Chapitre 28

79 3 0
                                    

- ESMÉE -

Accoudée contre la vitre de la voiture, je laisse mes pensées vagabonder au gré des paysages maritimes. Les deux mains de Liam sont accrochées au volant, et il règne un silence religieux dans la voiture. Ces dix derniers jours avaient été éreintant et intenses. Après deux journées, où j'avais catégoriquement refusée d'adresser la parole à Liam, j'avais dû l'affronter un soir en rentrant du travail. Il m'attendait au pied de notre duplex, chargé d'un énorme bouquet de roses rouges. Je n'avais pas eu la force de le repousser, ni de lui dire que je préférais les pivoines... S'en était suivit d'innombrables excuses, et de longues conversations bourrées de non dits et de reproches. J'avais finalement décidé de lui accorder une dernière chance de se racheter, et depuis, j'étais agréablement surprise par tous les efforts dont Liam faisait preuve.

Néanmoins, j'avais été contrainte de renoncer à Victor, et c'est tristement que j'étais passée en mode « Silence radio » depuis la nuit que nous avions partagé dans son lit. Laisser une ultime chance à mon futur mariage, avait été la seule raison que je lui avais fournit. Pourtant, malgré toute la gentillesse de Liam, ses cadeaux et ses sacrifices, mon cerveau me ramenait sans cesse vers Victor et nos souvenirs...
Je ne sais pas si prendre mes distances avec Victor était la solution, car chaque soir avant de trouver le sommeil, mes pensées s'envolaient indéniablement vers sa voix, son corps et son odeur. Un long travail sur moi-même allait devoir commencer...

La côte atlantique et sauvage, me donne une sensation de liberté, de somptueuses demeures défilent sous nos yeux, d'après Waze, nous ne sommes plus qu'à quelques kilomètres de notre arrivée. Même si je suis ravie de retrouver ma mère, mon beau père et la famille Willer, je ne parviens pas à éradiquer la boule de stress logée au fond de ma gorge. Je n'avais pas revu Amanda depuis des années, et j'avais peur que notre amitié ait totalement disparue. D'autant plus, que je n'avais pas réussis à joindre Victor avant de partir, qu'arriverait il s'il était là lui aussi ?

Je passerais deux jours extrêmement gênée et rongée par la culpabilité!

- À quoi tu penses ma puce ?

La main de Liam se pose sur mon jean et il presse ma cuisse entre ses doigts. Ce contact physique, vient tendre instantanément,  chacun de mes muscles. L'hématome qui recouvrait encore mon poignée il y a une semaine, se résorbe peu à peu. Lorsque je l'avais accusé, il m'avait certifié qu'il n'y était pour rien. Or, j'avais maintenant la certitude que c'était bien lui, les images de notre dispute dans sa cage d'escaliers, n'avaient cessés de passer en boucle dans ma tête. Intérieurement, je lui avais pardonné, mettant sa violence sur le compte de son surmenage au travail.

- Rien, je suis heureuse de revoir tout le monde. Je lui réponds.

Le moteur de sa BMW s'arrête face à une immense Villa en bois blanc, les volets sont bleus marines et une grande pelouse verte se dresse devant la maison. Un petit portillon rejoint le jardin, offrant un accès privé sur la plage. En claquant ma portière, mes pieds atterrissent sur le sable, l'odeur des embruns pénètre mes narines, et le vent fait voleter ma chevelure dans tout les sens. Pour un début d'avril, le temps est au rendez-vous, et les températures sont très douces. Je porte un jean droit brut avec un sweat blanc et des converses blanches, nul besoin de s'habiller plus pour un week end en bord de mer!

A travers le portail, j'aperçois au loin ma mère et Scott, puis Rachel et Wells les parents de Victor, ils sont visiblement en train d'installer le barbecue. Enfin, je reconnais rapidement la petite silhouette fine d'Amanda sur le perron, suivit de Ce qui me semble être Jimmy son petit ami. Même de loin, je constate qu'Amanda n'a pas changé, elle arbore toujours cette confiance en elle et son grand sourire illumine encore son visage. Les voir tous réunis ici, devant moi, me réchauffe le cœur. Trop occupée à rejoindre tout le monde, je laisse Liam décharger le coffre de la voiture. A peine le portail franchis, Amanda s'élance vers moi pour se jeter dans mes bras, sa légendaire queue de cheval venant me fouetter les joues. L'espace de quelques secondes, j'ai le sentiment de remonter le temps, j'ai de nouveau 16 ans, et nous n'avons jamais quittées Milpitas.

Pour te retrouver ( terminer et dispo en ligne ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant