Chapitre 8 : Dolos

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Il faisait froid, mes mains étaient gelées et mon corps peinait à garder une température au-dessus des trente-sept degrés réglementaires. Cela devait faire au moins trente minutes que nous marchions dans les rues sombres de Tokyo. C'était ma sortie de la journée, de la semaine ou même du mois qui sait. Une fois la nuit tombée, c'était plus simple de se fondre dans la masse et d'échapper à la police. Oui, parce que Yoongi aussi les évitait.

On avait quitté l'appartement vers dix-sept heures afin de se rendre dans la zone commerciale du coin. Je n'avais pas fait le grand difficile, m'achetant principalement des hoddies foncés ainsi que des jeans confortables. Deux paires de converses et un sac à dos noir en prime.

Pour ce qui était du petit linge, j'avais pris un assortiment de boxer unis et des chaussettes on ne peut plus basiques. Quelques emplettes plus tard à base d'affaires de toilettes et crèmes pour le corps, nous étions repartis en direction de l'immeuble sans oublier de faire un détour par un magasin multimédia pour acheter un ordinateur et un téléphone.

De retour au bercail, je m'étais mis à ranger mes affaires dans les espaces que m'avait libéré Yoongi, c'est-à-dire un tiroir dans la salle de bain, deux étagères dans la chambre et la moitié de la table du salon, qui allait désormais nous servir de bureau permanent.

Une heure et demi plus tard nous quittions une nouvelle fois l'immeuble vers une destination qui m'était inconnue. « Mets des habits sombres et n'oublies pas ton masque » était la seule chose qu'il m'avait dit. Niveau communication des informations il fallait revoir certains points. Je voulais bien qu'il me cache certaines données dans le but de me ou se protéger, mais il pouvait au moins avoir la gentillesse de m'informer des lieux où il m'amenait.

C'est ainsi que je me retrouvais à le suivre tel un chien dans le labyrinthe qu'était la capitale de l'Est. J'avais toujours beaucoup de mal à me repérer parmi toutes ces rues qui se ressemblent, ces grandes avenues différentiables uniquement par les enseignes qui s'y trouvaient et le monde déambulant d'un trottoir à l'autre. Ce domaine de tours gigantesques et de panneaux lumineux m'agressait. Je me sentais désorienté et complètement paumé, peut-être que la plante verte le faisait exprès dans le but de m'empêcher de retrouver mon chemin si l'idée de lui faire faux bond me prenait.

Il marchait devant moi tête baissée, capuche relevée et masque englobant la quasi-totalité de son visage. Je me mis à trotter jusqu'à sa hauteur. Quand bien même nous faisions la même taille, à quelques millimètres près, il avait une fâcheuse tendance à faire des pas de géant.

« On est bientôt arrivé ? »

Il me considéra un bref instant avec le regard le plus noir et désinvolte qu'il avait en stock.

« Tu poses beaucoup de questions, Park. »

Décidément ce mec était lunatique. Un jour il me mettait la pression pour que je vienne vivre sous son toit et le lendemain c'était limite s'il ne voulait pas me semer au coin d'une rue. Min Yoongi. Tu es une énigme.

Mais moi, j'étais rempli de folie, et j'allais me faire une joie de déchiffrer chaque parcelle de son cerveau, épier son fonctionnement et révéler au grand jour la couleur de son âme. Je n'allais pas me gêner pour assembler les pièces du puzzle qu'était sa vie. M'amuser avec les chaînes qui le retenaient, les tirer puis les couper, histoire de jouer un peu plus avec sa conscience et ses envies, ses peurs et ses doutes, sa retenue et ses perversions.

Libérez ses fantômes, toucher son euphorie, embraser sa névrose jusqu'à décupler sa psychose. Oui Min Yoongi, j'étais bien sage tu ne trouves pas ? Et pourtant Dieu seul sait, s'il existe, que j'étais l'opposé même d'un enfant de chœur. Règle numéro une : ne jamais se fier à une gueule d'ange.

Arès meets HadèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant