Je vais te tuer, Min Yoongi. Te percer les yeux, t'écarteler, t'arracher les côtes une par une, te défenestrer, te faire bouffer tes putains de maudites clefs !
J'avais la haine car ce connard de bouquet de persil me retenait prisonnier encore une fois. Il était dix-sept heures, et je n'étais toujours pas à la recherche d'un endroit où squatter pendant les prochains jours, tout ça à cause de lui.
Je vais te tuer, Min Yoongi. Dès que ma personne sera en sécurité, je m'occuperai de ton cas. C'est une promesse.
Après avoir préparé le repas la veille, ce mec s'était enfermé dans un mutisme total. En clair, depuis l'annonce de son nom, monsieur n'avait plus laissé une seule octave sortir de sa bouche.
On avait mangé en silence avant qu'il ne parte se coucher et moi m'affaler sur le sofa. J'avais trouvé le sommeil facilement, récurer son appartement m'avait vraiment épuisé.
Mais loin d'être totalement con, je sentais la couille venir. Lorsque je m'étais réveillé pour soulager ma vessie – il devait être environ trois heures du matin – je m'étais mis en quête du Saint Graal : la clef de la porte d'entrée.
J'ai cherché dans tous les tiroirs du salon, fouillé le moindre récipient, j'ai même tâté les coussins, soulevé les fauteuils, mais rien. Pas une seule trace de ce satané bout de métal.
La seule pièce que je n'avais pas passée au crible était, attention roulement de tambour, sa chambre.
Il savait, ce connard.
Je n'ai hésité qu'une demi-seconde, et à pas de loup, je me suis glissé dans son antre. Il dormait comme un loir dans un lit dix fois trop grand pour lui. Il est mignon quand on y regardait à deux fois. Sa peau, pâle comme la neige, brillait sous les rayons lunaires et son souffle était régulier, presque silencieux. Un vrai bébé.
Et, alors que je détaillais encore ses traits singuliers, je m'aperçus qu'il possédait une fine chaîne autour du cou où pendait... la clef ! À l'instant même où je m'en étais rendu compte, j'aurai juré avoir vu un sourire prendre place sur son visage.
Enfoiré de Min Yoongi !
L'idée du siècle me traversa l'esprit quand je partis me recoucher. Enfin, idée du siècle pour un mec à moitié réveillé en plein milieu de la nuit avec la rage au ventre.
Tête de buisson voulait me garder avec lui ? J'acceptai ! Mais lorsqu'on voulait Park Jimin, on prenait Park Jimin dans son entièreté, et au grand jamais on ne le laissait dormir sur un canapé.
Tu te crois malin hein, je donnerais ma vie pour voir ta gueule au réveil ! avais-je marmonnais.
Mon t-shirt et mon short retirés et lâchement jetés au sol – autant ne pas faire les choses qu'à moitié – je me glissai au côté de mon cher colocataire. Tant qu'à faire, je m'étais collé à lui, passant un de mes bras par-dessus sa poitrine.
Mine de rien, j'ai vachement bien dormi.
Lorsque j'ai ouvert un œil, le soleil était déjà bien élevé dans le ciel, et moi, j'étais seul dans les draps. Je me retournai dans le lit, histoire de ne pas avoir les rayons de l'astre tout puissant dans la figure. L'appartement était calme, j'en ai donc conclu que mon partenaire d'une nuit avait pris la fuite.
Un sourire illumina ma sale gueule matinale lorsque j'entendis du remue-ménage dans le salon. Finalement, il n'était pas parti bien loin. Ni une ni deux, je sautai dans mes habits encore au sol et partis le rejoindre pour prendre un bon petit-déjeuner.
Il était bien là, une tasse à la main regardant par la fenêtre je ne sais quoi. Je me glissai alors jusqu'à lui, n'oubliant pas de lui effleurer le bras, avant de me faire couler un café.
— Bien dormi ? questionnai-je narquoisement.
— Hm.
Voici la seule attention que j'avais obtenue de sa part depuis que je m'étais levé. Il avait pris sa douche, puis s'était installé dans le canapé pour gober des animés et bouffer des chips le reste de la journée.
Ce mec avait vraiment une vie passionnante.
Et moi je l'observais.
Ma vie était vraiment trépidante.
Le pire, c'était qu'il savait très bien que je voulais quitter son taudis, mais il n'avait pas l'air décidé à m'ouvrir la porte.
— Tu vas me mater jusqu'à quand ?
— Tu vas me séquestrer jusqu'à quand ?
Il fronça ses sourcils et un duel de regards commença entre nous avant qu'il n'ouvre à nouveau la bouche.
— Ah... Parce que tu te sens prisonnier ? Tu t'es pas dit que je cherchais plus à te protéger qu'à te faire chier ?
La grande blague, je n'étais qu'une distraction dans sa vie morne et terne.
— Arrêtons de jouer au plus con et ouvre-moi cette putain porte.
— Tu veux vraiment partir ? Dormir dans un appart' avec quinze drogués au milieu des putes et des seringues ? Jouer avec la coke et le sida ? C'est ça que tu veux ? Parce que dis-toi bien que tu ne trouveras pas de travail ici.
Il se redressa avant d'enchaîner :
— Déjà, t'as un putain de coquard qui va te suivre pendant une belle semaine. Ensuite, tu n'as pas de CV ou de lettre de motivation, tu n'as pas non plus énormément d'expérience, je me trompe ?
Je ne dis rien. Effectivement, il avait vu juste. Je venais à peine de débarquer au Japon et mes « expériences » professionnelles n'étaient pas vraiment à marquer noir sur blanc et à présenter à un employeur.
— C'est bien ce que je pensais, souffla-t-il. Je t'offre mon aide, un taf, un logement et toi tu veux aller pourrir au fond d'un ravin ? Parce que c'est ce qu'il va t'arriver, crois-moi. Ça fait sept ans que je suis à Tokyo et permets-moi de te dire que les coréens, ils ne les apprécient pas trop ici. Après, si tel est ton choix, je t'en prie prends le large ! dit-il en désignant la porte d'entrée.
Je le fusillai du regard. Non mais pour qui se prenait-il ? Il est beau, lui, avec son discours et ses avertissements. Je ne lui ai rien demandé mis à part un numéro de téléphone. S'il y a bien une chose que je ne supportais pas, c'était qu'on me dise ce qui était bien ou non pour moi. Alors qu'il se la ferme et s'occupe de lui, plutôt.
Et puis, qu'est-ce que ça pouvait lui foutre que je finisse au fond d'un ravin ou à faire le tapin ? Je souhaitais que cette mascarade se termine au plus vite, et qu'enfin je puisse être libre d'aller où bon me semblait.
On se toisa, intensément. Une conversation sourde s'engagea entre nos yeux. Il cherchait la moindre faille qui lui donnerait raison et moi je le mettais au défi de continuer son cinéma. Il souffla, puis se leva brutalement pour finalement, par miracle, ouvrir la porte. J'en fus surpris. Oui, j'étais sidéré qu'il lâche l'affaire aussi vite, mais je n'allais pas faire mon difficile. Je me levai à la hâte et pris mon sac avant de m'engager dans le couloir.
— Je te laisse jusqu'à vendredi, lança-t-il dans mon dos.
— Quoi ?
— Vendredi, minuit. Mon offre tient jusque-là. Après, je n'aurais plus aucune once de pitié ou de générosité envers ta personne.
— Ahah... Adieu Min Yoongi.
Métis : Titanide du bon conseil, des avis, de la préparation, de la ruse et de la sagesse.
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Apophiis
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Arès meets Hadès
FanfictionIl suffit d'une soirée pour tout faire basculer. Un message, un regard et la descente aux Enfers commence. Si Jimin veut rester en vie, il n'a pas le choix : il doit partir. Partir au nord, à des milliers de kilomètres de ceux qui le recherchent...