Chapitre 7 : Porus

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Je somnolais depuis mon réveil, n'arrivant pas à émerger. J'avais tourné en rond dans le lit, peinant à retrouver le sommeil pendant près de trois heures, suite au passage d'Épialès dans mes songes nocturnes.

Enfoiré d'esprit !

Le pire qui existait celui-là.

Yoongi, lui, s'était assoupit assez vite, oubliant presque instantanément la présence de l'orage qui martelait le ciel d'éclairs en hurlant sa colère. Il était beau quand il dormait, enfin plus que le reste du temps. C'était comme si dès que son organisme enclenchait le mode jour son visage se fermait, tirant ses traits dans le but de le rendre froid et sauvage.

Sauvage il devait l'être, froid je n'en étais pas certain.

Alors, je l'avais observé je ne sais combien de temps. Quelques minutes, plusieurs heures ? Ça n'avait pas d'importance, je ne pouvais me rendormir par peur de revoir ces visages, ceux qui me manquaient et surtout ceux qui me hantaient.

Je ne pouvais plus les regarder dans les yeux, par haine, par colère, et surtout par honte de les aimer. De l'avoir aimé, lui.

J'avais joué et j'avais perdu.

Il avait manipulé les pions mieux que moi, se faufilant entre mes rangs dans l'ignorance la plus totale de ma part. Derrière son jeune âge et ses traits enfantins, il m'avait berné. Comment j'avais pu me faire avoir ? Me laisser distraire par son charme dévastateur, ses paroles rassurantes, ses caresses tranches et sa langue aiguisée ? Au départ moi aussi je voulais lui tendre un échec et mat mais les sentiments s'étaient déversés sur le plateau, m'empêchant de distinguer les cases.

Ce ne fut que lorsqu'Alectrona montra le bout de son nez que je pus me laisser retomber dans un semi coma peu réparateur. J'avais une mine affreuse et les trois cafés ingurgités depuis mon réveil m'avaient juste donné envie de vomir. Je n'avais pas faim, le moindre bout d'une substance comestible me faisait tourner de l'œil.

Profitant du fait que Yoongi soit sous la douche, je m'installai dans le canapé, une cigarette à la bouche, histoire de bien accentuer mon envie de cracher ma bile. Je l'entendis quitter la salle d'eau et par curiosité je m'étais retourné sans raison particulière. Il était là, figé au milieu du couloir, une serviette plutôt courte nouée autour des hanches. Sa peau était encore plus blanche à l'intérieur de ses cuisses. Je relevais progressivement mes yeux sur son corps jusqu'à ce qu'ils ne rencontrent les siens. Aucune émotion particulière. Min, lui-même.

« Ça va mieux ?

- Pas tellement, mais bon ça passera.

- Hm... Je m'habille et après on parle affaire tous les deux.

- Ok. »

J'avais oublié ce détail. Maintenant que je vivais avec lui, je devais travailler pour lui. Je savais pertinemment que mon boulot ne consisterait pas à entretenir l'appartement mais je ne savais pas non plus à quoi m'attendre. Il était quoi, dealer ? Proxénète ? Peut-même vendeur d'organes sur le Darknet, qui sait ? Il pouvait être tout et rien à la fois.

Le seul outil de travail présent chez lui était son mac, dont je n'avais bien entendu pas le mot de passe de déverrouillage. Que cachait-il ? Des dossiers compromettants ? Faisait-il affaires avec les hauts placés de la société japonaise ?

Tout était flou. Trop flou.

Je nageais dans le brouillard. On devait se faire confiance sans se connaître, et c'était la partie la plus dure du pacte. Je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir, à cet instant j'étais celui qui se grimait le plus entre nous deux.

Arès meets HadèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant