Chapitre 16 - Epilogue

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18 mois plus tard

Je remonte le col de ma vieille veste en cuir. Il fait plutôt frisquet en ce début de mois de décembre, même pour le Sud de la France. Je n'ai pas pu me résoudre à jeter cette veste malgré le fait qu'elle soit plus qu'usée. En un sens, elle me rappelle ce que j'ai dû traverser ces dernières années et la raison pour laquelle j'en suis là maintenant.

Un sourire se forme sur mes lèvres lorsque je passe la porte de l'hôpital, au moins aujourd'hui, je m'y rends pour de bonnes raisons. Je m'arrête pour acheter un petit bouquet de fleurs dans le hall et dirige mes pas vers le service de maternité. Un long couloir aux couleurs fraîches m'amène jusqu'aux chambres. Lorsque je pousse la porte du numéro 233, une silhouette familière apparaît dans mon champ de vision.

Ses longs cheveux blonds lui cachent en partie le visage. Dans ses bras un petit nouveau-né est en train de téter. Sentant ma présence, Anaïs relève le visage vers moi et m'adresse un magnifique sourire. Je lui souris en retour et m'avance :

- Coucou ! Comment vas-tu ?

- Epuisée ! Mais ça valait le coup !

- Tiens, c'est pour toi.

Je lui tends le petit bouquet. Ses yeux brillants de joie me dévoilent bien plus encore de son bonheur, à cet instant présent, que ne pourraient le faire ses mots, et cela me réchauffe le cœur. L'enfant a terminé de téter. Elle me remercie pour les fleurs et désigne ce petit être minuscule au creux de ses bras :

- Tu veux la prendre ?

- Oh... dis-je hésitant

- Approche...

Je m'installe aux côtés d'Anaïs au bord du lit. Malgré son air fatigué, je la trouve magnifique. Mon cœur bondit dans ma poitrine lorsqu'elle glisse délicatement le nourrisson dans mes bras. J'observe longtemps son petit visage fin, ses petits doigts et sa bouche en cœur.

- Elle ressemble beaucoup à sa grande sœur, je murmure.

Nous restons un moment, Anaïs et moi à observer les petites mimiques du bébé.

- J'ai peur un peu quand même, tu sais... m'avoue Anaïs presque en murmurant.

Je ne dis rien parce que je comprends. Je pose mon front contre celui d'Anaïs et plonge mon regard dans ses yeux marron. J'aimerai lui garantir que tout ira bien, que cette petite fille sera en pleine santé, même si je n'en sais rien. C'est ce que j'ai envie de lui affirmer. Elle n'a pas plus de raisons qu'un autre enfant de ne pas bien se porter, et nous ne devons pas vivre dans la peur. La vie est trop courte pour cela, nous ne le savons que trop bien. Alors je lui réponds d'une voix douce :

- Fais lui confiance d'accord ? Fais confiance à la vie.

Un raclement de gorge en provenance de la porte de la chambre nous parvient, qui nous fait tous les deux un peu sursauter. Je m'éloigne d'Anaïs.

- Salut David, dis-je en me relevant, tiens je te rends ta fille, elle est magnifique, félicitations !

- Merci Kylian, je trouve aussi mais je ne suis pas très objectif !

J'observe ce nouveau papa. Cette petite fille est aussi sa deuxième chance et sa revanche sur la vie. J'espère aussi pouvoir revivre ce moment un jour, qui sait ? Un silence un peu lourd s'installe entre nous trois. Nous seuls savons les épreuves traversées pour en arriver à ce jour précis. Les cartes ont été redistribuées bizarrement, les équipes ont changées, mais tous les participants au jeu de la vie ici présents, ont mérité leur part de bonheur.

- Alors, Flora a eu son échographie non ? s'informe Anaïs, rompant ainsi le silence un peu pesant.

- Oui, c'est un petit garçon ! Je vais être tonton ! souris-je

- C'est Guillaume qui doit être aux anges non ?

- Oh, tu sais, fille ou garçon, il est ravi quoiqu'il en soit. Mais pour être honnête, je pense qu'il est un peu soulagé... Non mais... T'imagines une mini Flora ??

Nous éclatons de rire tous les trois à cette idée. Guillaume savait surement dans quoi il mettait les pieds en se mariant avec ma tornade de sœur mais quand même, je lui souhaite bien du courage !

- Et toi Kylian, tu repars quand ? me questionne David

- Dans un mois, le temps de finaliser les derniers détails. Je m'améliore dans l'organisation de mes départs maintenant.

- Tu seras basé à Melbourne ?

- Oui, au départ, mais la tournée du groupe de musique que je vais suivre va bouger dans toute l'Australie, il faut croire que la vie de globe-trotteur me convient à présent !

- Tu as toujours eu la bougeotte en fait, quand j'y repense, rit Anaïs.

Je ris également. Je me sens parfaitement bien, en phase avec moi-même. J'embrasse le petit crane duveteux de la demi sœur de Stella et les nouveaux parents. Je leur souhaite tout le bonheur du monde et prends congé. Lorsque je ressors de la maternité, je savoure l'air frais sur mon visage. Mon regard se pose sur l'étoile tatouée sur le dos de ma main.

Ma fille n'a eu qu'une vie éclair sur cette Terre, une poussière de seconde dans l'infini, mais elle a éclairé mon chemin. Elle m'a enseigné plus que toute autre personne la valeur de la vie. A quel point notre existence est courte et qu'il ne faut perdre aucune seconde à la gâcher. A quel point il faut écouter chaque jour l'enfant qui sommeille en nous et suivre ses rêves. Il faut vivre, juste vivre tout simplement. Telle est la leçon d'une étoile, de vingt-et-un mois pour l'éternité.


FIN

Changer la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant