Case 6 : Meurtrier

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Bon, dans ce recueil, Lily Luna Potter n'existe pas... Je précise juste au cas où. Bonne lecture ! 

Egalement, pour celleux qui suivent Le Pouvoir d'un Nom, je n'ai pas fini d'écrire le chapitre de cette semaine. Je le posterai entre lundi et mercredi, selon le temps que j'aurais pour écrire ! 

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Albus courait, fait suffisamment rare pour être noté. Son manuel de potions sous le bras, il filait comme le vent, regardant à peine où il allait, pourvu que ce soit loin de James. Son frère était un imbécile. Vivement l'année suivante, car alors il serait le seul Potter à Poudlard, et ceux qui le harcèleraient ne seraient alors pas protégés par leur statut de fils du Sauveur. Parce que Harry, aussi aimant soit-il, avait toujours préféré James, malgré toutes les crasses qu'il avait faites à Albus. 

Au fond de lui, le brun savait que James le considérait encore comme responsable de l'échec du mariage de leurs parents, même s'il clamait le contraire. Depuis aussi loin qu'il se souvienne, James le détestait. Cet état de fait commençait doucement à changer, au fur et à mesure que James grandissait, mais la petite voix de l'enfant qu'il avait été, et qui avait voulu que ses parents continuent de s'aimer à l'infini... cette voix serait toujours présentes. 

Le cœur lourd de ces pensées moroses, Albus sentit l'obstacle avant de le voir. S'écrasant contre la masse froide et immaculée, il jura, de la neige plein la bouge. Comme s'il avait besoin de ça... 

— Tu as tué mon bonhomme de neige ! s'écria une voix familière. 

Plus amusé qu'énervé, Scorpius regardait son meilleur ami, les mains sur les hanches, peinant à camoufler un sourire. 

— Désolé Scorp', marmonna le jeune Potter en se relevant, je...

— Tu as assassiné mon bonhomme de neige, Albus, le coupa l'adolescent en s'éloignant de quelques pas. C'est impardonnable ! 

— Qu'est-ce que tu racontes, enfin, Scorpius, ce n'est qu'un... Ah ! 

Les yeux écarquillés et la bouche entrouverte sous le choc du froid, Albus n'hésita que quelques secondes avant de riposter et de courir hors de portée du blond, lequel le suivit en riant. 

Toutes les stratégies étaient permises, du coup bas à l'attaque frontale, du lancer hasardeux aux calculs arithmantiques précis — bien que ceux-ci fussent compromis par le manque absolu de sérieux des deux comparses. Les deux amis se chassaient et se fuyaient, riant à en avoir mal aux côtes, James et le bonhomme de neige oubliés depuis longtemps. 

Scorpius restait le seul à vraiment pouvoir faire ressortir ce côté de la personnalité d'Albus. Plus d'une décennie plus tôt, ils s'étaient rencontrés un soir de Noël et ne s'étaient plus quittés. Albus n'avait rien à avoir avec le reste de sa famille ; il était de loin le plus calme, et le plus brillant. Seule Hermione Granger parvenait vraiment à le suivre dans ses raisonnements, mais elle-même avait toujours eu une personnalité de feu. Albus était l'eau dormante dont il fallait se méfier, et son meilleur ami était le seul à pouvoir faire de lui un torrent de montagne. Scorpius aimait avoir ce privilège, cette relation unique avec Albus. 

Scorpius aimait, point. 

À l'orée de la forêt interdite, Albus ralentit doucement le rythme de sa course, le souffle court, les joues rougies par l'effort et par le froid. Imitant son ami, le blond ramassa une dernière poignée de neige et la plaqua contre la nuque du brun. 

Albus glapit et, dans une tentative de retirer la poudreuse de son écharpe, ses gesticulations vaines les entraînèrent tous deux au sol, définitivement mouillés, et essoufflés. Les rires se turent pour laisser place à un intense échange de regard, vert profond surplombant gris acier. 

Scorpius ne parvenait à détacher ses yeux du monde vert qui s'offrait au-dessus de lui. Il avait toujours été fasciné, aimanté par son meilleur ami, mais jamais tant qu'à ce moment précis. Ses bras bougèrent tous seuls, et ses mains se glissèrent sous la cape du brun. 

— J'ai les doigts gelés, se justifia-t-il devant le regard inquisiteur de son ami. 

Albus hocha lentement la tête, puis humecta ses lèvres, desquelles Scorpius ne put alors détacher son regard. Tout chez lui l'attirait. Mais son regard perçant et sa bouche charnue s'érigeaient sans aucun doute sur le podium de ce qui l'électrisait jusqu'au bout des ongles. 

— Tu crois qu'il y a du gui dans l'arbre au-dessus de nous ? reprit le brun, son visage dangereusement proche. 

— Ce serait bien, murmura Scorpius, avant qu'Albus n'écrase ses lèvres contre les siennes.  

Ce fut comme si leur baiser avait été si intense qu'il avait causé une distorsion de l'espace-temps. Le monde était à la fois à l'envers et à l'endroit, et le temps s'étirait à l'infini, ou s'était arrêté, Scorpius ne savait pas, ne savait plus, s'en moquait. Le monde extérieur pouvait aussi bien ne pas exister, eux-mêmes pouvaient aussi bien être réduits à deux bouches et deux cœurs, ils s'en fichaient éperdument. Rien ne comptait que la peau de l'un contre celle de l'autre, et la rugosité de leurs lèvres gercées par le froid. Leurs nez se cognèrent, et leurs vêtements étaient trempés, et ils se les gelaient comme pas permis, allongés comme des cons dans la neige, mais Scorpius n'imaginait rien qui puisse être plus parfait que leur premier baiser. 

— J'arrive pas à croire que tu te laisses embrasser par un meurtrier, rit doucement Albus, quand ils se séparèrent enfin. 

— Faut croire que je tenais pas tant que ça à ce bonhomme de neige, sourit Scorpius avant d'attraper à nouveau les lèvres de son alter ego. 

Ils n'avaient jamais paru aussi heureux qu'en cet instant, et peut-être qu'ils regretteraient plus tard de ne pas s'être réfugiés dans la chaleur des cuisines, et peut-être que ça serait compliqué, plus tard, au vu de la relation plus ou moins secrète qu'entretenaient leurs pères, mais, pour l'heure, rien n'avait d'importance si ce n'était les battements fébriles de leurs cœurs. 

Calendrier de l'Avent Harry Potter [2020]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant