10. Où Harry réussit (ou pas)

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Bonsoir. Au moment où je commence l'écriture de chapitre, je sais déjà qu'il sera en retard, et de plus que dix minutes. Désolée pour ce décalage, j'avais juste besoin de lire, plutôt que d'écrire, et ça m'a fait du bien, je crois. Pour celleux que le Dramione ne fait pas hurler d'horreur, n'hésitez pas à lire L'Autre de Lyra Verin, c'est une excellente histoire qui m'a vraiment marquée. En tout cas, je vais faire en sorte de publier le dernier chapitre le 14, comme prévu :)

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9 février 2004

Drago fit disparaître sa garde-robe d'un air paniqué quand il entendit le carillon. Salazar, Harry était déjà là, et lui n'était absolument pas prêt. Bon, il était tout de même habillé et coiffé, mais psychologiquement... c'était une autre paire de manches.

La journée de travail avait été assez lourde et, comme il l'avait soupçonné, les regards s'étaient faits insistants, bien plus que d'ordinaire. Certes, ils étaient surtout curieux, voire admiratifs pour les plus impressionnables, mais il restait le quota de haine et de rancœur qui le suivrait sans doute jusque dans sa tombe. Cela, plus que tout le reste, l'avait drainé de toute son énergie, et il le regrettait. Après tout, c'était son premier rendez-vous avec Harry, et il était déjà nerveux et anxieux – pas les meilleures dispositions pour une conversation sereine et intéressante, comme il aurait voulu. Pas les meilleures dispositions pour quoi que ce fût, d'ailleurs.

Il avait hésité à reporter au week-end, vraiment, mais s'était fait une raison. De toute façon, c'était trop tard, maintenant. Harry était là, à l'attendre de pied ferme, et il était grand temps de partir, prêt ou pas. Comme de juste, le carillon sonna une seconde fois et Drago se motiva à descendre. Il pouvait le faire, après tout, et ce n'était pas ce petit brun minuscule qui allait lui faire peur, même avec son regard vert intense.

Quand il ouvrit, Harry était là, beau comme un dieu, un sourire timide mais confiant ornant ses lèvres roses. Drago mourait d'envie de lui dire d'entrer, de faire quelque chose de simple, d'annuler le restaurant. Mais il n'en fit rien, par fierté, probablement.

— Bonsoir, Harry.

Sa voix semblait si grave ! L'était-elle autant, d'ordinaire ?

— Bonsoir, Drago, répondit l'autre, un peu ému, en lui tendant la main. Je nous fais Transplaner ?

Harry profita de la sensation de chaleur contre sa paume avant de les faire réapparaître dans l'aire de Transplanage du Chemin de Traverse. Avec l'article de Skeeter, il avait bien conscience qu'un dîner à Londres ne serait pas nécessairement le bienvenu, mais il avait peur de l'emmener chez les Moldus pour un premier rendez-vous. C'était sans doute stupide, mais Harry voulait que Drago se sente le plus à l'aise possible, ce soir-là.

Merlin, comme il avait du mal à s'y faire ! Drago s'intéressait peut-être à lui de cette façon aussi. C'était difficile à déterminer, étant donné qu'il avait accepté dans le feu de l'action, après avoir bouclé Clarkson, mais il y avait aussi eu l'affaire de la chemise. Rien que d'y repenser, Harry sentait le feu lui monter aux joues (et descendre ailleurs).

— Bonsoir, Monsieur Potter. Nous vous attendions, salua le maître d'hôtel à sa vue. Monsieur Malefoy.

Trop heureux d'être là, aux côtés de celui qu'il aimait, Harry ne s'aperçut pas du léger mouvement de recul de Drago à la salutation de l'homme, pas plus qu'il ne se rendit compte qu'on les fixait. Il en avait l'habitude, depuis le temps.

Ils s'installèrent, commandèrent des mets de choix et du vin. C'était l'un de ses restaurants où il y avait un ordre à suivre pour les couverts, où il y avait des règles bien précises à suivre. Harry avait fini par les intégrer malgré lui, à force de dîners acceptés avec plus ou moins d'enthousiasme, et il suivait l'étiquette sans y penser, prenant simplement plaisir à parler de tout, de rien avec Drago. Ils restaient loin des sujets qui fâchent, mais n'hésitaient pas à donner leurs avis respectifs et parfois opposés en ce qui concernait la politique sorcière ou la coupe du monde de Quidditch à venir.

Au fur et à mesure du repas, Harry oublia ses craintes premières. Tout était bien, et il n'aurait pu rêver d'un premier rendez-vous plus parfait que celui-ci.

Mais Drago, lui, avait peur. Il prenait plaisir à la conversation, bien sûr, souriait sans feinte en se remémorant diverses anecdotes de Poudlard, mentionnait quelques potins plus ou moins avérés mais surtout très drôles sur leurs collègues, leurs supérieurs, ou quelque politique qu'il avait pu côtoyer durant son enfance. Il se sentait vaguement tomber de plus en plus sous le charme de l'imbécile, avec ses cheveux en bataille et son sourire et son regard si intensément vert, si passionnément brûlant.

Mais son esprit, lui, était concentré sur les autres regards, sur les murmures et les grimaces. Ils formaient un couple improbable, après tout. Contre-nature. Le Sauveur et l'ancien Mangemort, quelle bonne blague. Une tentative de perversion de l'Elu, voilà tout. Une aberration qui n'avait pas lieu d'être. Une relation qui n'avait pas d'avenir, qui de toute façon serait tuée dans l'œuf.

Il se sentait mal. Il posa sa fourchette, s'excusa, le regard fuyant, la vision trouble, la respiration comme bloquée. Ils le regardaient, tous, avec leurs yeux globuleux, comme les carpes que sa mère avait achetées pour le bassin principal, comme les Êtres des Eaux qui l'observaient, la nuit, dans les dortoirs de Serpentard. Dieu qu'il avait peur de ces regards, de ces yeux qu'il voyait par centaines dans ses pires cauchemars, qui se rappelaient sans cesse à lui, lui hurlant des horreurs, ses erreurs, et le reste.

Pansy n'était pas là pour l'apaiser, Harry ne savait rien, ne devait rien savoir. Les manches négligemment retroussées, laissant apercevoir cette maudite marque qu'il haïssait, Drago se tenait aux lavabos des toilettes du restaurant, tâchant tant bien que mal de retrouver un rythme de respiration correct, en vain. Le carré des trois ne fonctionnait pas, et il les entendait, tous. Il tenta bien de se passer de l'eau sur le visage, de réajuster son pull en cachemire, de se détendre, mais rien n'y faisait, et il sentait sa gorge se serrer et les larmes poindre et la honte...

On toqua à la porte, qu'il n'avait pas fermée. C'était Harry.

— Drago, ça va ? Ça fait vingt minutes, là...

Déjà ? Drago n'avait pas vu le temps passer. Drago n'avait rien vu, rien que ces regards, encore et encore. Que dire, maintenant, à Harry ? Que lui dire, et que faire, et... ? Tant de questions sans réponses, tant de choses qui le poussaient à fuir, comme il le faisait si bien. Juste le temps de croiser les yeux verts, blessés, dans le reflet du miroir, et Drago était de nouveau chez lui, le bras endolori, probablement Désartibulé, et le cœur meurtri.

— Winry ! Sainte-Mangouste ! hurla-t-il de douleur, les larmes plein la voix.

Merlin, il avait tout fait foirer.

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Voilà, c'est tout pour ce soir. Je tâcherai d'écrire comme je le pourrai demain, mais il me reste encore beaucoup de travail avant d'enfin être en vacances. 

Désolée de leur infliger ça, à ces deux idiots, mais j'avais pas envie que ce soir si facile pour eux, après tout.

J'espère que ça vous a plu et encore désolée pour le retard, je fais de mon mieux en ce moment. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé :') 

Merci d'avoir lu et on se retrouve demain (normalement !)

Harry et Drago [Valentine 2021]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant