Chapitre 15

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Hugo se tourne, surpris, vers moi.

-Gem, tu sais que... 

Je le coupe en continuant dans ma lancée.

-Ma mère m'a laissée avec mon père lorsque je n'avais que cinq ans. Tu t'imagine bien que je ne comprenais pas pourquoi ma maman, ma camarade de jeu, ma meilleur amie, ne rentrais pas à la maison. Je me souviens que mon père avait commencé par me dire qu'elle était en voyage d'affaire, qu'elle allait revenir et je l'ai cru. Mais quand mon anniversaire est passé et que je n'avais aucune nouvelles, j'ai commencé à comprendre que ma maman s'était enfuie.

Je marque une légère pause afin de permettre à ces souvenirs, enfouis depuis bien longtemps, de remonter. Je continue sans que le brun n'ai bronché.

-Je me souviens de ce soir où j'ai été insistante avec mon père. Il n'était pas passé me chercher après l'école et était rentré tard. J'était fâchée de ne plus voir ma maman mais en plus il ne venait pas me chercher à l'école et disait plein de bêtises. Je me rends compte, aujourd'hui, qu'il était certainement saoul. Il m'a balancer plein de choses plus affreuses les unes que les autres, je le sais, mais je ne saurais te dire quoi exactement. C'est aussi ce jour là que sa main s'est, pour la première fois, abattue sur ma joue. Je ne comprenais pas. À ce moment, je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans sa tête, peut-être que ça lui a fait du bien? Dans tout les cas, moi ça m'a fait mal et il n'a pas hésité à recommencer. Mais pas sur le visage. Certes, il était saoul mais pas assez pour me faire des traces visibles donc, le plus souvent, c'était sur les bras et les jambes.

Je ravale quelques larmes, elles auront tout le loisir de se libérer un peu plus tard... 

-Après ça, je n'ai plus jamais évoqué le sujet "maman". Tu sais, j'ai ou plutôt avais, la langue bien pendue avec un sourire sans égale. Mais du haut de mes six ans, j'avais bien compris que je devais me taire pour éviter de dire des bêtises et mon sourire était toujours aussi grand que la mauvaise humeur de mon père. C'est à ce moment que j'ai commencé à être plus renfermée et discrète, je ne voulais pas qu'on me remarque parce que j'avais peur. Peur des répercutions que ma petite personne pouvait causer.

Le paysage, bien que magnifique, ne suffit plus pour m'apaiser et bientôt, mon visage se retrouve inondé de larmes. Tout ces souvenirs que je pensais oubliés remontent à une telle vitesse que je ne parviens à gérer le flux d'émotions qu'elles provoquent. Le ciel, pourtant bleu, ne m'a jamais paru aussi sombre et la désagréable sensation de m'enfoncer dans le sable ne fait qu'accroître mon désespoir, pourtant déjà bien grand. Je me rends compte que cela a toujours été comme ça. J'ai toujours été seule face à une montagne d'émotion.

Seule.

Toujours.

Mes sanglots redoublent mais, sans que je m'y attendent, des bras m'encerclent. Une sensation de chaleur me traverse et je vois ça comme une aide au S.O.S silencieux que je lance depuis presque 14 ans. J'ai toujours été seule mais il semblerait que les temps aient changés. La main de mon sauveur, qui n'est autre qu'Hugo, me caresse doucement les cheveux, changeant, par la même occasion, mes larmes de désespoir en larmes d'espoir. Alors, je sais que j'ai fait le bon choix. Je pensais que ce serait pathétique de demander "au secours" mais non. Demander de l'aide est, dans certaines situations, la chose la plus courageuse que nous puissions faire.

Il ne dit rien mais il continue de me serrer contre lui. Il manifeste son soutien silencieusement mais peu m'importe, il est là est c'est tout ce qui compte. J'ai laissé tombé ma tête sur son épaule t mes larmes ont cessée de couler, aucun de nous ne bouge de peur de ternir le paysage qui a retrouver toute sa splendeur. Le ciel est redevenu bleu, bien que les nuages menacent cette tranquillité et la tempête qui, il y a quelques instants, faisait rage a, elle aussi, laissé place au rayons discrets du soleil. Je me suis peut-être libérée d'un poids mais mon sac continue de peser, assez pour que je peine à le porter. Notre bulle est, pour le moment, très voir trop fragile. Tous les deux, nous savons qu'au moindre faux pas elle menace de voler en éclats. Nous savourons donc cet instant comme si c'était le dernier parce que finalement; personne ne sait de quoi est fait demain.


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Bon, on en apprend un peu plus sur le passé de notre petite Gem mais toujours rien sur ce fameux homme qui la terrorise. Bah oui, sinon, c'est pas drôle! 

Je ne vais pas vous cacher que, même si il est court, j'adore ce chapitre. J'espère que vous l'appréciez aussi. Le prochain chapitre sera plus long et je ne pense pas mettre cinquante ans pour le poster.

Elisa

Je suis làOù les histoires vivent. Découvrez maintenant