Chapitre 26

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- VICTOR -

Je n'arrête pas de repenser à la voix frêle et triste d'Esmée, que j'avais appelé un peu plus tôt dans la soirée. Depuis hier, je n'avais pas pu décrocher mes pensées de son visage et de nos discussions, chaque image étaient figées dans ma mémoire. Sa bouche chaude et avenante, sa cambrure contre mon dos, ses muscles qui se relâchent. J'avais sentis, au fil de la soirée, Esmée s'ouvrir comme une fleur, timidement au début, jusqu'à l'éclosion finale vers minuit.
Merveilleuse... tout simplement, je n'avais pas d'autre mots en tête. Nos retrouvailles étaient dignes d'un véritable film romantique, et moi qui habituellement fuyais l'utopie de ces réalisations à petit budget, je devais me rendre à l'évidence... Nous étions en plein dedans!

- admise à 17h, Romy, fillette de 4 ans, a fait une mauvaise chute cet après midi au parc avec ses parents. Elle a eu des vomissements, et se plaint de maux de têtes. A surveiller et peut être vérifier ses réflexes neuro. Qu'en pensez vous Dr Willer ?

La voix de l'infirmière me parvient difficilement, mon cerveau est tellement focalisé sur les rouages de la relation Liam/Esmée, que je n'écoute que d'une oreille les transmissions de la journée.

- Dr Willer ? Tout va bien ?

- oui oui, excusez moi, j'irais voir Romy rapidement après les transmissions, l'ausculter et rassurer ses parents.

Autour de la table où nous nous réunissons chaque jour pour les transmissions, j'aperçois Loren me mater sans aucune gêne. Elle porte un sacré décolleté sous sa blouse, et mordille son stylo. Ses cheveux bruns sont coupés au carré et ses yeux verts sont bien trop maquillés à mon goût!

Putain, elle était vraiment prête à tout celle la! 

Pas de bol Loren, lorsque Blondie était dans les parages, il était carrément impossible de détourner mon attention de son regard gris étincelant.

A la fin de notre petite réunion, je me relève, et me dirige dans le couloir afin de rendre visite à la fillette de 4 ans. Dans mon dos, j'entends les pas précipités de Loren, et son parfum trop sucré se rapprocher péniblement de mes narines.

- Victor, Victor... eh attends moi! Elle me crie.

Je continue ma route vers l'étage inférieur, et récupère au passage le dossier de Romy, que me tend Jody à l'accueil.

- Merci Jody.

D'un mouvement de main, je m'empare du dossier et de ma tablette, et fait mine de ne pas entendre la voix désespérée de Loren. Elle est maintenant à ma hauteur, et marche à mes côtés d'un pas décidé,

- je peux t'accompagner ? J'ai terminé tout mes patients, et ce soir c'est hyper calme aux urgences !

Effectivement, depuis quelques jours, c'était le calme plat aux urgences, mais je savais que tout pouvait changer d'une minute à l'autre. Il suffisait d'un carambolage, d'une mauvaise météo ou d'un mauvais karma pour que tout s'inverse. Cela dit, passer mes prochaines heures à esquiver les avances de Loren, ne me réjouissais guère, mais nous devions faire équipe... je n'avais pas le choix !

- Oui, tu peux. Je lui réponds froidement.

- Oula, ça va pas ce soir ? Tu as l'air complètement à l'Ouest?!

Qu'elle se permette d'émettre son petit jugement à mon sujet, m'agace au plus au point.

Pour qui elle se prend cette conne ?

- Reste concentrer sur ton boulot, plutôt qu'essayer de t'immiscer dans ma vie Loren. Je t'assures que ce sera mieux pour tout le monde.

Ma réponse est cassante et je vois ses sourcils se froncer sur son visage interloqué, pas le temps d'être sympa avec elle et d'y mettre les formes. Loren dépassait vraiment les limites ces derniers temps, je n'étais ni son ami, ni son collègue, j'étais son chef, un point c'est tout. J'avais horreur de devoir m'imposer, et rappeler qui j'étais au sein de l'hôpital, mais Loren ne me laissait plus le choix.

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