« Viens manger, c'est prêt.
- J'arrive ! »
Je les connaissais ses « j'arrive ».
Il arrivait quand ça lui chantait plutôt. Sauf que moi je venais de passer une heure aux fourneaux pour sortir un repas mangeable et j'avais faim. Je me voyais mal l'attendre trois plombes pour à l'arrivée déguster mon Dakgangjeong froid.
Je m'installai à table, sur l'un des tabourets de bar étant donné que l'espace de base prévu pour les repas ressemblait à un bureau de secrétaire peu ordonnée. Les fiches en tapissaient la surface, les stylos s'étaient éparpillés comme si l'on avait joué une partie de mikado et au milieu de tout ce chantier se tenait nos ordinateurs respectifs.
À la vue du bordel qui jonchait la table, je me mis à scruter l'étendue des dégâts dans l'appartement depuis ma place. De vieux emballages plastiques commençaient à s'entasser dans le pot de fleurs vide à l'entrée, le cendrier de la table basse débordait et le sol se voyait recouvert d'une fine couche de poussière dans les coins où ne nous marchions pas.
Il allait encore falloir faire du ménage et comme d'habitude il me répondrait un « j'arrive ! » avant de ne se pointer qu'une fois la tâche finie. La cuisine au moins était nickel. Propre comme un sou neuf et rangée comme un modèle d'expo dans un magasin de mobilier.
En même temps, depuis mon arrivée cette pièce était utilisée pour sa fonction première et je n'acceptais pas qu'une poêle patiente dans l'évier ou qu'un paquet de gâteau ne soit rangé. J'étais chiant là-dessus mais le coin restauration devait être impeccable à n'importe quel moment.
Lorsque je l'avais engueulé la première fois qu'il s'était barré en laissant sa tasse sale traîner et du riz séché sur le plan de travail, il s'était mis à me rire au nez. Ah ça c'est sûr qu'il avait rigolé alors que je bouillais de l'intérieur. Cependant, même s'il était le maître des lieux, j'avais pris cela pour de l'irrespect total envers ma personne.
Toutefois, sa tronche avait vite changé d'expression lorsque le fond de café qui stagnait depuis le matin dans son mug avait fini dans sa gueule et le riz, froid et durci, dans son assiette. Je lui avais concocté un magnifique dîner. Depuis, il s'arrangeait pour ne jamais oublier une fourchette sur l'une des surfaces.
Et puis chacun ses tocs ! Il lavait bien la salle de bain tous les deux jours.
Je ne mettais pas en doute le fait que cette pièce méritait d'être plus souvent entretenue que les autres, pour l'hygiène principalement, mais de là à passer la cabine de douche à la javel un matin sur deux, il ne fallait pas abuser non plus. Surtout que ce n'était pas l'odeur que je préférais humer.
« Bon Min, tu ramènes ton cul oui ?! »
La porte de la chambre s'ouvrit d'un coup sec, claquant contre le mur. Ses pas raisonnèrent dans le couloir avant que sa personne ne se présente dans le salon les sourcils froncés et la mâchoire contractée. Il jouait la comédie ? Non parce que je ne ressentais pas une once de peur en moi. Il ressemblait plus à un enfant effectuant un caprice de débutant pour acquérir un nouveau jouet.
« Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans j'arrive ?
- Et toi, répondis-je, qu'est-ce que tu ne comprends pas dans le repas est prêt ? »
On se défia du regard, lui debout droit comme un piquet et moi assis, les bras croisés sur la poitrine. Ça nous arrivait souvent ça aussi.
« Bon tu comptes de statufier ou on peut enfin manger ? »
Il laissa échapper un léger grognement avant de s'installer sur le siège face au mien. Il venait d'abdiquer et j'allais enfin pouvoir soulager mon estomac qui se crispait depuis un trop long moment. Je le servis généreusement avant de m'occuper de mon assiette. La base de riz bien étalée, je la recouvris d'une bonne louche de viande en sauce. J'en salivais déjà. Pendant ce temps, la tête de nœuds nous avait rempli des verres d'eau qu'il déposa devant nos places.
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Arès meets Hadès
FanfictionIl suffit d'une soirée pour tout faire basculer. Un message, un regard et la descente aux Enfers commence. Si Jimin veut rester en vie, il n'a pas le choix : il doit partir. Partir au nord, à des milliers de kilomètres de ceux qui le recherchent...