Je n'aimais pas spécialement jouer les imbéciles, mais aujourd'hui je le faisais vraiment très mal.
Les jambes en coton, je ne savais pas où j'avais trouvé la force de refaire le chemin inverse jusqu'à Mina.
« C'était qui ? » M'avait-elle demandé tout bas.
Depuis l'autre bout de la salle, elle n'avait pas pu voir avec qui j'avais discuté.
Je me suis laissé tomber lourdement sur ma chaise, en soupirant.
« Ne me dis pas que c'était... ! », s'était-elle exclamée avant d'étouffer son chuchotement.
Mon silence avait parlé pour moi, et je ne réfléchissais qu'à une chose : le comportement à adopter pour tuer dans l'œuf tout malentendu.
« Si ?! C'est encore le destin qui te fait signe » avait-t-elle insisté mon amie rose.
Finalement, ce n'était que cinq minutes avant la sonnerie, que le fils de la voisine avait rejoint sa place, après avoir attendu, je ne savais combien de temps dans le couloir.
L'inconvénient d'être assis au premier rang a, pour moi, toujours été de se sentir complètement à découvert. De ne pas pouvoir voir les regards posés sur soi, de se torturer à les imaginer. Et lorsqu'on se retourne, tout le monde le remarque. Et après ce qui s'était passé ce matin, je n'avais pas spécialement envie de me faire remarquer, surtout que je pouvais maintenant conclure que certains élèves de la classe m'avaient à l'œil, à commencer par Mina, sans doute Kirishima. Et je me laissais même croire que tout leur groupe était au courant jusqu'à—et sans faire de jeu de mots sur son alter d'électricité—Denki Kaminari qui ne s'entendait que trop bien avec ce vicieux de Mineta.
Ses pensées parasitèrent ma matinée. Mais je me suis vite trouvé un autre sujet d'inquiétude, à savoir, trouver un moment pour parler de cette histoire de formation à mes professeurs.
J'aurais bien aimé débarquer directement dans le bureau du principale Nezu, durant la pause, et en discuter quelques minutes. Mais celui-ci était occupé à orchestrer les préparations du championnat sportif.
« Le directeur Nezu n'est pas présent dans l'établissement ce matin », m'avait indiqué le robot de ménage devant la porte démesurément grande de son bureau.
Les couloirs étaient si encombrés, que j'avais dû sortir du bâtiment pour taper un sprint autour pour arriver dans la salle avant la fin de la pause.
J'ai cru rêver lorsque les cris d'encouragements de mes camarades sont parvenus jusqu'à mes oreilles, scandés depuis les fenêtres grandes ouvertes de la salle de classe.
« C'est pas cool, je m'étais plainte en passant la porte, rouge d'effort et de honte.
- T'as traversé la cour comme une fusée ! Ça aurait été dommage de ne pas t'encourager » me dit Mina.
Je lui lance un sourire plain de doutes, réprimant des suées et décollant avec peine les mèches de cheveux de mon visage humide.
« Tu cours vachement, vite, t'arrives d'où comme... » me fait remarquer Kirishima avant d'être interrompu par Kaminari, qui en profite pour lancer une pique à « l'esprit viril » si cher au cœur de son camarade aux cheveux rouge.
« Ouai grave ! Comme un homme !! » lance-t-il avec un sourire d'imbécile heureux.
Et pile au moment où je me suis assise, le brouhaha dans la classe s'est dissipé. Cementos le héros constructeur venait d'entrer dans la salle pour commencer le cours de littérature moderne.
Mon ventre a commencé à gargouiller bien avant la sonnerie de midi, et c'est l'estomac tordu par la faim que je suis allée déposer un mot à transmettre au principal. C'est étonnés de me voir arriver à cette heure-ci à leurs bureaux que les professeurs m'ont accueillie.
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Victoire Totale
FanfictionPuisqu'il faut bien commencer quelque part, je commencerai par ce qui m'a poussée à faire le récit de ma vie. Aujourd'hui, et pour la première fois de toute ma courte existence de lycéenne, j'ai entrevue la mort. Au total, j'ai encaissé un choc, qui...