Chapitre 9

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Toute la soirée, je m'étais répétée que ça n'avait peut-être pas autant d'importance que je m'imaginais que ça en avait. Parce que finalement, le fils de la voisine avait toujours été excessivement contrarié pour tout et n'importe quoi, et que le mieux à faire était de l'éviter.

C'était ce que tout le monde me disait. « Il a un un sacré caractère » m'avait dit Izuku Midoriya à la rentrée. « Ne le prend pas pour toi ».

Pourtant, je voulais que ça ait plus d'importance que ça.

Je voulais croire que je pouvais contrarier à ce point Katsuki Bakugo. Au point qu'il en vienne à fuir de lui-même la confrontation.

Ce n'est pas dans ses habitudes, à lui qui ne s'arrête que lorsqu'il est satisfait.

Il n'avait pas répondu à mon message. Mais pour dormir l'esprit reposé, je pouvais me contenter d'un « vu », au moins pour cette fois.



« Non, j'l'ai pas lu ton pavé. Me dit-il le lendemain. Je l'ai juste ouvert par accident.

- D'accord, alors laisse-moi quelques secondes pour te le résumer », j'essaie de l'arrêter alors qu'il sort des vestiaires.

Il passe son sac par-dessus son épaule et continu d'avancer, m'obligeant à marcher à reculons, toujours plus vite.

« Non, c'est pas la peine, dit-il en pressant le pas.

- Alors tu l'as lu, j'en conclu. T'écoutes déjà aux portes, je suis sûre que tu n'as pas pu t'empêcher de le lire. »

Il s'arrête soudain, surpris, et je pourrais jurer que le bout de ses oreilles n'étaient pas aussi rouges il y a cinq minutes.

« Et toi, t'as l'habitude d'être aussi insistante avec les mecs ? Me demande-t-il.

- Ce n'est pas une habitude, non, je lui dis. Et t'es le seul de nous deux que ça met mal à l'aise » je remarque, taquine, avant de tourner les talons.

Je n'avais pas dissimulé un sourire victorieux, maintenant persuadée qu'il n'avait pas juste ouvert par accident le message. S'il l'avait lu, alors on pouvait repartir sur de bonnes bases, et oublier le petit malentendu d'hier. Je m'imaginais même pouvoir en reparler à l'occasion, plus sereinement.

La sonnerie retentie au moment où nous allions sortir du bâtiment, et nous avions pris de l'avance sur nos camarades. Je ne m'étais jamais changée aussi vite après un cours de sport, et même si j'étais déjà la première à attendre mes camarades depuis le début de l'année, je m'étais surpassée aujourd'hui pour pouvoir intercepter Katsuki avant qu'il ne se volatilise comme la veille.

« Du coup, t'as signé ? Me demande-t-il au bout de quelques minutes de marche.

- Oui, je lui réponds. Ce week-end, on pourra fêter ça en même temps que ta victoire au championnat », j'ajoute pour espérer faire disparaître l'air préoccupé du visage de mon camarade.

Il laisse échapper un sourire, que j'aperçois tout juste avant, qu'il n'empreinte l'escalator.

« Tu préfères pas encourager tes potes ? Dit-il, railleur.

- Si, absolument » je lui réponds, spontanément.

Il relève des yeux interrogateurs vers moi, avant de lâcher un : « J'ai pas besoin de tes encouragements.

- Ce n'était pas vraiment des encouragements de toute façon, je lui rétorque en passant devant lui. Mais si t'y tiens, alors je retire ce que j'ai dit.

- Trop tard pour ça, ce qui est dit, est dit, fit-il finalement. Du coup, tu t'amènes ce week-end.

- C'est l'occasion de te rendre la pareille pour la glace de la semaine dernière, je lui dis avec un sourire qui ne quittait plus mon visage.

Victoire TotaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant