5. Où Ron verdit

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4 février 2004

Ron n'aimait pas travailler le samedi. Malheureusement, il n'avait pas choisi la voie la plus aisée pour passer de bons petits week-ends pépères, loin des tracas du boulot et surtout loin des dossiers comme l'affaire Clarkson.

— Qu'on soit d'accord : on a tous été à Poudlard ensemble, on s'est tapé dessus et tout le bazar ; personne n'a envie d'être ici et tout le monde en a marre de ce dossier de chien. Donc, pas formalités, on oublie les Monsieur, Madame, Auror, ou je ne sais quelle autre bêtise, ce n'est pas le moment. On verra ça lundi, Granger, pas la peine de montrer des dents. Bien. Récapitulons, soupira Malefoy en sortant une liasse de papiers bien rangée. Weasley, Potter, commencez par l'enquête. Il faut être sûrs de ne rien rater.

Tout avait commencé avec une dizaines de morts suspectes, sorciers et sorcières de tous âges empoisonnés par voie cutanée. Ni une, ni deux, Ron avait fait le rapprochement avec les achats de tableaux ou autres œuvres d'art chez un petit antiquaire sans prétention. Son éclair de génie — qui n'avait certainement pas été aidé par sa fiancée, pas du tout — avait rapidement permis de retrouver la boutique, et le présumé coupable : un petit jeune venu d'Ilvermorny, docile et repentant.

— Là, continua Harry, Ron et moi avons fait l'erreur de laisser Boot s'occuper des vérifications de routine. Une fois de retour au Ministère, on s'est rendu compte que le gamin, Isaac Miller, était sous Imperium, et n'avait jamais fait que vernir les peintures avec ce que lui donnait Clarkson, ou quel que soit son véritable nom. De fait, on a fait que quelques interrogatoires, sous Veritaserum à sa demande, et il n'est coupable que d'avoir été faussaire. Il fera sans doute quelques T.I.G. puis sera expédié à New York par le premier Portoloin. Mais pour Clarkson, on ne pouvait plus rien faire. Les poisons étaient trop compliqués à analyser pour nous, et l'équipe se retrouvait amputée d'un membre à coup sûr vu que Boot est parti en MAPD pour faute grave...

— OK. C'est là que j'entre en scène, ajouta Hermione. Etant donné que le Bureau des Aurors ne pouvait pas agir seul, il fallait que le S.I.M. intervienne. Clarkson a utilisé des poisons bien trop savants dans ses tableaux, d'où l'aide de Malefoy, et surtout, quand vous êtes revenus à la boutique après vous être rendu compte de la faute de Terry, il n'y avait plus rien que ce que l'on appelle une Anomalie.

— Ouais, et le Département des Mystères l'a récupéré, grogna Ron. On va encore en chier pour récupérer quelques résultats de leurs observations, et ça on peut rien y faire, pas même le Service Intersectionnel. Il fonctionne que pour les autres Départements, j'te rappelle.

— Par contre, le D.D.M. fait partie de ma juridiction, sourit la brune, étant donné que je suis Langue-de-Plomb de formation. J'ai encore le droit d'y aller, et je sers d'intermédiaire avec le reste du Ministère. Greengrass et Funestar m'envoient des rapports réguliers sur l'Anomalie, mais je ne peux pas les partager avec vous pour des raisons évidentes de confidentialité. On doit donc mettre en commun le plus possible afin que je puisse avoir toutes les cartes en main.

Drago se frotta les yeux. Il n'avait que peu dormi de la nuit, torturé par cette affaire à la noix et par les événements de la veille avec Potter.

— Je n'ai pas réussi à identifier toutes les composantes du poison utilisé, avoua-t-il en étouffant un bâillement sous le regard inquiet des autres. Je n'ai pas assez d'échantillons, je n'ai pas assez de réactifs, et surtout je n'ai pas assez de temps. On a vraiment besoin de collaborer avec le D.D.M., il n'y a que Daphné qui ait les connaissances nécessaires, sans vouloir te vexer, Granger. Il y a trop d'ingrédients à la fois banals et extrêmement rares, qui peuvent provenir de trop de marchés différents. La plupart des apothicaires, a fortiori ceux qui travaillent dans l'underground, est soumise à un contrat de confidentialité avec ses clients. C'est incompréhensible.

— Malefoy... Drago, se reprit Granger. Calme-toi, on va trouver une solution. Je suis en train de me battre avec le Directeur du Département des Mystères pour trouver un arrangement. On va trouver quelque chose, d'accord ? On va le boucler, ce rat, je te le promets. T'es le meilleur élément du service...

— Oui, enfin, on est quatre, rit faiblement le blond.

— ... et tu as toute ma confiance. J'ai été dure avec toi, hier, mais ce n'était pas pour la qualité de ton travail.

Drago ne put se retenir de lancer un regard à Harry, croisant le sien. Le brun souriait doucement. Ses lèvres avaient l'air douces.

— Ouais, je sais, Hermione, soupira-t-il. Je sais.

— Oh mais par tous les lutins de Cornouailles de Grande-Bretagne, tu ne vas pas t'y mettre aussi, Malefoy ? geignit Weasley, renversant un peu de son café en esquivant un coup de coude de Potter.

Le teint un peu vert, le rouquin souriait malgré tout un peu, lui aussi. Peut-être que tout n'était pas perdu. Peut-être qu'ils pourraient trouver un moyen de s'entendre, tous. En tout cas, en voyant les trois anciens Gryffondor se chamailler comme au temps de Poudlard, comme avant la guerre et avant les morts, Drago avait envie d'y croire. Peut-être que lui-aussi trouverait sa place dans le monde sorcier, une fois la haine et la rancœur oubliées. 

Harry et Drago [Valentine 2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant