Chapitre 21

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- VICTOR -

Le vent s'est radoucit aujourd'hui, et courir au milieu des allées de Central Park me fait le plus grand bien. J'avais passé les deux derniers jours à faire des allers/retours entre l'hôpital et mon loft, et j'allais profiter de cette journée off pour me revigorer. Malgré les urgences à répétitions, les AVC, les tumeurs et les stagiaires, je n'avais qu'Esmée à l'esprit, et il me devenait difficile de rester concentré. Je n'avais droit à aucune erreur, me laisser distraire par nos retrouvailles n'était clairement pas au programme ! Il fallait donc que je m'accoutume, à l'idée de la savoir tout près de moi. Tout près, oui géographiquement, mais a des milliers de kilomètres dans son cœur.

Putain ! Je n'en peux plus de penser à elle !

Sa vision m'obsède, et même lors de mon footing, je ne parviens pas à faire le vide. J'enfonce les écouteurs dans mes oreilles, et pousse le volume d'une musique électronique au Maximum pour me motiver. J'emprunte un petit pont et dépasse le grand terrain de base ball. Il est à peine 9h, et le ciel se charge déjà de gros nuages gris, le mois de Mars débarquait tout juste sur New York, et allait nous ensevelir de ses trombes d'eau. Dans la poche arrière de mon jogging, je sens mon IPhone vibrer.

Ça te dit un petit verre ce soir ?

C'est Stella, une fille rencontré il y a un mois, avec laquelle j'avais pris l'habitude de coucher, évidemment rien de sérieux ! La pauvre était passée aux oubliettes, depuis le retour d'Esmée.

Sortir avec elle m'aiderait sans doute à surmonter mon cahot intérieur, tirer mon coup aussi...

Néanmoins, l'idée d'effleurer d'autres corps, d'embrasser d'autres bouches, me répugnait tout à coup. Si je voulais coûte que coûte récupérer Esmée, j'avais intérêt à être droit dans mes bottes, et à ne pas fourrer ma  queue n'importe où !

Merde, j'ai la mauvaise impression de n'être qu'un salopard qui tente de briser un couple.

D'un autre côté, son chemin avait recroisé le mien sans que je n'y puisse rien, et la laisser s'échapper de nouveau, ça non !
J'avais joué au con pendant 6 ans, sans lui donner aucune nouvelle, sans essayer d'entrer en contact avec elle... Pendant des années, je m'étais persuadé que je n'étais qu'un sombre connard, que cette fille méritait mille fois mieux que moi. J'avais fait passer ma vie et mes choix avant les siens, sans réaliser que j'empiétais sur son avenir aussi, et que le mal était déjà fait !
Lorsqu'un matin de novembre, l'hôpital Bellevue m'a appelé pour me proposer ce poste, j'ai cru durant une seconde que je le refuserais. Pénétrer dans cette ville, fouler les mêmes avenues, respirer la même atmosphère, regarder les mêmes étoiles...
Tant de connexions entre nous, c'était trop. A maintes reprises, j'avais tapé son nom sur Facebook, Google, Instagram et j'en passe. Combien de fois avais-je effleuré, du bout des doigts son numéro, ou l'adresse de son bureau ? Beaucoup trop. Pendant un temps, j'avais même eu l'impression de devenir fou, de virer psychopathe à la recherche de sa proie. Et puis, le temps passe, et enterre un peu plus les souvenirs et tout ce qui va avec. J'ai classé cette affaire sans suite au fond de mon cerveau, et me suis jeté corps et âme dans mon travail. Jusqu'à l'arrivée de ce putain de brancard la semaine dernière. Jusqu'à ce que mes yeux recroisent ses iris perlées.

Pff... qu'elle vie de merde !

Je devance les autres joggeurs, ma respiration se fait plus saccadée, voilà presque 1h que je cours, et pourtant mes pensées sont toujours aussi brouillées. Devant le grand réservoir d'eau, au beau milieu de Central Park, je m'arrête pour reprendre mon souffle les mains appuyées contre mes cuisses. Lorsque je relève la tête, je reconnais sa silhouette au loin. Ses longs cheveux d'or ondulés, gravitent autour de ses joues roses.

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