Je suis là

Chapitre 12

"-Mlle Quarter, comptez-vous rester longtemps dans la salle? J'aimerais profiter de mon après-midi de congé, vous savez."

C'est comme ça que le prof' m'avait virer de la salle tandis que je ne bougeais pas depuis un moment. Et j'avais gentiment répondu que j'étais désolée et que j'étais bêtement perdue dans mes pensées. Avant de sortir de la salle, je lui avais souhaiter de passer un bon après-midi puis j'étais partie, le pas traînant, en direction de la cafeteria. Je ne suis maintenant plus très loin de la cantine et j'entends déjà le brouhaha incessant. Les cliquetis des couverts, les rires des groupes d'amis et les cris des plus expressifs. L'école, que ce soit la maternelle, le primaire le collège, le lycée ou encore l'université, est une jungle. Mais la cafeteria, c'est le centre de tout. L'arène, la fosse aux lions et moi en ce moment je donnerais le peu que j'ai pour ne pas être ici. Chaque pas que je fais me rapproche un peu plus du moment où je vais devoir croisée leurs regards et leur fournir une explication. Petit problème. Quelle explication? Je ne suis même pas sûre de la connaître. Vous devez vous dire; pourquoi ne pas dire bêtement la vérité? Et bien je vais vous dire. J'ai l'impression de vivre dans un mensonge permanent où il est impossible de déceler la vérité. Alors maintenant que vous savez, mettez vous à ma place et dite moi ce que vous ressentez. Moi, je suis oppressée et fatiguée et je me demande si je peux continuer dans cette situation. Si vous ne l'avez pas remarqué, je ne parle plus de la cafeteria mais plutôt de lui et mon père.

Je me retrouve finalement en face des portes de la cafeteria. Je m'apprête à ouvrir la porte mais quand ma main se pose sur la poignée, c'est comme si mes muscles ne répondaient plus de moi. Je suis figée, j'ai peur. Mais franchement, de quoi ais je peur? 

Après tout, de l'autre côté de cette porte, il n'y a personne que je connais réellement.

Par contre il y a quelqu'un qui me connait, vraiment.

C'est absurde en fin de compte mais même cette pensée de parvient pas à retirer l'angoisse qui me colle depuis hier soir. Depuis qu'il est venu, je m'emballe pour un rien.

Je secoue la tête, tentant de chasser toutes ces idées noir et entre dans la cantine. Le volume sonore est étouffant mais je me dirige vers le self pour prendre mon repas. Je ne regarde pas autour de moi mon esprit est centré sur: manger. Rien d'autre. En plus, ce ne serait vraiment pas de chance que je tombe sur Jenn', Hugo ou pire Alex. C'est vrai que jusqu'à maintenant, je n'ai pas trop pensé à lui aujourd'hui. Mais si je le croise, je ne saurais pas où me mettre. Je l'ai quand même giflé! Et devant un publique, comme si l'action, seule, n'était pas déjà assez embarrassante.

J'ai mon plateau repas en main, maintenant, je suis obligée de faire fasse au self. Je prends une grande inspiration et me retourne mon regard croise immédiatement celui de Jenn'. Elle est à la table des populaires, assise à côté de Bruno. Lorsque je la vois là-bas, je me dis que ce n'est pas plus mal car les seuls problèmes qu'elle pourrait rencontrer seraient de ne pas se trouver une robe pour une fête par exemple. Et puis, vu son rang social, elle était prédestinée à intégrer ce groupe de prestige qu'est la bande des populaires. Je finis par détourner le regard, j'avais la désagréable impression que Jenn' pouvait lire en moi. Je me mets à slalomer entre les tables et les élèves à la recherche de ma table. Je pensais qu'elle serait vide mais il semblerait que je me sois trompée. En effet, arrivée devant celle-ci, je me retrouve face à Hugo en train de jouer avec sa salade. Ma respiration se bloque et je fais volte face en commençant déjà à m'éloigner, désireuse de passer un repas calme, sans prise de tête. Mais comme je l'ai dit, le destin n'a pas encore terminé de se foutre de ma gueule. C'est pourquoi, à peine ais je fais un pas avec l'intention de manger dehors qu'une voix viril et empreinte d'une certaine douceur m'appelle. Me forçant à me retourner.