7 - "Ma maison est ta maison"

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Palawan...

Il resta silencieux et calme pendant deux heures. Du moins, c'est l'impression qu'il donnait extérieurement, et de loin. Si on l'observait plus attentivement, on pouvait remarquer une rigidité des muscles, un mouvement presque circulaire des yeux et pour éviter de remonter toutes les deux minutes ses lunettes, il les avait déposées sur le sable, chose qu'il ne faisait jamais. Ces détails, seulement remarquables par des personnes le connaissant bien, démontraient une nervosité extrême mais aussi une volonté accrue d'accéder à la réflexion optimale. Son cerveau, malgré le manque de sommeil certain qu'il avait engrangé, carburait. Il essayait de visualiser les recoins de l'île qu'il n'avait pas vérifiés. Il en restait énormément mais la localisation commençait à être lointaine. Il se figea une nouvelle fois quand l'idée saugrenue d'un retour en Espagne lui vint à l'esprit. Mais cette supposition tomba, heureusement, à l'eau quand il pensa pertinemment qu'elle n'aurait pas laissé sa fille et sa mère ici.

Il érigea des scénarios plus ou moins tordus dans sa tête quand il se dit que quelque chose lui était vraiment arrivé. Son sang ne fit qu'un tour et il se leva, furibond. Il avança d'un pas décidé en direction de leur chambre. Il ouvrit la commode, dérangea quelques vêtements et sortit une petite boîte. Il saisit le téléphone et appela ses contacts. Dans la panique et le stress qui montaient, il ne remarqua pas la présence derrière lui. L'ombre s'évapora avant même qu'il ne raccroche, aussi vite qu'elle était arrivée.

Il referma ensuite la boîte, la rangea précautionneusement sous ses chemises puis s'affala sur les draps du lit. Il se sentait vide, lessivé et impuissant. Il souhaitait juste entendre sa voix, être rassuré. On dit souvent que la vérité blesse mais l'ignorance est la pire sensation. Tout dépend de l'optimisme ou du pessimisme. En soi, des gens.

Sergio s'imagina tous les scénarios dits "catastrophes". Depuis la mort de son père puis de son frère, ainsi que deux de ses compagnons, il avait changé. Malheureusement, ces expériences ne l'avaient pas endurci face à l'horreur et la tristesse, au contraire, l'avaient fragilisé davantage.

Il ne bougeait plus, il essayait de se répéter qu'il se faisait un film. Il fallait qu'il se distraie un peu. Paula n'avait pas école, alors il passa la journée avec elle, guettant le moindre bruit ou mouvement signalant le retour de Raquel. Rien. A chaque rideau qui, en flottant, se cognait, à chaque craquement du plancher, à chaque voix, il la cherchait les yeux emplis d'espoir, en vain.

Le soleil se coucha alors que la deuxième nuit blanche de Sergio commença. Ses indicateurs n'avaient pas vu Raquel. La petite avait demandé plusieurs fois où était sa mère. Sa grand-mère était partie comme tous les jours faire son petit tour des pâtés de maison et n'allait pas tarder de rentrer. Le professeur chercha une nouvelle fois de l'apaisement dans la danse des vagues au loin.

Soudain, il comprit. Il revit la dernière fois qu'il l'avait vue. Elle revenait en nageant en direction de la plage. Il ne l'avait cependant pas surveillée jusqu'à son retour à la terre ferme. Une pensée insoutenable émergea dans son esprit même si sa raison faisait barrage pour éviter la paranoïa. Il se leva, avança à pas trainants vers l'eau. Celle-ci lui agrippa les pieds avec force. Son regard se posa vers l'horizon. Ses yeux s'imbibèrent rapidement et les larmes coulèrent encore plus. Il chuta sur les genoux et prit sa tête dans ses mains, inconsolable face à un sublime paysage.

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Flashback : Palawan, le lendemain de leurs retrouvailles... (Point de vue Raquel)

- Aller maman, Paula, dépêchez-vous un peu de ranger vos affaires dans les valises. Leur ordonnai-je.

- Mais maman ! Nous sommes arrivées hier, on ne va pas déjà partir. Réagit la petite, les larmes au bord des yeux.

SERQUEL Fanfic / Souvenirs souvenirs ...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant