Case 16 : Brûlée

91 18 3
                                    

En se levant, ce matin-là, Pétunia Dursley eut le plaisir de voir que son fils adoré avait fait sa liste pour les fêtes de fin d'année. La lisant rapidement, souriant doucement devant les découpages grossiers de Dudley, elle prit note d'aller rapidement acheter la console à Londres, avant qu'il n'y en ait plus aucune. Pour l'heure... 

En réveillant le garçon par un coup sec à sa porte, Pétunia ne manqua pas de voir l'enveloppe soigneusement fermée, à moitié cachée sous la couverture, pas plus que la lampe de poche camouflée à la va-vite au fond du placard exigu. 

Après avoir envoyé Harry préparer le petit-déjeuner, elle récupéra la lampe et l'enveloppe, sur laquelle était écrit en lettres capitales "POUR LE PÈRE-NOËL". Elle reposa la lampe à sa place, et jeta la lettre sans l'ouvrir. Sans la brûler, surtout. 

Elle avait toujours été jalouse des cadeaux de Lily. Sa petite sœur avait toujours eu les plus beaux, les plus chers... ceux que même leurs parents regardaient étrangement, comme s'ils ne les avaient jamais achetés. Ou plutôt, parce qu'ils ne les avaient jamais achetés. Mais Lily était toujours heureuse, et les cadeaux anodins, alors ils n'avaient jamais rien dit, se contentant de sourire et d'oublier rapidement que ces présents n'étaient pas les leurs. 

Pétunia n'avait jamais oublié ; ni les cadeaux, ni la lettre que Lily avait toujours brûlée en décembre, depuis ses quatre ans. Ni le fait que sa sœur avait toujours tout partagé avec elle, avant ses onze ans. 

Pétunia haïssait la magie. Cette magie qui lui avait tout pris. Elle haïssait cette sorcellerie qui avait rendu Lily si heureuse, et qu'il l'avait tuée. Qui n'avait été qu'une illusion, une lueur qui n'avait été vive que pour s'éteindre plus vite. 

C'était pour cette raison qu'elle voulait ne jamais faire espérer Dudley en vain. Ne jamais lui faire croire qu'une chose à laquelle il n'aurait jamais accès pouvait faire revivre les fleurs fanées, quand en vérité il est certaines fleurs dont le flétrissement ne peut être évité même par le plus puissant des sorts. 

Dudley ne croyait pas au Père-Noël. Sa lettre, il l'avait adressée à sa famille. Il n'avait jamais vu les beaux jouets, ceux qui avaient forcément été confectionnés manuellement tant ils étaient de bonne qualité. Il n'avait jamais vu les fleurs renaître, et les feuilles voler. Pétunia avait tout fait pour qu'il ne voie pas non plus les cheveux de son cousin repousser. 

Vraiment, Pétunia avait tout fait pour que son fils ne connaisse jamais la douleur atroce qui l'avait fait mourir un peu, elle aussi, ce soir d'Halloween 1981, et plus tard, quand pendant plusieurs jours encore elle avait cru et espéré que ces sorciers puissent ramener sa sœur. 

Et quand, plus tard dans la journée, elle croisa le regard d'incompréhension de son neveu, elle ne dit rien. Il ne serait pas puni, parce qu'il ne le méritait pas, mais il pouvait toujours rêver s'il voulait poster une lettre au Père-Noël. Pétunia savait que ce n'étaient que des fadaises, quand elle voyait toutes les cendres dans la cheminée. 

Celles de lettres qu'elle avait envoyées tout au long des années, mais qui n'avaient fait que se consumer lentement, parce qu'elle était normale, elle. Les cendres de ces lettres qu'elle avait brûlées chaque décembre, en vain. 

Nul ne méritait un tel espoir, poison qui lui avait longtemps consumé l'âme. Pas même Harry Potter. 

__________

Je ne sais pas si c'était cohérent mais j'espère que ça vous a plu x)

Merci d'avoir lu !

Calendrier de l'Avent Harry Potter [2020]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant