« Ne dit rien à ta mère » m'a dit mon père tout de suite après l'appel de l'agent Manabe. « Et reste concentrée sur tes études, je m'occupe du reste. »Il m'a dit de faire comme-ci je n'avais rien entendu, garder le silence, parce qu'il a un temps pour chaque chose. Qu'il fallait que j'apprenne à tenir ma famille à l'écart de mon travail. Et surtout, que ma maman le comprend , et qu'elle ne m'en voudra pas. Peu importe ce que j'ai compris de l'échange téléphonique.
Et mon père m'a donné l'exemple avec tellement de naturel, samedi soir, lorsqu'il a accueilli les voisins avec le sourire, que je me suis rendu compte qu'il avait toujours été comme ça, finalement, et que tout c'était bien passé jusque-là.
Alors que la nouvelle m'a fait l'effet d'un seau d'eau glacée versé sur ma tête, mon père, lui, avait été comme d'habitude.
J'avais tout de même ressenti un malaise.
Du moins, au début de la soirée.Mais après quelques minutes, je me suis laissée porter par les conversations. Il s'était passé tout en tas de choses intéressantes durant la semaine. A commencer pas le championnat sportif de U.A., que Katsuki avait remporté haut la main.
Et il y avait eu l'annonce de l'exposition de ma mère, le début de la nouvelle saison de volley, mes premiers jours à l'école de police de Musutafu... De quoi pouvoir relancer les bavardages sans vraiment y réfléchir, et écouter pour m'empêcher de penser.
Penser, à l'affaire Akoto.
Pourtant, durant les quelques inévitables secondes de flottement, les derniers souvenirs que de ma grand-mère me revenaient à l'esprit. Ou lorsque je croisais le regard de ma mère. Sous son sourire, peut-être qu'elle aussi pense encore à sa mère, lorsqu'elle se retrouve seule durant ses longues journées dans son atelier.
Je suis sûre qu'elle n'a jamais arrêté de penser-même si elle n'en parle plus-de croire que rien de ce qui s'est passé n'est un accident. Que quelqu'un n'a pas assumé ses responsabilités dans cette histoire.
Ou peut-être qu'elle commence tout juste à oublier. C'est peut-être pour cette raison que mon père veut préserver son ignorance.
Elle m'a bien dit que j'allais commencer à lui cacher des choses...« T'as l'air ailleurs, m'avait fait remarquer Katsuki d'une voix tranchante, alors qu'il marchait à peine à quelques pas devant moi.
- Et toi, t'as l'air de mauvaise humeur, je lui avait répondu en le rattrapant avec de rapides enjambées ».
J'avais dû me contenter d'un regard en biais, qui n'avait fait que confirmer ce que je pensais déjà.
« T'occupe » avait-il finalement fait.
Alors qu'on s'éloignait toujours plus des quartiers animés de Musutafu, il n'avait pas répondu lorsque je lui avais demandé où nous allions.
Les rues étaient devenues plus étroites, et l'éclairage public, plus ancien, diffusait une lumière ocre crépusculaire. Et l'architecture normée des nouveaux quartiers s'étaient peu à peu transformés en petites maisons traditionnelles, avec des formes et des couleurs variées.
Je m'étais dit que le quartier avait un certain charme, le même que celui que je peux trouver aux vieilles photos de leur jeunesse, que mes grands-parents gardent précieusement dans des albums scellés.
« Tu verras bien » m'avait-il répondu, en prenant la longue et mince allée à sa gauche, et je n'avais pas insisté.
Je n'avais plus aucun doute, Katsuki Bakugo a des passe-temps bizarres. Moi qui me demandais ce qu'il pouvait bien faire de son temps-libre, j'avais pu me faire une idée de la réponse.
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Victoire Totale
FanfictionPuisqu'il faut bien commencer quelque part, je commencerai par ce qui m'a poussée à faire le récit de ma vie. Aujourd'hui, et pour la première fois de toute ma courte existence de lycéenne, j'ai entrevue la mort. Au total, j'ai encaissé un choc, qui...