Chapitre 1

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Le lendemain de l'attaque du SCA, je suis arrivée au lycée très tôt le matin, et j'avais même attendu un moment devant les grilles fermées avant de pouvoir entrer. Ma nuit avait été très courte, comme pour beaucoup d'élèves de la classe, j'imagine. Et pour les professeurs, surtout.

Depuis mon confortable lit, j'avais repassé cette terrible journée dans ma tête, en corrigeant une à une mes erreurs, pour m'imaginer faire tout ce que j'aurais pu faire et que je n'avais pas fait.

Saisir des occasions que je n'avais pas pensé à saisir sur l'instant.

Rien qu'à ces idées, l'adrénaline, m'était montée à la tête, comme-ci le combat n'était pas terminé. Et ça m'avais empêché, encore une fois, de dormir.

Comme pour l'examen d'entrée au lycée, comme pour mon stage découverte au poste de police de mon quartier ; les exposés où je me rendais compte, après-coup, avoir oublié de parler du détail qui changeait tout ; mes années collège où je n'avais pas su engager la conversation avec le garçon qui me plaisait... C'était toujours après-coup que l'anxiété me gagnait.

Moi qui me ventais de ne pas stresser avant les examens, je finissais toujours par me prendre le retour de bâton.

Notre professeur principal, Monsieur Aizawa, ou Eraser-Head le héros effaceur d'alter, était absent aujourd'hui. Et le sera pour encore un moment.

Il avait été gravement blessé la veille, en nous protégeant seul des assaillants.

Et rien que formuler cette pensée dans ma tête me semblait surréaliste, alors que je arpentais les couloirs encore vide du lycée.

Il n'y avait donc personne dans la salle de classe des secondes A.

Et même s'il pouvait parfois être oppressant, sa présence s'oubliait facilement, sans pour autant s'effacer totalement et c'était à la fois calme et rassurant.

En dehors de l'école, j'étais incapable de me concentrer plus de cinq minutes sur mes devoirs. Alors, au tout début de l'année, j'avais demandé au professeur Aizawa si je pouvais venir étudier avant le début des cours, il m'avait répondu très sèchement : « Je te préviens, interdiction de poser des questions sur le devoir, je ne suis pas ici pour faire des heures supp' », « interdiction de marmonner, d'éternuer, de renifler, ou de respirer fort », « je ne veux même pas entendre le bruit de ton stylo ».

J'avais du remplacer mon stylo, mais il y avait plus à y gagner qu'à y perdre, puisque pour une heure de moins de sommeil, je n'avais plus rien à faire une fois les cours terminés.

Je ne me voyais pas rester seule dans la classe, et finalement, je suis allée trouver un banc dans le parc à l'Est du bâtiment, sous quelques cerisiers bourgeonnants, et surtout ni trop loin d'un distributeur de boissons et ni trop loin des toilettes.

Je me suis dépêchée de finir les exercices de maths et d'anglais, et pouvoir écouter un peu de musique en attendant le début des cours.

Mais une demi-heure avant la sonnerie de huit heures trente, j'ai pris la route de la salle de classe, les courants d'air frais qui se glissaient  sous ma jupe avait eu raison de ma tranquillité.

Avant de mettre un pas dans le couloir, je suis m'arrêtée devant le miroir gigantesque à l'entrée de celui-ci. Juste derrière mon reflet, je pouvais lire « TU FAIS FACE A UN FUTUR HÉRO !! ». En énorme lettre jaune. Et on pouvait facilement s'imaginer All Might prononcer cette phrase à chaque fois qu'on se regardait dans le miroir, comme dans ces spots télévisés qui rythmaient mon petit déjeuné.

J'attache mes cheveux noir et volumineux en queue-de-cheval haute. Quelques mèches luisantes encadraient mon visage encore rond, et avec ma courte frange, je ressemblais plus encore à une poupée de porcelaine.

Victoire TotaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant