Case 2 : Le collègue solitaire

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Hermione s'étira longuement, faisant craquer une à une ses articulation. 

— Arrête ça, grimaça son collègue, toujours mal à l'aise face à ces craquements. 

— Désolée, Drago, ça me fait juste du bien. 

La journée avait été longue, d'autant qu'ils prenaient tous deux quelques jours de congé pour les fêtes. La brune n'avait que peu d'occasions de voir sa famille, et c'était Astoria qui avait la garde de Scorpius, alors quand le blond pouvait voir son fils, il sautait sur l'occasion. 

— Tu peux partir, Hermione, soupira le blond en se frottant les yeux. Je fermerai en partant. 

— Parce que tu n'as pas fini ? s'étonna la jeune femme en fronçant des sourcils. 

— Je dois juste finir le dossier Clarke, ça me prendra... 

— Mais Elliot te l'a demandé pour février ! 

— Oui, bah ton cher Page a décidé d'avancer la date à demain. 

La brune roula des yeux. Drago n'avait jamais vraiment aimé Elliot, pour une raison obscure, et n'avait jamais non plus été un très bon menteur. 

— Drago, je connais Elliot, et iel ne ferait jamais ça. Surtout pas la veille de Noël. En plus, tu as une tête à faire peur, et tu mens mal. Qu'est-ce qui te chiffonne ? 

— Laisse-moi travailler et va rejoindre ta marmaille, l'ignora le blond, fixant résolument du regard le stylo à bille moldu qu'il lui avait volé un an auparavant. 

— Ma... Ah, c'est donc ça, le problème. 

Hermione savait que passer l'année seul pesait à son ami. Elle savait aussi que, chaque fois qu'il revoyait Scorpius, il avait l'impression de n'être qu'un étranger pour l'enfant. Après le divorce, Astoria avait récupéré la garde exclusive du petit, et ne le laissait à Drago que pour Noël, juste après avoir fêté Hanouka avec son mari. Elle savait aussi que c'était cette différence de culture entre leurs deux familles qui avait eu raison du couple ; ça, et la bisexualité de Drago. Les parents d'Astoria ne s'étaient jamais ouverts sur d'autres questions que celle de la pureté du sang et, même si la brune avait aimé et accepté Drago, la pression familiale s'était faite trop forte. 

— Il m'a probablement oublié, ricana amèrement le blond. 

Mais Hermione n'était pas dupe, et voyait la douleur dans son regard. Quelques années plus tôt, elle l'aurait probablement laissé souffrir en silence. Mais quatre ans à ses côtés, durant lesquels il l'a soutenue dans toutes ses grossesses et ses peines, malgré leur inimité passée, malgré sa méfiance, avaient eu raison de son cœur de glace. Drago était son ami. Elle n'aimait pas voir ses amis souffrir. 

Il est difficile pour un parent de ne voir son enfant qu'une fois par an, et de chaque fois se demander : me reconnaîtra-t-il ? Surtout à ce si jeune âge. Le petit devait maintenant être de l'âge d'Albus, environ. Hermione ne l'avait vu qu'une fois, quelques jours auparavant, quand elle était passée déjeuner avec Harry chez les Aurors. Le petit était en train de rire dans les bras de son beau-père, Noam, et ressemblait beaucoup à James dans les bras de Harry, quand le brun avait trois ans, lui aussi. Il y avait ce bonheur sur son petit visage, et cette confiance infinie en l'adulte qui le tenait contre lui, alors même que Drago était dans le bureau juste en-dessous. 

Hermione n'osait même pas imaginer se retrouver dans la même situation avec Rose, ou même avec le tout petit Hugo. Elle ne comprenait pas pourquoi Noam refusait que Drago voie son fils, alors même qu'Astoria le lui demandait souvent. La brune les avait déjà entendus se disputer, et puis Ginny entendait pas mal de ragots, étant la petite amie de Blaise Zabini. 

Me reconnaîtra-t-il ? Que répondre à cette question, à cette douleur sourde ? Hermione n'en avait pas la moindre idée. Tout était idéal, avec sa petite fille. Rose était belle, et souriante, et calme, et intéressée. James avait été parfait avec Harry et Ginny, en un sens, mais Albus était un autre sujet. Un accident, déjà, pour commencer. L'une des raisons du divorce entre ses deux amis, aussi. Un enfant silencieux, trop silencieux, et bien plus renfermé sur lui que la plupart des enfants de son âge. Et puis, Fred II était un cas spécial. George n'aurait jamais dû donner un tel nom à son fils, à celui qu'il voyait tous les jours, à celui qui, chaque fois, lui rappelait la perte d'une partie de son âme. 

Vraiment, Hermione était chanceuse, avec sa petite Rose. Le petit bourgeon, comme la surnommait Molly. Si Scorpius avait été ami avec la petite, ou même avec James, peut-être qu'il aurait pu voir son père plus souvent... Soudain, la lumière se fit, et elle attrapa la main de Drago, lui sourit. 

— Tu vas arrêter de travailler, Malefoy. Même si tu ne mentais pas, Elliot comprendrait — et je sais que tu mens. On va aller chercher ton fils, tous les deux, et tu viendras fêter Noël avec nous au Terrier. Il y aura Albus et Rose, et d'autres enfants, Scorpius ne sera pas seul, et il y aura Blaise. Je ne te laisse pas le choix.  

Et si le blond haussa un sourcil à l'utilisation de son patronyme, il se plia bien vite à la volonté de la brune, hochant la tête avec un sourire las. Peut-être Hermione avait-elle visé juste. Peut-être cette année-là serait celle qui réunirait père et fils. 

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Bonsoir ! Voici donc la deuxième case, beaucoup plus longue (oups) que la première, ce qui ne sera pas nécessairement le cas de tous les OS. Et, pour ceux qui n'auraient pas vu les nouvelles, Elliot Page (Umbrella Academy, Inception...) a fait son coming-out hier ! Ses pronoms sont he/they, qu'on peut traduire par il/iel, et j'ai décidé de lui faire un clin d'oeil dans ce one-shot. 

En tout cas, merci d'avoir lu, et on se retrouve demain !


Calendrier de l'Avent Harry Potter [2020]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant