Harry et Drago [Valentine 2021]

11. Où Drago regrette

10 février 2004

Stupide. Merlin qu'il était stupide. Merlin qu'il regrettait d'être parti, d'avoir fui, encore une fois. Harry ne lui avait pas adressé la parole, ce matin-là, pas plus qu'il ne l'avait regardé, quand ils étaient montés en même temps dans l'ascenseur. Oh, Drago avait bien tenté de s'expliquer, mais le brun était parti dès que les portes s'étaient rouvertes.

Quand il entra dans le bureau, Blaise perdit son sourire immédiatement, saluant brièvement son interlocuteur ou son interlocutrice, probablement Pansy, avant de raccrocher et de se mettre à travailler en silence. Il savait que ce n'était pas le moment, et Drago lui en était reconnaissant.

Ce qu'il devait faire peur à voir, avec son bras en écharpe, ses cernes et sa voix rauque ! Il ressemblait sans doute à un drogué, comme ça. Il n'avait pas dormi de la nuit ; ses yeux se fermaient de sommeil. Mais il avait déjà manqué deux jours de travail, cette semaine-là, et ce n'était pas raisonnable de fuir encore.

Merlin, ce qu'il regrettait d'être parti, la veille. Poussant un soupir, Drago tâcha tant bien que mal de se concentrer sur sa nouvelle affaire en tandem avec le Département de Contrôle et de Régulation des Créatures Magiques.

o(OvO)o

Quand vint le moment de la pause déjeuner, Blaise se leva, salua son ami, et prit la direction du bureau de Granger. Bon sang, mais que s'était-il passé, la veille ? Pansy lui avait bien dit que le blond avait le moral dans les chaussettes à cause de l'attention qui lui était portée, récemment, mais c'était un rendez-vous avec Potter, pas une interview avec Skeeter !

Il croisa sa supérieure à la sortie de son bureau. Elle s'apprêtait sans doute à aller déjeuner.

— Granger, tu sais ce qu'il s'est passé, hier soir ?

— Ben tiens, tu fais bien de m'en parler, Zabini ! gronda-t-elle. Je l'ai prévenu, le Malefoy, qu'il n'avait pas à se moquer de Harry !

Le métisse fronça des sourcils. Mais qu'est-ce qu'elle racontait ? La fierté du blond avait-elle encore tout gâché, ou bien tout cela n'était-il qu'un affreux malentendu ?

— Attends, reprenons depuis le début, Hermione, tempéra-t-il d'une voix lente, tâchant de comprendre. Qu'est-ce qu'il s'est passé, hier soir ? Drago est misérable et insupportable, en plus il a le bras en écharpe. Je crois qu'il s'est Désartibulé.

— Bien fait pour lui ! Ton pote est parti en douce et a laissé Harry seul dans le restaurant en plein milieu du repas alors que tout se passait très bien !

— Un restaurant ? s'étonna Blaise en s'engouffrant dans l'ascenseur. Quel restaurant ?

— Le Vol du Sombral, je crois, répondit Granger en haussant des épaules.

— Tu veux dire le restaurant branché du moment, celui où tout le gratin se ramène et où il y a un ordre pour utiliser les couverts ? Celui-là ?

— Oui, pourquoi ? s'agaça la brune. Je ne vois pas où ça nous mène, tout ça !

— Peut-être que tu devrais retourner à Sainte-Mangouste, Granger, ton esprit de déduction légendaire te fait défaut. Je te rappelle que Drago a du mal avec les journalistes et le regard des autres, depuis la guerre. Ce n'est pas un article de Skeeter qui changera la donne, et surtout pas en deux jours. Il est parti en plein milieu du repas, tu dis ? Si tu veux mon avis, il regrette à mort. Quand je dis qu'il est misérable, je le pense.

La brune se mordit les lèvres, visiblement vexée de ne pas avoir mieux pensé aux raisons des actions de Drago. Puis, dans un soupir, elle se dirigea vers l'aire de Transplanage.

— Je crois qu'on ferait bien de réunir l'A.D., Zabini. Il faut trouver un moyen de les faire se parler.

o(OvO)o

Harry soupira longuement une fois rentré chez Ron et Hermione. Les travaux seraient bientôt terminés et il avait hâte de rentrer au Square Grimmaurd. Il avait hâte de l'oublier, aussi. Merlin, qu'est-ce qui lui avait pris de faire confiance à ce sale rat ? Evidemment qu'il se moquait de lui. Evidemment que ce n'était pas sérieux. Et son regard, quand il avait Transplané... Il n'avait jamais vu ses yeux aussi noirs.

Drago Malefoy n'avait pas tant changé que ça, et lui avait été un imbécile de le croire.

Une fois délesté de ses robes, il se rendit compte que des voies familières provenaient du salon. Quand il découvrit la bande hétéroclite réunie autour du magicophone, il fronça des sourcils.

— Bah, c'est quoi ce silence ? s'étonna une voix depuis le combiné. Continue donc, Blaise, c'était intéressant comme point de vue sur la façon d'aborder le sujet avec...

— Salut, Potter, la coupa précipitamment le métisse. Ça baigne ?

Greengrass lui donna un coup de pied, tandis que la voix explosait d'un rire bien trop unique pour ne pas être celui de Pansy Parkinson. Harry se sentait malade. Il se confiait à Hermione, et elle ne trouvait rien de mieux à faire que d'inviter les amis de l'autre rat d'égouts ?

— C'est quoi ce bordel ? parvint-il à siffler, faute de meilleurs mots.

— On... parlait de l'article de Skeeter, c'est tout, répondit précipitamment Hermione. Comme c'est la tante de Daphné, je pensais essayer de regagner un peu de contrôle sur ce qu'elle dit de moi.

— Et Zabini ? Et Parkinson, alors ? Ils sont aussi liés à Skeeter, c'est ça ?

— Maintenant que tu le dis, Potty, elle a toujours trouvé que j'étais une femme charmante...

Le culot qu'elle avait, cette vache !

— Me prenez pas pour un con, c'est bon. J'ai mieux à faire. Faites ce que vous voulez avec Malefoy, ce n'est plus mon problème. Je vais juste récupérer mes affaires et aller au Terrier, au moins Ron ne m'a pas trahi, lui.

Le roux en voulait toujours à Hermione d'avoir participé à la bataille contre Lestrange en étant enceinte et dormait chez ses parents depuis.

— On est de retour à Malefoy, maintenant ? l'interrogea Greengrass en le regardant dans les yeux.

Mais Harry se fichait de l'appeler Drago ou Malefoy. Il s'était laissé espérer et s'était brûlé les ailes dans le processus – on ne l'y reprendrait pas deux fois. Il se contenta de souffler du nez et de monter les marches menant à sa chambre. Avec un peu de chance, Ron serait plus compréhensive que sa traîtresse de fiancée.