Calendrier de l'Avent Harry Potter [2020]

Case 8 : Le gui de Sirius

Parce que je ne pouvais décemment pas faire sans eux... Je les aime d'amour, hein, tous. Sauf Peter, mais bon, c'était encore leur ami, à l'époque, avant que la peur ne lui fasse faire des choses idiotes (ouh, le bel euphémisme). Bonne lecture !

TW : alcool, guerre, mort (mention), mention très très légère de mutilation, mais à part ça c'est Noël vous en faites pas

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La soirée battait son plein, dans la salle commune de la maison Gryffondor. L'alcool coulait à flot, malgré toutes les précautions prises par Remus et Lily, et les sorts de silence et d'insonorisation jetés sur les murs, les fenêtres et les portes leur permettaient d'avoir une relative sécurité vis-à-vis des professeurs et de Rusard. 

Ils riaient, dansaient, buvaient, oubliaient surtout les horreurs de la guerre. Oubliaient, le temps d'une soirée, que leur tante était Née-Moldue, ou leur père Cracmol. Oubliaient les enveloppes noir encre de condoléances noires d'encre, tâchées de larmes et vides de réconfort. Ce matin-là, encore, entre les emballages dorés et les cartes de vœux, la une des journaux avait été bien triste, et quelques élèves étaient partis assister à des funérailles. 

Mais c'était Noël ; la vie continuait, malgré les morts et malgré les défaites, malgré tout. Il était temps de vivre, à fond, jusqu'à en mourir d'épuisement, le sourire aux lèvres, la baguette et le mentons levés, l'air de dire "merde" au Sort, l'honneur intact et les mains rouges du sang de l'ennemi. 

Rouges comme les tentures sombres du cette pièce chaleureuse qui avait été leur seconde maison durant sept longues années. Ils la quitteraient bientôt, pour partir à la guerre ou la fuir, mais ils avaient encore le temps de profiter, un peu. Beaucoup étaient restés, cette année-là, pour Noël. Par peur du dehors, par envie d'oublier, rien qu'un peu. 

Ils s'étaient tous mélangés, ce soir-là, il y avait même le seul Né-Moldu réparti à Serpentard depuis cent-cinquante ans, un petit brun de cinquième année avec des cicatrices mal pansées sur les bras. Sirius savait grâce à lui que son frère n'était pas tant que ça l'héritier modèle, finalement, et qu'il lui arrivait de pleurer derrière la sécurité des rideaux de son lit. Quelque part, il se sentait rassuré de savoir que les Serpentard dormaient dans des chambres doubles, et que son frère était tombé sur le seul mec potable du lot. Le seul qui ne deviendrait jamais un Mangemort. Il y avait encore de l'espoir. 

Il y avait toujours de l'espoir, comme disait Lily. 

La rousse avait d'abord froncé du nez devant les quantités astronomiques d'alcool moldu comme sorcier, mais elle s'était vite prise au jeu. Marlène et Dorcas enchaînaient les shots sous son regard bienveillant, et Lily riait, ses joues rosies par la chaleur ambiante et par les quelques Bièraubeurres qu'elle avait bues. Elle n'avait jamais su tenir l'alcool, peu importait la quantité. 

Remus et Peter buvaient de l'eau dans leur coin, parlant à voix basse derrière un sort de silence. La pleine lune aurait bientôt lieu, et il fallait bien que quelqu'un se dévoue pour organiser la soirée dans la Cabane Hurlante, même si c'était sans doute idiot de s'y prendre le soir de Noël — Peter n'avait jamais été le plus intelligent de la bande, et ils l'aimaient comme ça, au fond. 

James titubait un peu, se dirigeant de sa démarche mal assurée vers l'élue de son cœur, et il avait l'air heureux, si heureux. Avec son sourire qui allait d'une oreille à l'autre, et ses yeux pétillants de bonheur et d'ivresse. Sirius aurait voulu que ce moment dure toujours, et que son meilleur ami, son frère d'âme, ne se souvienne jamais que la veille son cousin était mort. 

Alors, avec sa baguette, Sirius conjura un peu de gui, auquel nul ne fit attention sinon James, qui lui adressa un de ses plus beaux sourires, de ceux pour lesquels Sirius aurait traversé l'Atlantique à la nage, pour peu qu'ils apparaissent un peu plus souvent. 

Et quand, sous les cris de joie et les olas, les deux Préfets-en-Chef s'embrassèrent, Sirius sut qu'il n'aurait jamais pu trouver meilleur cadeau de Noël que la joie pure et intense qui irradiait de ses deux amis. Il y en avait d'autres bien sûr, plus classiques et plus futiles, mais leurs sourires et leurs rires dans ces temps sombres étaient vraiment la seule chose suffisamment précieuse à ses yeux qui valait qu'on lui consacre quelques minutes de temps, au détriment de la guerre qui se préparait. La seule.