- J'vais être en hess devant l'Eternel.
J'me suis levé totalement en sueur, j'ai fait un rêve carrément bizarre. Enfin plutôt un cauchemar, y'avait quelqu'un qui me posait des questions sur la religion et comme j'avais su répondre à aucune des questions il m'a lancé un sceau de feu.
*respire calmement* Tranquille Abdel, tout va bien. Y'a rien, t'es là dans ton lit.
Par réflexe je regarde l'heure et voit qu'il est déjà 13 heures.
J'essayais de me lever mais putain c'était à la limite de l'impossible. J'avais le corps tout courbaturé à cause de l'entraînement d'hier. J'vous ai dit qu'il avait les airs d'un tyran mon entraîneur ? Bah c'est pas que des airs, c'est aussi une réalité. Les gars de l'équipe avaient l'habitude c'est sûr mais putain moi j'y ai joué mon âme. J'ai même cru que j'allais y laisser ma sombre vie. Pour un premier jour il a pas blagué en tout cas.. S'il veut me tester comme ça qu'il continue, j'abandonnerai pas. Pas le foot, ça s'abandonne pas ça..
Le lendemain.
Ayoub : ABDEL TA RACE T'A PAS ETE EN COURS HIER AUJOURD'HUI T'Y VA LA VIE DMOI TU TLEVE PAS LÀ MAINTNANT JTE N*QUE
C'est pas que j'ai peur d'Ayoub mais je préfère éviter les hagra matinale donc j'me suis gentiment levé, sans chichis et sans faire d'histoire. J'me suis dépêché au max parce que moi il suffit que j'arrive en retard une seule fois et c'est foutu ça devient une habitude. Chance pour moi j'suis arrivé en cours pile à l'heure. Je monte direct en salle, je frappe à la porte et en entrant la prof me dit :
« Prof : Abdel t'étais pas là hier ?
M : Nan
P : T'es passé en vie scolaire ?
M : Nan
P : Bah t'y vas alors, allez.- j'vais justifier mes absences, là jremonte encore -
P : Nan mais t'as vu l'heure ?
M : Quoi l'heure ?!
P : T'es en retard là je te prends plus !
M : Vous vous fouttez de moi ?
P : Abdel tu te calme !
M : Allez vous faire soigner ça va plus là »J'ai claqué la porte et j'suis parti de là, c'est elle même qui m'fait descendre après elle me dit jte prends pas, n'importe quoi elle. J'voulais pas aller en perm alors j'me suis posé sur les chaises devant la vie scolaire, j'ai mis ma capuche et j'ai dormi jusque la sonnerie. Après j'avais maths donc j'suis monté, ma classe attendait encore devant la porte donc tranquille cette fois.
J'vois Youssra qui commence à avancer vers moi, on se tchek puis on parle vite fait. Elle était entrain d'me dire qu'après les cours elle pouvait m'aider à rattraper ce que j'avais manqué. Comme si elle avait écrit quelque chose, elle en a rien à foutre des cours elle fait acte de présence depuis la quatrième. Au même moment Souad est arrivée de jsais pas où avec son grand sourire. On y voyait toutes ses dents carrément.
« Souad : Tu vas mieux ? J'voulais t'appeler et tout mais comme tu m'as pas envoyé de message du coup j'avais pas ton num..
Moi : Ouais.. Ouais ouais t'inquiète, ah désolé j'avais oublié.
S : Tranquillou. C'était trop pété sans toi hier, Aymen et ta pote ils sont tout le temps ensemble et puis tu vois comme je l'aime pas je peux pas faire semblant et faire l'hypocrite à rester avec eux.. Et comme j'pensais que tu viendrai bah j'gardais ta place.
M : Pardon Souad mais ça fait trop de changement d'un coup pour moi là, moi j'tai jamais connu comme ça donc j'ai un peu de mal à y croire..
S : J'suis pas un monstre et j'suis pas méchante. Ah, et tien j'tai fait des photocopies des cours que t'as loupé.
M : Cimer grosse tête.
S : *rires* De rien. »Désolé mais genre du jour au lendemain c'est un ange ? Nan, nan, nan. Foutaises. Depuis la sixième elle est dans ma classe, c'est la réincarnation du diable en personne. Le vice incarné, le charme du maléfice c'est elle j'vous dit. En deux mois un processus angélique s'est développé ? C'est une blague ? J'y crois pas un mot.
Ça fait trop de changement avec Youssra qui devient l'acolyte d'Aymen. Ça me choque vraiment parce que ça confirme le truc de l'autre jour : elle m'a vraiment menti. Si elle ment c'est qu'elle cache quelque chose, mais suoi ? Qu'est ce qu'elle peut me cacher à moi qu'elle peut lui dire à lui ? C'est pas cohérent. Plus j'avance dans ma vie moins j'ai de choses qui vont.. C'est à la limite de la catastrophe.« Chaque phrases commencent par wesh. »
Deuxième jour d'entraînement, j'arrive tranquillement et j'me pose avec les autres sur le banc. J'vois l'entraîneur qui me regarde avec un sourire en coin.. Là j'ai encore senti que la séance là elle allait être pour moi, j'allais bien tout me prendre dans la face encore. C'était une dédicace son sourire, je l'ai vu, je l'ai senti.. J'ai prié de pouvoir tenir jusqu'au bout et franchement j'ai plutôt intérêt, j'ai pas envie d'être le canard boiteux de l'équipe. Non merci ça ira.
Aujourd'hui on travaille l'endurance et j'ai réellement cru que j'allais y laisser ma vie, mon corps et mon âme carrément. Le diable à ma gauche me répète de laisser tomber parce que j'vais finir par cracher un de mes poumons et ma fierté me gueule que c'est dans la tête. Heureusement que j'me dit que j'ai pas souffert à la salle avec mon frère pour tout abandonner maintenant parce que sinon j'aurais lâché très vite. Faut pas déconner, pompes abdos et tractions j'en ai bien morfler, c'est pas l'endurance qui va me faire abandonner, certainement pas.
« Adel : Frère bien ?
M : Ouais pépère, toi ?
A : Tranquille, tu tiens ?
M : Au calme hein
A : Vas-y ap..
Entraîneur : AH ÇA BAVARDE ? BAH ALLEZ TOUT LE MONDE 20 POMPES ET 2 TOURS DE PISTES ! REMERCIEZ BIEN ADEL ET ABDEL HEIN ! »En plus d'en chier ma race, je fais trinquer toute l'équipe. Ils vont vouloir ma peau eux c'est sur. Les 20 pompes elles sont arrivées dans ma gueule sans prévenir et j'ai rien compris à ma vie. Le grain de semoule qu'a fait craqué le couscousier c'était ça. Ça m'a achevé.. Comme si en plus de l'entraînement j'avais besoin de faire des pompes, comme si c'qu'on faisait c'était pas assez fatiguant.
Ayoub pouvait pas venir me prendre et j'avais la flemme d'attendre le bus alors j'suis rentré à pieds avec Axel. C'est un mec de l'équipe qui est dans la même classe que moi. Comme on se connait pas trop on reste pas ensemble en dehors du foot mais ça a l'air d'être un bon gars.
Arrivé au quartier, j'remarque que c'est l'apocalypse. Une espèce de troisième guerre mondiale.. Le ciel était gris, les voitures et les poubelles prennaient feu. Ils ont fait descendre l'Enfer sur Terre. On appelle ma cité la Belle Étoile parce qu'elle est composé de cinq blocs, comme les branches d'une étoile, aujourd'hui c'est devenue la Géhenne. L'atmosphère est lourde car nos espoirs de sortir d'ici sont infimes. Entre nous et la France d'en haut y'a comme une sorte de vitre teintée inversée, parce qu'on les voit claquer des sommes de malade, mais eux ne nous voit pas trimer pour payer un loyer. Et tu peux porter plainte une fois, dix fois, cent fois qui t'écoutera ? Ça retombera toujours sur toi. Parce que t'es en bas, c'est tout c'est comme ça.
Nous pour être sur de s'faire entendre on casse c'quon trouve et on brûle le peu qu'on a. La violence c'est notre seul moyen d'expression face à l'oppression.. On né en rêvant d'être quelqu'un, on meurt en étant ouvrier. C'est pas cette vie qu'on a choisi, c'est pas celles que nos parents imaginés quand ils ont quittés le bled. Quoi qu'il en soit, on aime tous nos quartiers. Même si ça parle mal, même si c'est vulgaire. C'est là qu'on a grandis, même si un jour on rêve de le quitter, on l'aimera toujours c'est obligé. Combien de barre on s'est tapé ? Les foots les barbeuk ? Les sorties avec la maison de quartier ? Les tours en quad les chasse à l'homme ? Qui a vécu tout ce qu'on a vécu si c'est pas nous ? Y'a des jours de malheurs, mais les beaux jours restent gravés.
Donc vos préjugés, vous savez où les rentrer..

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Lourd est mon parcours.
TeenfikceTout est toujours question de chiffres, l'argent, le poids.. Du jour au lendemain la donne peut s'inverser, d'un jour à l'autre tout peut changer, tout peut basculer.. On y est pour rien, c'est Dieu qui donne. L'histoire de ma vie, que j'ai vécu, qu...