Shin

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PDV MOON :

Alors il me déteste, hein ? Moi qui pensais qu'on s'était un petit peu, rien que ça, rapprochés. Quelle idiote je suis.
Je ruminais toujours ces mêmes mots, au sommet du Mont Lanakila. Je voulais voir le paysage de là-haut depuis longtemps. Mais... pas seule.
J'avais finalement changé d'avis.
J'avais besoin d'être seule, au calme. Là où ni les mots, ni les souvenirs, ni l'inquiétude ne pouvaient m'atteindre. Là où Gladio ne pouvait pas m'atteindre.
« JE LA DÉTESTE ! »
Des larmes coulaient sur mes joues. Ma poitrine me faisait mal, et je peinais à respirer convenablement. J'avais froid, et faim. Mais...
Tout va bien, j'ai l'habitude de ces sensations.
Après tout, j'avais déjà tenu des jours sans manger et à dormir dehors. Où était le problème ?
Je pris un caillou blanc dans mes mains, me mis sur la pointe des pieds et m'agrippais à la barrière, puis le lançai loin, très loin, emportant avec lui ma force mentale restante.
Que vais-je faire ? Rentrer, et tâcher d'éviter Gladio ? Ou vais-je le confronter ?
Tout mon corps criait pour la première option. Mais mon coeur et mon esprit ne semblaient pas spécialement en bon terme.
Je reste ici. Juste un petit peu plus...
J'entendis un bruit se rapprocher. Je l'ignorais, pensant que c'était un Pokemon vivant à cet endroit, jusqu'à ce qu'une voix familière étouffée parvienne à mes oreilles.
Gladio.
Gladio : Moon ?

Je me retournai tout doucement, et cachai mon visage entre mes mains. J'avais encore plus mal à la poitrine, mais je séchais mes larmes pour ne pas qu'il les voie.
- Va-t-en. Je vais bien, alors tu n'es pas obligé de t'infliger la corvée d'aller me chercher. Je suis grande, je peux me débrouiller sans toi.

Je me retournai de nouveau, dos à lui. Je lâchai un soupir profond, admirant la buée.
Les pas se rapprochèrent de moi, et je sentis quelque chose de chaud s'inviter sur mon dos, mes épaules. Un parfum vint se loger dans mes narines.
Je tournai la tête vers lui, qui me regardait sérieusement. Sa veste était posée sur moi.
Gladio : Je...

Il semblait chercher ses mots, perdu.
... que veut-il ?
Gladio : Je suis désolé.

Il détournait ses yeux émeraudes de moi, comme s'il était mal- à l'aise.
- Tu n'es pas obligé de t'excuser pour me faire plaisir. Tu me détestes après tout. Tu n'avais pas à te donner cette peine.

Mon ton était sec, plus que je ne le voulais.
Gladio : C'était un mensonge.

J'hoquetai de surprise, puis revint loger mes yeux sans les siens. La veste m'avait réchauffée, et mon coeur tambourinait, contre mon gré.
- Pardon...?
Gladio : Je ne te déteste pas.
- Alors... pourquoi tu...
Gladio : Je n'ai aucune excuse à te donner, je ne sais pas pourquoi je l'ai dit. Ce que je sais, c'est que je ne le pensais pas.

Ses joues avaient une teinte rosée, mais je ne savais pas si c'était de gêne ou non.
Je savais qu'au fond je l'avais déjà pardonné.
Mais je refusais de le laisser s'en tirer à si bon compte.
- Crétin. Imbécile. Abruti. Andouille. Gros bêta. Humain stupide. Sale cruche. Cornichon pourri. Rattata à la noadkoko.
Gladio : Tu comptes me traiter de tous les synonymes d'idiot ou tu as fini ? Parce que je le sais très bien que j'en suis un, je l'avais compris.
- Pas assez visiblement.
Gladio : Tu ne crois pas en ma bonne foi ? Pour une fois que je m'excuse, fais au moins semblant d'être contente.
- « Oh, chère seigneur Moon, veuillez pardonner ma stupidité sans fin et accepter mes plus plates excuses pour ce mensonge qui vous a fait tant de peine ». Dis ça et je m'inclinerais peut-être.
Gladio : Dans tes rêves, la naine.
- Je ne suis pas naine, c'est toi qui es trop grand.

Un silence s'installa soudain. Je ne savais pas quoi dire. Ce fut Gladio qui rompit ce silence.
Gladio : Dis. Pourquoi avais-tu pleuré, chez Euphorbe ?
- Comment tu...
Gladio : Sun s'en est rendu compte et je me suis encore fait crier dessus.
- Il faudra que je lui crie dessus, aussi.

Dois-je lui dire ? Ou garder certains détails pour moi ?
J'optais pour cela, ne voulant pas lui mentir. Je ne voulais pas tout lui révéler tout de même... il serait dégoûté de moi, comme tous les autres. Ou il aurait pitié. Et... je ne voulais pas qu il aie cette image de fille faible de moi.
- Autrefois, dans mon monde, j'avais un grand-frère. Il avait quatre ans de plus que moi et neuf ans de plus que mon petit frère. On se chamaillait tout le temps, et on sortait en douce dès qu'on pouvait. Aujourd'hui, j'ai douze ans.
L'année dernière, il est mort. Il s'appelait Shin. Shin Séléné.
À l'époque, quand les autres m'embêtaient pour diverses raisons, il séchait les cours et venait me voir pour me consoler. Quand mon corps était couvert de bleus, il me soignait, même si c'était au beau milieu de la nuit. Quand j'avais faim, il m'achetait à manger même s'il manquait d'argent. Je l'aimais énormément.
Il aidait aussi mon petit-frère, Kyle. Mais lui, je ne sais pas si il est encore vivant.

En même temps que je contais cette histoire, je retenais mes larmes salées de couler. Encore. Je revoyais encore la scène quand j'avais découvert son cadavre.
- Il était allongé sur le dos, un de ses yeux était gisant de sang. Son corps était à moitié nu, et il avait des bleus et des plaies partout. Il respirait de moins en moins vite. Ses cheveux étaient mal rasés, lui qui aimait tant sa chevelure brune. Il avait toutes les filles qu'il voulait à ses pieds, et en aimait passionnément une. Sa mâchoire était difforme. Il saignait abondamment. Avant de mourir, il m'a juste dit « vis et sois heureuse ». Mais... est-ce que je le mérite ? La question était là. L'autopsie avait révélé qu'il avait été torturé et violé.

Gladio m'écoutait attentivement, sans me couper la parole. La surprise trahissait son beau visage et ses yeux verts.
Gladio : Qui peut bien être horrible à ce point...?
- ... le coupable a été jugé innocent. Je n'avais pas le droit de témoigner.

Les larmes avaient encore fini par couler. Je ne savais plus quoi dire, les images resurgissaient toutes une par une.
Des bras chauds m'entouraient par derrière, un souffle se sentait dans ma nuque. Mes yeux me brûlaient d'avoir tant pleuré.
Gladio : Dis pas que t'as pas le droit d'être heureuse. Parce que si, tu en as le droit.

Ce fut à mon tour d'être surprise.
Gladio : Ce garçon à tes côtés quand tu avais chanté. C'était Shin ? Ou Kyle ?
-... oui. C'était Shin.

Il avait l'air d'avoir résolu une part du mystère. Il me serra d'autant plus fort, avant de me murmurer.
Gladio : Moon. Je t'aime. Tu as ta place ici. Même si le monde entier est contre toi, dis toi qu'une « sale cruche » t'aime quand même.

Une machine se referma sur moi, poussant Gladio loin de moi, ne me laissant pas lui répondre. Je criais et me débattais, quand j'entendis une voix masculine.
? : Comme c'est mignon, petit Prince. Tellement obsédé par une gamine qu'il en est incapable de protéger sa petite soeur... et la gamine !
Gladio : Saubhone ! Lâche-la ! Immédiatement.

Le dénommé Saubhone ricana doucement.
Saubhone : Madame t'avait prévenu, jeune prince. « Tu le regretteras amèrement »... ce n'était pas des paroles en l'air.

Guzma arriva derrière en courant.
Gladio : Tu étais au courant ? Tu L'AS AIDÉ ?

Il criait de fureur.
Guzma : Non, je suis venu te prévenir ! Tu réponds plus à mes messages, je t'ai cherché ! Ils veulent Moon, et ils ont Cosmog !
Gladio : Saubhone... QUE VEUX-TU LUI FAIRE ? QU'EST-IL ARRIVÉ A MA SOEUR ?
Saubhone : Juste une petite expérience. Tu devrais lui dire adieu, tu ne la reverras jamais. Ta soeur ? Elle va bien... elle est bâillonnée au Paradis Æther, en très bonne compagnie... votre Mère !

Il ricana, avant de s'agripper à son Pokemon qui nous emmena dans les airs. J'avais beau crier, il était trop loin :
Je m'évanouis, prise d'un vertige.

MOUHAHAHAHAHAH je sais je suis vraiment méchante.
J'espère que ce chapitre dans lequel l'identité de Shin et de Kyle sont révélées.
Bisouuus 😘😘

Le Monde dont tu viens { Moon X Gladio }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant