Chapitre 16

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Je suis dans la voiture d'Hugo, en route pour la fac, et un silence de mort règne dans l'habitacle. Il veut que j'explique la situation à Jenn' ou, qu'au moins, je ne me renferme pas sur moi même. Il m'affirme de bien avoir compris qu'il est absolument hors de question qu'il débarque à l'improviste chez moi. Il m'a aussi jurer de n'en parler à personne si je le faisais moi. Et c'est la que réside le problème. Je ne veux pas en parler. Quelque chose me bloque. D'un côté, je veux me tirer de cet enfer est vivre une belle petite vie mais de l'autre... je ne sais pas. Certainement que mon for intérieur pense encore que mon père peut être quelqu'un de bien, qu'au fond de tout cet alcool une petite flamme a juste besoin qu'on la ravive... 

Quoi qu'il en soit, je bloque et ce n'est pas Hugo qui va miraculeusement me faire changer d'avis. En tout cas, pas du jour au lendemain et encore, je lui souhaite de la chance, de la persévérance et surtout, beaucoup de patience parce qu'il n'est pas près d'arriver à ses fins. Le brun à côté de moi essaie pour la énième fois de me résonner:

-Gem, garde, au moins, le contact avec Jenn'. Elle ne comprend pas ce qu'il se passe et en plus, quand elle te verra débarquer avec moi, elle va penser qu'elle a fait quelque chose de mal. Ou que tu la remplace... 

J'enroule nerveusement une mèche de cheveux autour de mes doigts tandis qu'un sentiment de culpabilité m'enveloppe.

-Hugo, si je reste en contact avec elle, elle sera en danger. Tu n'imagine même pas les risques que tu prends rien qu'en me parlant.

-Gem, je ne vois pas ce que ton père alcoolo peut me faire. Actuellement, il doit certainement être une bouteille à la main complètement bourré.

Je baisse la tête et regarde le paysage défiler. "Ce n'est pas mon père le réel danger." Ai-je envie de lui hurler mais je me trouve dans une impasse. Si je ne lui dit rien sur lui ; il peut tomber sur lui a n'importe quel moment sans avoir connaissance du danger. Mais si je le préviens; il sera dans les ennuis jusqu'au cou. Dans un cas comme dans l'autre, je n'ose imagier le désastre pourtant, un des deux va, automatiquement, avoir lieu. On dit qu'un ennemi invisible est plus dangereux qu'un ennemi que nous connaissons mais je vous assure que, dans cette situation, moins on en sait mieux on se porte.

Je soupire alors que mon ami gare sa voiture dans le parking de la fac. Je murmure un bref remerciement et m'enfui de la voiture comme une voleuse, n'emportant que mon sac. Je suis reconnaissante envers Hugo qui n'essaie pas de me rattraper, il faut que je sois seule, que je m'échappe... 

Mais comment?

Je cours à travers les couloirs comme une folle furieuse, on pourrait presque croire que le diable est à mes trousses. Après réflexion, ce n'est pas totalement faux. La personne qui me poursuit depuis, maintenant, bien longtemps, agit dans l'ombre. À mon avis, elle est ce qui se rapproche le plus du diable. Ma course folle est forcée de prendre fin, je fais face à une impasse. Autant au sens propre qu'au sens figuré. Un long et épais mur me fait face mais il faudra pourtant que j'arrive à passer outre. Le tout est de savoir comment je compte m'y prendre car les enjeux ne sont pas des moindres. La vérité c'est que j'ai peur.

Peur de demain, de ce qu'il se passera lorsque je serais de nouveau seule face à moi même.

-Tu vas bien?

Je me retourne violement et blêmis en constatant que Alex est là et qu'il m'a, probablement, suivie. Il est adossé à une rangée de casiers de manière décontractée, sons expression faciale, par contre, est soucieuse et... sérieuse ? Devant mon manque de réaction, Mr Populaire s'avance vers moi. Je fais comme je l'ai toujours fait, je recule et baisse la tête, persuadée que je ne vaux pas la peine qu'on se soucie de moi et encore moins que l'on m'aide. Après tout, qu'ai-je de spéciale ? À part, bien sûr, mon mauvais caractère les jours de pluie. Encore une fois, ce mur décide de se manifester si bien que je me retrouve rapidement, trop rapidement, adossé à lui. Mon regard se visse à mes chaussures comme si c'était une chose particulièrement intéressante. Je sens le regard du brun qui me brûle la peau, comme si il essayait de faire fondre toutes les barrière que je m'efforce de construire au fil du temps. Mais le pire c'est que j'ai la désagréable impression qu'il y arrive. Il se rapproche encore et encore jusqu'à ce qu'il se trouve suffisamment près pour m'offrir une belle vision de ses chaussure haute gamme. 

"Les miennes font tâche à côté des siennes." ne puis-je m'empêcher de penser.

Mais observer ces merveilleuses chaussure ne tarde pas à ne plus suffire à capter toute mon attention qui commence à, sérieusement, s'intéresser à Alex. Il faut dire que son souffle chaud contre mon front ne m'aide pas. Au contraire, il me fait me sentir oppressée. Deux mains viennent prudemment se glisser derrière mon dos et je me retrouve collée contre le torse du rouquin. Mes mains vont, automatiquement se nicher dans ses cheveux tandis que ma tête va se poser contre son torse. Je ne peux m'empêcher d'être bien, en sécurité. Pourtant, cette présence, aussi chaleureuse soit-elle, ne suffit pas à combler le trou béant qui s'est creusé dans ma poitrine. Des larmes perlent aux coins de mes yeux quand Alex me dit doucement :

-Je ne sais pas ce que tu as et tu n'es pas obligée de m'écouter. Après tout ; je suis un "fils à papa". Mais je sais une chose, il ne faut pas baisser les bras et surtout, soit toi même en toute circonstance. Défends toujours tes opinions et tes actions, n'ais pas peur de ce que tu es parce que je t'assure que, sous ce mur que tu t'es construite, réside une personne merveilleuse qui ne demande qu'à ce qu'on la laisse vivre.

Une larme roule le long de ma joue et, après réflexion, je ferais tout pour que se soit la dernière. Comme Alex vient de me le faire comprendre, je me suis construite ma propre prison en me persuadant qu'il n'y avait aucune issue possible alors que j'ai toute la vie devant moi. S'apitoyer sur le passé ne servira à rien puisque rien ni personne ne pourra le changer. Il est comme ça, c'est tout. 

Je dois vivre le moment présent et me construire un futur qui me rendra fière. Personne ne doit pouvoir gâcher ma vie et je ne dois pas m'empêcher de m'envoler pour un homme qui n'aura jamais été présent.

Mon père.



Je prends une grand inspiration et une bouffée d'air envahît ma poitrine, une air nouvelle.

Le trou béant est toujours là mais... un trou ça se rempli non? Je suis prête à me retrousser les manche, de plus, je ne suis plus seule... 

Il ne reste plus qu'à voir si je serais toujours aussi obstinée face à mon père et lui



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Bon, ce chapitre est, assez, fort.

Pensez-vous que Gem va réussir à s'affirmer.

Arrivera-t-elle à s'échapper de son passé aussi facilement qu'elle ne le dit ? Juste avec sa conviction?

Je vous laisse y penser, gros bisous à tous et profitez des semaines de vacance qu'il vous reste et pour ceux qui travaillent déjà et bien... courage !

Elisa

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 13, 2020 ⏰

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