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Chapitre 16

- ESMÉE -

Février 2018

  Le vent glacial s'engouffre à travers les grandes avenues de Manhattan, vient heurter mon visage de plein fouet et fait voler ma chevelure blonde. Je grelotte de tout mes membres, je ne pense pas avoir vécu un hiver aussi froid depuis mon arrivée à New York. Chaque année, la neige s'invitait dans la ville et me donnait la sensation d'être piégée dans cette saison à jamais. Même si j'affectionnais tout particulièrement cette ville, je restais une fille du sud, une petite Californienne, et j'avais bien du mal à m'habituer à des températures pareilles! Il faut dire que je portais une jupe crayon légèrement courte et fendue, avec des talons aiguilles, une tenue clairement pas adaptée pour un mois de Février dans la grosse pomme !

J'aperçois en levant les yeux les lumières de la One World Trade center se fendre à travers le brouillard, 7h45 s'affiche sur le cadran de ma montre, il fallait que je presse le pas.
Depuis un an, je travaillais en tant que styliste pour le grand magasine de mode Vogue, j'avais au cours de mes stages, rencontrée des personnes très affluentes et réussis à me faire une petite place dans le milieu. Ces dernières années avaient étaient rudes en terme de concurrence, et je ne comptais même plus la montagne de désillusions auxquelles j'avais dû faire face! Mais ma persévérance avait finit par payer...

Un soir d'été, j'étais en train de siroter un Spritz sur un roof top avec Holy et j'avais reçu un coup de téléphone. Le grand patron du Magasine Vogue voulait un entretien avec moi, il avait vu mes créations lors d'un défilé à Brooklyn...
A présent, je me rendais chaque matin dans cette tour interminable et mon bureau tout en verre me permettait d'admirer les oiseaux voler et les avions planer.

Mon IPhone vibre dans mon sac à main, à travers les épaisseurs de mon manteau et ma longue écharpe, je tente de l'attraper désespérément.

- Oui allô ? Esmée Mayer à l'appareil.

- Esmée, j'ai besoin de toi sur un shooting en fin de journée, ma mannequin a visiblement peter un câble sur sa styliste et elle en exige une « compétente »... je cite ses mots!

- Oh bonjour Fiona... très bien ok, communiquez moi l'heure et l'adresse par mail s'il vous plaît.

J'ai à peine le temps de finir ma phrase que cette dernière avait déjà raccroché. Fiona n'était pas la femme la plus loquace qu'il soit, elle était le bras droit du directeur, gérait toute la partie commerciale et se chargeait de recruter les tops modèles. Une bonne partie de la boîte ne pouvait pas la blairer, moi je m'en fichais, du moment qu'elle me traitait bien, je n'avais aucun soucis avec elle.
Je franchis les grandes portes coulissantes à l'entrée du building et plaque mon passe pour déverrouiller l'accès aux ascenseurs, depuis les deux tours jumelles et le nombre d'attentats des dernières années, la sécurité avait été bien renforcée. Les étages défilent sous mes pieds, et je passe en revue dans ma tête le déroulé de ma longue journée qui s'annonce:
- Checker mes mails
- téléphoner aux fournisseurs et aux marques
- voir avec Andrea les tenues pour la soirée de vendredi
- me rendre au fameux shooting.

Bref, un lundi matin comme les autres dans la vie d'Esmée Mayer...

C'est fou comme tout pouvait changer au fil du temps, pourtant je ne me sentais pas différente, au fond de moi, je restais toujours là même jeune fille rêveuse, j'avais seulement pris en assurance et évoluée.
En entrant dans mon bureau, j'ôte mon trench coat et m'installe au creux de mon fauteuil face au financial district qui prend doucement vie devant mes yeux. New York m'avait toujours fasciné, il y avait dans l'air une odeur que je n'avais jamais sentis auparavant, l'odeur de la liberté, de l'avenir et de la réussite m'aurait répondu Holy... Mais Au delà de ça, je sentais qu'ici je vivrais mes plus beaux moments, les briques rouges de soho, les longues avenues de Central Park, les taxis jaunes et les sirènes qui retentissent, je savais que tout ces éléments resteraient à jamais au fond de moi.