Chapitre 23

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- VICTOR -

  Depuis déjà 20 minutes, je m'efforce de me concentrer sur les dizaines de tutus qui sautillent devant mes yeux. Ce qui n'est pas chose aisée, lorsqu'on a à ses côtés Esmée Mayer. Dans sa longue robe de satin, elle est magnifique. Ses long cheveux ondulés retombent en cascade sur ses épaules, et je n'ai qu'une hâte: que l'entracte commence !

Son regard me fuit, pourtant je perçois un léger sourire sur ses lèvres. Je ne peux m'empêcher de jeter un œil dans sa direction de temps en temps, et à chaque fois, je remarque sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration rapide. L'envie de la déshabiller me hante depuis nos retrouvailles, mais ce soir, j'ai particulièrement besoin de sentir son corps et ses formes contre moi. Sa tension est palpable, et depuis mon arrivée, j'avais  immédiatement ressentis sa gêne et sa surprise en me découvrant. Des perles d'émotion s'amassaient au creux de ses yeux gris, sans doute à cause de la beauté du ballet ...
Quoi qu'il en soit, je ne regrettais pas d'avoir accepté ce plan quelque peu douteux ! Holy m'avait persuadé de venir ce soir, j'avais été plutôt retissent au départ, à l'idée de m'immiscer dans le mariage d'Esmée. Mais lorsqu'Holy m'avait énuméré les dizaines d'anecdotes au sujet de l'impitoyable Liam, j'avais senti ma cape de Super Victor flotter derrière moi. Même si je ne l'avais jamais apprécié, c'était à présent devenu une évidence, il était hors de question qu'elle lui dise « Oui », Esmée me reviendrait tôt ou tard!

Pour la millième fois, je me retourne vers elle, et intercepte le regard d'un vieux degueulasse plongé dans son décolleté.

C'est qui ce gros porc encore ?

Je me penche un peu plus vers elle, et glisse ma main entre ses doigts, elle sursaute a ce contact, je ressers alors mon étreinte.

- J'ai pas envie que le gros obscène derrière se rince l'œil! Je lui murmure à l'oreille.

Je vois son corps se relâcher, et elle étouffe un petit rire.

- J'attire toujours ce genre de mecs... je comprends pas !

Oui bien sûr Esmée... Si elle savait comment elle me rend dingue, et comment elle doit attirer la moitié de Manhattan !

- Je te rassure, tu m'attires toujours autant.

Dans un chuchotement à peine audible, je lui balance cet « aveu », l'air de rien, le sourire aux lèvres, et continue de suivre le spectacle qui me paraît interminable.
Puis, sans que je m'y attende, je sens notre accoudoir se relever, et son corps doux et chaux se blottir timidement contre mon torse.
Dans mon âme, un véritable feu d'artifice éclate, et me transcende d'hormones; ocytosine, endorphine, dopamine, je crois qu'elles sont toutes là ! Naturellement, je viens l'encercler de mon bras gauche pour m'imprégner une fois de plus de son énergie, et de sa légèreté. Esmée n'était pas le genre de femme à se laisser aller facilement, avant qu'elle ne baisse sa garde avec moi, j'avais dû ruser plus d'une fois. Et pourtant, ce soir, j'éprouvais dans ses caresses, une connivence, une confiance presque aveugle.

  Des flûtes traversières entament, je l'espère, un dernier morceau avant la pause. Holy déboule encore et toujours en rond autour de ce type en collant gris... Et sérieusement, même si je trouvais ce fichu ballet sympa au départ, Holy avait finalement réussit à me donner le tournis !
Les rideaux se referment lentement, et les lumières jaillissent peu à peu, l'immense salle de théâtre prend vie face à nous. Esmée se redresse dans son fauteuil et s'éloigne de moi. Je me lève le premier, me tourne vers elle toujours assise. Comme d'habitude elle farfouille dans son mini sac à main, à la recherche de je ne sais quoi...

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