, effectivement, la brune ne comprenait pas. Drago avait un rendez-vous avec celui après lequel il courait depuis plus de dix ans, Rita Skeeter avait écrit un premier article élogieux à son égard après plusieurs années de rumeurs abominables, il avait une merveilleuse amie à la patience extraordinaire ! Et il trouvait encore le moyen de se plaindre ?
Mettant l'appel en sonorum, elle s'attela à démaquiller ses ongles – le vernis commençait à s'écailler.
— Ecoute, Drake, je ne sais pas quoi te dire. Tu viens de passer une demi-heure à me lister les raisons pour lesquelles ta vie va s'améliorer, pas celles pour lesquelles tu devrais te plaindre. Skeeter a eu la décence d'être correcte et les hiboux que tu as reçus était globalement positifs, je ne vois pas en quoi...
— Il y en a eu tout autant de négatifs, Pans' ! la coupa le blond, le ton pressé et la voix aiguë. Pendant un an j'ai été tranquille, derrière mon bureau, on me donnait pas de couverture médiatique et on me laissait tranquille. Ça fait un an depuis le dernier article, Pansy. Un an ! J'ai plus l'habitude de me prendre des insultes dans la figures, même quand elles sont contrebalancées par des remerciements. J'ai plus la force mentale pour ça.
— Drago... Respire. Souviens-toi, le carré de trois. Tout va bien se passer, d'accord ? Je sais que c'est compliqué, il y a une raison pour laquelle j'ai fui l'Angleterre. Mais t'as besoin de passer par là. T'as besoin de montrer au monde que les Mangemorts c'est fini, et que t'as jamais voulu que ça commence en premier lieu. T'as besoin de leur dire qu'ils se trompent, qu'ils peuvent aller se faire voir, si tu veux pouvoir vivre comme tu le mérites.
— Je sais, mais c'est compliqué, Pans. Je fais de mon mieux. J'essaie, vraiment, mais hier j'ai pas réussi à aller bosser, et là j'ai posé un congé parce que j'ai... peur qu'ils me regardent. Ils le font déjà, tu sais. Avec leurs murmures et leurs regards en coin, et leurs moues dégoûtées et le regards qu'ils lancent à mon avant-bras, encore et toujours, comme si je n'étais réduit qu'à ça. Et tout le reste. Ils murmurent quand je vais rendre visite à ma mère à Sainte-Mangouste, ou quand le 2 mai approche. C'est dur, d'habitude. Et j'ai peur que ce soit pire, maintenant. Que...
La voix se brisa, laissant la phrase inachevée. La brune sentit sa gorge se serrer, laissant son vernis de côté. Il lui paraissait tellement déplacé de s'occuper d'autre chose quand son meilleur ami souffrait autant. Il avait besoin d'une aide qu'elle n'avait pas la possibilité de lui apporter. Ils avaient tous fait des erreurs, elle la première. Mais méritaient-ils pour autant toutes ces souffrances, six ans après la fin de la guerre ?
— Tiens bon, Drago, souffla-t-elle au combiné en entendant les respirations saccadées de son ami. Tiens bon, j'arrive bientôt. On va s'en sortir.
Seul lui parvint un soufflement de nez désabusé, et un long soupir.
— Bon sang, reprit-elle avec un sourire las, je crois que je préférais quand tu te plaignais des sachets de sucre...
— Oh bah si c'est ce que tu veux, rit-il faiblement, ça devrait pouvoir s'arranger... Tu te rends compte, je me fais draguer par un va-nu-pieds ! Aucune connaissance de comment courtiser correctement quelqu'un, c'est scandaleux ! Aucune subtilité, aucun sous-entendu... Non, on a juste failli se faire tuer par un fou et...
Si, au départ, sa voix était faible, elle prenait de la force et des intonations convaincantes au fur et à mesure de sa démonstration d'auto-dérision, laissant même un sourire poindre, et Pansy se permit de reprendre sa manucure. Vraiment, Drago ne paraissait lui-même que lorsqu'il se plaignait de Potter. Si ce n'était pas un signe !
o(OvO)o
Harry ne se sentait pas à sa place, chose inhabituelle en présence de ses deux meilleurs amis. Ron, remis sur pieds plus vite que sa fiancée, se tenait debout, le visage rouge et les poings serrés. Hermione, toujours alitée, jouait avec sa bague de fiançailles, le regard mi-coupable, mi-déterminé.
— Hermione, commença le roux, la voix tendue. Tu savais.
— Oui, répondit-elle clairement, la tête haute.
— Et tu es quand même venue ? Tu savais que tu étais enceinte et tu es quand même venue avec nous pour Lestrange ?
Sa voix tonnait dans la pièce, mettant à mal les sorts de silence. Colère, incompréhension, désespoir se lisaient sur son visage. Comment avait-elle pu ? Serait-elle une bonne mère ? Pourquoi ? Voulait-elle le garder ? L'aimait-elle ? Pourquoi ne l'avait-elle pas mis au courant dès qu'elle avait su ? et tant d'autres questions devaient lui tourmenter l'esprit. Harry lui-même ne comprenait pas bien ce qui avait pu passer par la tête de la brune, pour se mettre en danger ainsi en de telles circonstances.
— J'avais peur pour toi, Ron, claqua la brune. Evidemment que je suis venue ! Et si je n'avais pas été là pour soutenir, peut-être que ça aurait mal fini. T'as vu dans quel état, on était, tous les deux ? Imagine si tu avais été seul !
— Notre bébé, Hermione ! Et pourquoi je n'étais pas au courant, d'ailleurs ? Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
— Je n'étais pas sûre du test, j'ai laissé reposer la potion trois secondes de trop avant d'ajouter la poudre de...
Elle se tut toute seule, se rendant compte que débattre sur une recette de potion n'était sans doute pas la meilleure solution pour calmer Ron.
— Bref. Je n'ai su que dimanche, Ron, et je n'étais pas sûre. C'est pour ça que je suis arrivée en retard, pour la...
La phrase resta en suspens, les deux jetant un regard à Harry comme s'ils venaient de se souvenir de sa présence. Celui-ci fronça des sourcils, mais Ron ne lui laissa pas le temps de réagir.
— Je comprends, Hermione. Je crois. Mais là, je dois... réfléchir, d'accord ? C'est beaucoup à procéder. Juste... je suis heureux de savoir que je vais être papa. Je t'aime. À plus, Harry, ajouta-t-il avant de refermer la porte sur lui.
Hermione fondit en larmes quand Harry la prit dans ses bras.
— Chut, ça va aller, murmura-t-il à son oreille en la berçant légèrement. Ça va aller. Il va revenir, il t'aime.
— Je sais bien, répondit-elle sur le même ton. Je sais bien, Harry. On peut parler d'autre chose ? Pas de Ron, pas de bébé, juste... autre chose. Ton rendez-vous avec Drago, par exemple. C'est demain, c'est ça ?
Le brun sourit largement. Si parler de Drago remontait le moral de son amie, alors il n'allait pas se priver. C'était même une situation gagnant-gagnant, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qu'il avait hâte d'être le lendemain soir. Tout était prêt. Il avait peur de décevoir Drago, bien sûr, et peur de ne pas avoir réservé dans un restaurant assez bien, ou au contraire d'avoir visé trop haut pour un premier rendez-vous. C'était difficile de cerner les envies du blond, mais il y tenait tant. Cela faisait bien deux ans qu'il avait des sentiments pour lui, après tout, depuis leur première affaire ensemble. Oui, vraiment, Harry avait hâte.
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Harry et Drago [Valentine 2021]
FanficFévrier 2004. Harry soupire après Drago, tandis que celui-ci, au grand malheur de leurs amis respectifs, fait la sourde oreille, tâchant tant bien que mal de boucler la mystérieuse affaire Clarkson... ________________ Rating : K Pairing : HPDM, RWH...