Presence - T1 : I'm Here

21.

27 DÉCEMBRE 2020

Refuge, New Haven, Connecticut

Ainsi, Asphodel se cache encore et toujours derrière son misérable humain.

L'entité sourit. Un long sourire qui fait frisonner Willson. Phoebe cesse de soigner Tobi pour dégainer Diaphane.

— Est-ce toi, Erebe ? grince-t-elle.

L'interrogé tourne sa tête vers elle.

Tu as bien grandi Phoebe. Je vois que mon digne serviteur, Zetir, ne t'a jamais fait défaut.

— Comment fais-tu pour parler dans nos têtes ? enchaîne-t-elle.

Un instant de silence et d'immobilité. Willson, encore sous le choc, ne détache pas des yeux Eva. Celle-ci a le regard voilé, comme en transe.

J'ai fusionné avec mon hôte humain, voyons. C'est pourquoi j'ai pu échapper à la surveillance de ODE.

Le sourire d'Erebe s'allonge, carnassier.

Vous avez cru si facilement à sa mort ! C'en était hilarant !

Willson retient son souffle. Toutes les pièces du puzzle étaient presque présentes. Il voyait maintenant les grandes lignes se dessiner sous ses yeux.

— Attendez... Eva était l'ancienne gardienne numéro deux ? s'exclame-t-il.

— Comment tu as fait pour nous berner ? interroge Phoebe. On a tout vérifié ce jour-là ; son rythme cardiaque, son souffle, sa température corporelle. Et tout ce sang ! Tout indiquait qu'elle était morte !

Je vais vous donner un indice : une fois fusionné, un hôte ne meurt que lorsque toute son énergie est épuisée. Le reste n'importe plus à sa survie.

Willson fronce des sourcils. Sa main glisse doucement jusqu'à Ellipse, dissimulée derrière les pans de sa veste.

— Tu décris un être immortel, rétorque-t-il à l'entité.

Erebe reporte alors son attention sur mon protégé. Son sourire disparaît et un air soucieux se peint sur sa face tourbillonnante.

Je ne comprends toujours pas pourquoi il t'a choisi. Tu étais faible, sans attrait. Tu aurais dû mourir. Mais Asphodel t'a sauvé.

— Il s'appelle Skyler, réplique Willson. Et il ne m'a pas choisi comme hôte. Il s'est dévoué pour me donner une chance de vivre. Contrairement à toi, c'est un être bon et juste.

C'est là où tu as tort, mon cher ami. Asphodel n'est pas bon et encore moins juste.

Et avant qu'il n'ait pu dégainer Ellipse, Eva le propulse d'un geste de la main contre le mur du parking. La brique se fend sous l'impact, accompagnée des craquements des os de Willson. Un râle s'échappe de sa gorge, mais il résiste contre la souffrance.

Tu devrais mieux éviter tout geste brusque, ricane Erebe. Mon hôte semble être terriblement en colère contre toi.

Willson tousse et se décolle lentement du creux qu'a causé son atterrissage contre le mur. Du sang tombe en gerbe sur ses mains. Sa vision, floue et noircie par la douleur, semble s'éteindre par intermittence.

Tu es si faible. Je ne comprends même pas pourquoi mon hôte s'est tant acharné pour te faire basculer dans notre camp. Tu nous es d'aucune utilité.

L'entité se détache entièrement d'Eva et s'élance vers mon protégé. Démuni et impuissant, je ne peux qu'assister à la torture de Willson.

Erebe prend entre ses doigts le menton de ce dernier et soulève son visage vers lui. Comment peut-il le toucher ? Comment peut-il être matériel ? Son corps est comme recouvert d'une huile noire. Les reliefs se précisent, sa figure prend forme.